• Heureux Gagnants de Maxime Govare et Romain Choay

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          Date de sortie 13/03/2024 Au cinéma Durée Titre original Heureux Gagnants Réalisé par Maxime Govare , Romain Choay Avec Audrey Lamy , Fabrice Éboué , Anouk Grinberg ,...
        • Monarch : Legacy of Monsters Bilan de la première saison

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          Titre original Monarch : Legacy of Monsters Nationalité États-Unis Sur Apple TV+ (2023) Genre Catastrophe, Fantastique Avec Anna Sawai , Kiersey Clemons , Joe Tippett , Elisa Lasowski...
        • Spaceman de Johan Renck

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          Date de sortie 01/03/2024 Sur Netflix Titre original Spaceman Réalisé par Johan Renck Avec Adam Sandler , Carey Mulligan , Paul Dano , Kunal Nayyar Genre Science-fiction Nationalité États-Unis Musique...
        • Faux-Semblants, de David Cronenberg

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          Date de sortie : 23 septembre 1988 (Amérique du Nord), 8 février 1989 (France) Réalisateur : David Cronenberg Acteurs principaux : Jeremy Irons, Geneviève Bujold, Heidi...
        • Dredge de Black Salt Games

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          Développeur : Black Salt Games Éditeur : Team 17 Genre : Simulation / Horreur Support : Tous support Date de sortie : 30 Mars 2023 En 2023, parmi l’offre...
        • L’œuvre de Daryl Delight (spécial Halloween)

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          Et si pour Halloween, on parlait un peu de littérature horrifique ? Et si au lieu de parler de H.P Lovecraft, Stephen King ou...
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City Zen

71 PUBLICATION 3 COMMENTAIRES
Nicolas, 37 ans, du Nord de la France. Professeur des écoles. Je suis un cinéphile éclectique qui peut alterner entre blockbusters, films d’auteur, films français, américains, petits films étrangers, classiques du cinéma. J’aime quand les films ont de la matière : matière à discussion, à interprétation, à observation, à réflexion… Quelques films que j’adore pour cerner un peu mes goûts : Matrix, Mommy, Timbuktu, la Cité de la Peur, Mission Cléopâtre, Ennemy, Seven, Fight Club, Usual Suspect, Truman Show, Demain, Big fish, La Haine, La Vie est belle, Django, Rubber, Shutter Island...

Avatar 2 : Jake et le Colonel ne sont qu’une seule et même personne !

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La dualité entre ces deux personnages m’a frappé aux yeux durant la séance… Il me fallait développer cette théorie qui peut sembler dingue à première vue. Voici mon raisonnement :

Regarder un film autrement : prendre la pilule rouge ?

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Matrix 4 est sorti depuis quelques semaines et voici les « débats » incessants : MOI je pense que c’est un bon film, MOI je pense que c’est un mauvais film. Et ceci est vrai pour n’importe quel film, surtout ceux qui font parler d’eux… Et si nous allions plus loin que notre « j’aime/j’aime pas » personnel pour savoir vraiment ce qui se cache derrière notre perception première ? Parce qu’au-delà des affects, n’oublions ni les percepts, ni les concepts… Et si nous prenions la pilule rouge ?

Titane : Comment faire son 2ème film quand le 1er a été encensé par la critique ?

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Date de sortie : 14 juillet 2021
Réalisateur : Julia Ducournau
Acteurs principaux : Agathe Rousselle, Vincent Lindon, Garance Marillier
Genre : drame
Nationalité : française

 

Après avoir vu Grave, je me suis d’abord dit que j’avais hâte de voir le prochain film de cette Julia Ducournau. Dans un second temps, je me suis mis à sa place : vu toutes les promesses faites par ce petit coup de génie cannibale, comment cette réalisatrice allait faire pour construire sereinement son second long-métrage ? C’est d’ailleurs une problématique que l’ancienne membre de la Fémis a elle-même évoquée.

Hospitalité : le film qui a inspiré Parasite et Mother ! ?

