Pays : Royaume-Uni
Année : 2017
Casting : Alex Sharp, Elle Fanning, Nicole Kidman, …

Adapter Neil Gaiman sur grand écran a toujours donné des œuvres particulières, et John Cameron Mitchell le prouve à nouveau avec son dernier film.

1977 : trois jeunes punks se retrouvent dans une soirée excentrique. L’un d’entre eux, Enn, tombe alors sous le charme de Zan, magnifique jeune femme qui expliquera la nature étrange de l’événement…

S’il y a quelque chose qui fonctionne dans les écrits de Gaiman, c’est l’empathie éprouvée pour ses protagonistes, qu’importe la manière dont il se réapproprie les codes littéraires qu’il adapte. Il y a, dans chacun de ses récits, un cœur qui bat et accroche son public. C’est bien la plus grande qualité de ce « How to talk to girls at parties » : malgré la nature excentrique de l’histoire et de son évolution, il est difficile de ne pas tomber amoureux de ses personnages au vu de la sincérité ambiante et de cette folie incontrôlable qui émane tout au long du long-métrage. Le charisme étincelant d’Alex Sharp et Elle Fanning fait de leur romance quelque chose de doux et touchant, et ce en dépit de quelques pointes humoristiques particulières. Cela nous rappelle à nos propres déboires amoureux et ces moments d’exaltation romanesque qui nous ont tellement transcendés que leur souvenir ne peut se faire qu’avec un sourire ému.

Cette douceur unique se retrouve également dans son regard vers cette jeunesse désemparée face à des adultes au pouvoir d’influence puissant et qui se jouent de la future génération sans envisager les conséquences pour celle-ci. Les parallèles politiques entre les géniteurs de Zan et la période historique du récit apportent ainsi une profondeur non négligeable questionnant les répercussions des décisions actuelles sur nos descendants, là où ceux-ci n’ont aucunement leur voix dans le choix. Pourtant, c’est en confrontant deux générations que l’on se retrouve vers une tournure active plus collective et mieux agencée pour chaque parti.

John Cameron Mitchell arrive alors à capter toute l’ambivalence de son histoire, aussi bien ses saillies les plus « autres » que celles plus intimes avec une même folie que celle dégagée par son film. Il transforme une chanson en véritable orgasme émotionnel et offre un final aussi sublime et bouleversant que ses scènes les plus « différentes » (tentons de garder un peu de surprise pour ceux qui n’ont pas encore pu voir le film). Sa mise en scène conserve en tout cas cet amour véritable porté par l’intrigue pour le partager à ses spectateurs sans tomber dans les pièges du mièvre ou du chantage à l’émotion. C’est comme si Mitchell arrivait à briser l’écran, séparant le réel de la salle et la fiction du long-métrage pour mieux nous prendre dans cette étreinte émotionnelle chargée.

Il y a véritablement un mélange des plus homogènes entre les différents ingrédients constituant l’adaptation de Neil Gaiman. Mais là où on aurait pu craindre un résultat hétérogène plat et sans vie ou encore une romance trop distante pour réellement susciter l’empathie, « How to talk to girls at parties » parvient à faire résonner toutes ses particularités tout en étant sans aucun doute l’une, si pas la meilleure histoire d’amour portée sur grand écran cette année. Pas d’écriture prétentieuse n’allant nulle part ou de structure linéaire prédéfinie, c’est un véritable roller coaster émotionnel particulièrement vivant et éblouissant qui devrait retourner tout le monde par son excentricité et sa sincérité bouleversante.

« How to talk to girls at parties » se révèle donc être un véritable catalyseur d’émotion, aussi fou et déjanté que Neil Gaiman, aussi bouleversant et affectueux qu’une première histoire d’amour et aussi punk et attachant que ses personnages. Préparez-vous car c’est une pure bombe cinématographique sentimentalement puissante et enivrante qui va vous exploser le cerveau et le cœur. Une telle tendresse sincère sans prétention aucune excepté demander d’être aimé, cela fait tellement de bien de la vivre au cinéma…


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