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Date de sortie 26/05/2010 Au cinéma
Durée(01h36)
Titre original 歓待
Réalisé par Koji Fukada
Avec Kenji Yamauchi, Kiki Sugino, Kanji Furutachi, Bryerly Long, Kumi Hyodo, Erika Ono, Hiroko Matsuda, Tatsuya Kawamura, Naoki Sugawara, Haruka Saito, Makoto Adachi, Tsuyoshi Kondo, Kenichi Akiyama, Momoi Shimada
Genre Comédie
Nationalité Japon

 

 

 

 

Synopsis

Dans une bourgade japonaise, la famille Kobayashi vit paisiblement de l’imprimerie. Quand un vieil ami de la famille réapparaît, aucun ne réalise à quel point il est en train de s’immiscer progressivement dans leur vie… jusqu’à prendre leur place.

 

Les succès récents d’Harmonium et de l’Infirmière de Koji Fukada nous offrent la possibilité de voir au cinéma son premier film sorti au Japon en 2010, mais non diffusé en France à l’époque. Forcément, des milliers d’autres films ont depuis vu le jour et on peut se demander si cette comédie dramatique n’a pas inspiré quelques longs-métrages, notamment le Mother ! de Darren Aronofsky ou le multi-primé Parasite de Bong Joon Ho… Attention spoilers !

La maison métaphore de Mother !

            Comme dans le film controversé du réalisateur de Black Swan, la majeure partie du film se déroule dans une maison. Dans ces deux films, on reste d’abord au 1er degré de lecture et ici, on s’amuse de cet invité qui se permet beaucoup de choses avec autant de culot que de malice. Puis, après quelques indices, on comprend que le film bascule dans la métaphore. Chez Aronofsky, la maison illustrait la planète, création ultime et biblique. Chez Fukada, cette bâtisse illustre le Japon actuel, un pays visiblement bien sous tous rapports, mais qui n’est pourtant pas mieux qu’un autre et qui a du mal à accepter les immigrés et les étrangers. Dans les deux films, on peut aussi trouver cette montée en puissance, cette accumulation qui peut perdre certains spectateurs.

Quand on creuse un peu chez cette famille Kobayashi si sympathique, on se rend compte que Madame n’est pas si parfaite que ça et que Monsieur se laisse vite séduire par cette Brésilienne d’Europe de l’Est. On voit d’ailleurs une critique du rapport au corps parfois compliqué des Japonais. A l’inverse, ce Kagawa (il aurait pu s’appeler Kanagawa, tant il représente une vague qui déferle sur ce foyer !) apparaît d’abord sans gêne, puis carrément menaçant et malsain. Mais finalement, ne représente-t-il pas l’alternative humaniste qui sait accueillir et partager, « tuant » l’ancien modèle (à l’image de l’ancien employé qu’il remplace) ?

 

Au départ, ce film aurait dû s’appeler « Rotary » en référence à l’imprimerie, mais aussi à cette notion de cercle, de boucle. Une nouvelle fois, on retrouve ce côté dans Mother ! Avec cette fin qui répond au début, de la naissance d’une création, le feu du processus créatif qui finit par tout brûler, avant de reprendre à la prochaine étincelle. Ici, l’imprimerie représente surtout une métaphore du travail. Là où les voisines disent au début qu’ « il n’y a plus de travail et que certains disent que c’est parce qu’il y a de plus en plus d’immigrés », Kagawa montre l’inverse : s’il y a plus de citoyens, on aura besoin de plus produire et on pourra embaucher davantage.

Le Parasite qui s’introduit dans le système vertical

Comme dans le film palmé en 2019 et oscarisé en 2020, on se retrouve avec une famille en apparence parfaitement fonctionnelle jusqu’au jour où une ou plusieurs personnes en marge viennent perturber ce confort bien en place. On comprend vite la critique de la société japonaise, le rapport entre les différentes classes sociales. Ce thème se retrouvait déjà dans Harmonium, sorti en 2016.

            On peut voir également un petit lien entre Hospitalité et Parasite dans le traitement vertical des rapports sociaux. Ici, accéder à l’étage, c’est obtenir un toit, s’élever socialement. Evidemment, Bong Joon Ho a poussé le concept bien plus loin neuf ans plus tard. Le réalisateur de Snowpiercer avait également choisi de montrer l’habitat de la famille Parasite, situé encore plus bas que le sol. Koji Fukada reste davantage centré sur une seule maison, montrant juste le lieu de squats des exclus de la société.

Dans Parasite, le point de départ se faisait avec les cours particuliers donnés aux enfants.  Ici, la symbolique passe par cet oiseau qui avait pris sa liberté et que l’on recherche pour le remettre dans une cage. Critique de ce confort que l’on cherche tant, cette possession que l’on brigue. La boucle se boucle dans les dernières minutes quand on apprend que c’est un autre oiseau dans la cage, avec les mêmes couleurs. On revient dans le côté « Rotary », en insistant sur le côté artificiel extérieur, alors qu’à l’intérieur d’eux-mêmes, les deux époux ont évolué positivement.

En conclusion, Hospitalité est un film à voir à beaucoup d’égards et on se demande clairement si Mother ! Et surtout Parasite ne lui doit pas beaucoup. Cet article ne prétend pas tout savoir, alors n’hésitez pas à venir compléter, enrichir ou contredire les quelques points développés ici !

Bienvenue à la Vraie 46ème cérémonie des Césars 2021

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Uchronie, bienvenue à la Vraie 46ème cérémonie des Césars !

Quel plaisir d’avoir assisté à cette cérémonie des Césars nouvelle mouture ! Il aura fallu près de six mois pour faire évoluer cette institution vieille de 1976, après cette précédente édition si agitée.

La soirée a commencé par les films qui nous ont fait le plus rire. Pour ce moment, Andrée, une retraitée de Vendée nous a parlé de cette scène hilarante où Laure Calamy essaie tant bien que mal de faire avancer son âne dans « Antoinette dans les Cévennes ». La scène a été projetée sur l’écran géant. J’ai pris beaucoup de plaisir à la revoir, moi qui avais adoré le film lors de sa sortie en salle. L’actrice était sur le plateau et nous a raconté les secrets de ces scènes avec l’âne. Sébastien, un quarantenaire de l’Est a parlé de son immense fou rire lors de cet extrait de « Play ». Ça m’a donné envie de le voir avec toutes ses références à ma génération ! Le réalisateur Anthony Marciano nous a expliqué pourquoi il avait eu tant à cœur de faire ce film.

La deuxième thématique de la soirée était la partie « émotions ». Rebecca, étudiante sur Lyon, nous a parlé de son coup de cœur pour le film « Un vrai bonhomme ». Elle nous a expliqué à quel point elle avait trouvé un écho dans sa vie personnelle, et que ça l’avait aidée à reprendre une meilleure relation avec son frère. Je ne connaissais pas du tout ce long-métrage, mais l’extrait choisi(e) par cette jeune fille avait l’air intéressant. Le réalisateur Benjamin Parent nous a d’ailleurs parlé de sa série « Les grands », j’essaierai de la voir, moi qui adore les films sur les ados. Ensuite, Sofiane, un commercial bordelais, nous a parlé du choc qu’il a reçu devant « Eté 85 », lui qui était plutôt habitué aux blockbusters américains. Ils ont passé la scène de la rencontre entre les deux acteurs principaux. Ca m’a rappelé que j’avais adoré la première partie du film, mais moins la deuxième.

Nous avons eu ensuite droit au moment « les films qui vous ont captivés ». Jacques, retraité de l’Education Nationale, a présenté la scène finale d’« Adieu les cons ». Cet octogénaire veuf depuis peu a raconté qu’il avait vu ce film avec d’autres personnes âgées aussi esseulées. Il nous a confié à quel point ce film leur avait fait du bien, et qu’ils avaient longuement échangé ensuite sur l’évolution de la société. Albert Dupontel, présent sur le plateau, en a eu les larmes aux yeux. Malika, avocate en Auvergne, nous a ensuite parlé du moment où Camélia Jordana bascule dans « Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait ». J’ai trouvé son point de vue sur le film très portée sur l’actrice, et ça a enrichi mon regard, moi qui m’étais surtout mis à la place des hommes dans ce long-métrage si subtil.

Cette soirée immanquable pour les fans de cinéma s’est poursuivie avec le ciné « qui nous a inspirés ». Francine, une pharmacienne corse, nous a partagé une scène forte de « Système K » où des artistes de rue improvisés se font embarquer par la police, suivie d’un élan de solidarité hors normes. Voir ces habitants de Kinshasa vivant très modestement mais habités par le souffle ardent m’a donné une énergie incroyable. J’ai noté ce documentaire sur mes priorités à découvrir. Quel plaisir aussi de voyager grâce au cinéma ! Ce fut ensuite au tour de Cédric de nous parler du « Women » de Yann-Arthus-Bertrand et de la force du message délivré. Quelques-unes des femmes du film étaient présentes pour répondre aux questions et échanger sur le tournage, un moment passionnant !

Puis, ce fut au tour des « bons moments passés en famille ». Claude, seize ans, a lancé une scène avec Manu Payet dans « Selfie ». Il a expliqué les fous rires qu’il avait eus avec ses parents en regardant ce film, ainsi que tous les échanges qui ont suivi propos des téléphones et des réseaux sociaux. Blanche Gardin était présente et a lancé quelques vannes dont elle a le secret ! Puis Shanna, 8 ans, nous a parlé des moments où elle avait ri avec ses parents dans « Ducobu 3 », en leur racontant qu’elle avait essayé de faire les mêmes bêtises que dans le film !

L’avant-dernière partie était consacrée aux films qui ont fait réfléchir les spectateurs. Corinne, une cinquantenaire qui travaille en crèche, a parlé de la scène inaugurale de « La bonne épouse ». Je n’ai pas vu ce film, car j’avais l’impression qu’il était un peu superficiel. Mais la façon dont cette femme en a parlé, et tous les débats que ça a amenés avec son mari m’ont laissé pantois. Je me suis dit qu’effectivement, c’était sûrement moi qui avais des à priori réducteurs. Malory, une étudiante en histoire a présenté « De Gaulle », en exprimant comment ça avait enrichi sa vision de cet homme politique. Gabriel Lebomin, le réalisateur, et Valérie Ranson Enguiale, la co-scénariste, ont détaillé comment ils avaient élaboré le scénario grâce à d’innombrables sources historiques dont ils disposaient.

Enfin, les films étrangers sont venus clore tous ces échanges passionnants. Un débat a eu lieu entre Simone et Léon sur « Drunk » : là où Simone avait trouvé que c’était une formidable ode au lâcher prise et à la liberté, Léon trouvait que ça montrait une image inquiétante et pathétique de la société. Denis, se présentant comme un cinéphile érudit, a développé pourquoi il ne fallait pas rater « Mank » sorti cette année sur Netflix. De nombreux liens ont forcément été faits avec Citizen Kane, et nous avons eu droit à l’avis averti de Michel Hazanavicius.

Juste avant le bouquet final, il y a eu un montage très rythmé où des gens interviewés dans la rue parlaient en une phrase de leur meilleur moment ciné de l’année ; la fraicheur des ados dans « Adolescentes » ; la beauté sobre de « Deux », la belle surprise « Félicita », le côté décalé et autodérision de « Tout simplement noir » ; la prestation incroyable de Sami Bouajila dans « Un fils » ; la réflexion sur la société dans « Effacer l’historique » ; le suspense limite thriller dans « La Fille au Bracelet » ; l’enrichissement culturel grâce à « L’histoire d’un regard ».

La soirée s’est terminée en beauté : toutes les personnes présentes, les professionnels du cinéma et tous les spectateurs se sont levés. Ils remplissaient toute la salle, en respectant les distances barrières. Et d’une seule voix, ils ont déclamé :

« Voici pourquoi le cinéma est si important pour la société, voici pourquoi il est essentiel. »

Aller au cinéma : un acte politique ?

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On évoque souvent les discours politiques dans les films que l’on qualifie parfois de films sociaux, ou de films engagés. Mais si l’on définit la politique comme étant « l’ensemble des pratiques, des faits, des institutions et des décisions d’un gouvernement, d’un état ou d’une société. », ne peut-on pas se demander si l’acte même d’aller au cinéma n’est pas en soi un acte politique ?

Si nous sommes bien dans une démocratie, cela signifie que le Pouvoir appartient au Peuple. En conséquence, le Peuple a le pouvoir d’influer sur les choix des producteurs, sur les financeurs, sur les diffuseurs, bref sur l’ensemble du monde cinématographique. Si je vois cinq films par an au cinéma et que je vais voir cinq grosses productions, je donne cinq fois mon argent au circuit des grosses productions. J’enrichis donc des professionnels déjà très riches. Si en revanche je vois cinq films à petits budgets, j’enrichis des professionnels moins riches, des « intermittents du spectacle », des petits artisans.

Nous éviterons d’emblée l’écueil du « tout ou rien ». Il ne s’agit pas ici de critiquer les fans du dernier Avengers ou des aficionados de Star Wars. L’un n’empêche pas l’autre et on peut très bien voir et apprécier un bon Marvel comme une pépite d’Harmony Korine. On peut par contre s’interroger sur le poids qu’est en train de prendre Disney dans le Monde cinématographique, et dans le Monde tout court. A force de tout racheter et de tendre vers le monopole de l’entertainment, il semble assez logique que la marque aux oreilles de Mickey puisse un jour influencer et faire du lobbying sur les différents gouvernements.

Et pourtant, nous avons le Pouvoir. Le pouvoir de faire circuler l’argent vers tel ou tel film, en fonction des valeurs mises à l’écran. Car ce qui est vrai pour le budget l’est aussi pour ce que véhicule le film. On dit souvent qu’il y a peu de réalisatrices, mais si nous spectateurs allions voir davantage de films réalisées par des femmes, nul doute que les producteurs financeraient davantage de réalisatrices. Et on peut décliner ça pour tout : si nous spectateurs voulons promouvoir les films avec tel ou tel message, nous en avons le Pouvoir.

On peut également étendre ce raisonnement à la nationalité des films que l’on finance en payant notre place. On parle souvent de l’ogre américain, on parle de soft power d’un pays qui implante et qui impose sa culture partout. Nous avons le pouvoir d’en décider autrement. Pourquoi se limiter aux films américains ? Aux films français ? Il y a plein de réalisateurs d’autres nationalités qui proposent des films de qualité, avec souvent une vision un peu différente que celle du formatage américain. Evidemment, ces films-là sont moins distribués. Mais s’ils faisaient plus d’entrées, ils seraient plus diffusés, non ?

Dans le même ordre d’idée, en fonction de ses opinions politiques, en fonction du Monde que l’on souhaite créer, préfère-t-on enrichir le gros complexe cinématographique de 40 salles, ou le petit cinéma du coin qui tente de subsister avec ses 4 salles ? On parle souvent de privilégier les petits producteurs bio aux grandes surfaces… La logique n’est-elle pas la même pour les salles de projection ?

« Libre, es-tu vraiment libre ? Libre de penser mais quand tu penses ne penses-tu pas, que tu penses par la pensée façonnée par ton Etat ? » chantait Assassin dans « Entre dans la classe ». Evidemment, on pourra rétorquer que l’on fait juste ses choix de films par goût. C’est respectable, mais ce n’est pas incompatible avec une certaine diversité et ouverture d’esprit. Même si on peut concevoir que certains acceptent de rester dans le mainstream, même si on peut craindre d’être un peu formatés vers une certaine pensée unique.

Et puis certains rétorqueront que de toutes façons, c’est mieux de télécharger. Car après tout, pourquoi payer quelque chose que l’on peut avoir gratuitement ? Est-ce mieux de voler un millionnaire ou quelqu’un qui galère en faisant des « petits » films ? Selon moi, nous sommes toujours dans l’acte politique. L’argent que l’on gagne, on le fait circuler. Ou pas. Et on le donne à qui l’on veut.  Car nous avons le Pouvoir. Chacun fait ce qu’il veut, et il ne s’agit surtout pas d’être moralisateur ou de juger. Nous avons le Pouvoir. Mais en avons-nous conscience ?

Et si on ressortait les Petits mouchoirs ?

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Après le succès retentissant des Petits mouchoirs en 2010 (plus de 5 millions d’entrées), la bande d’amis revient ce mercredi sur nos écrans… Vu en avant-première, voici ce que j’en ai pensé.

Des situations moins prévisibles

J’avais plutôt bien aimé le premier opus, même si, contrairement à une grande majorité du public qui parlait même de film générationnel, je n’avais pas été transcendé. La première des raisons de mes réserves venait de la grande prévisibilité de l’intrigue. Dès le début, je m’attendais à la mort de M’sieur Dujardin, et rien ne m’avait semblé très original dans le film.

Ici, le film va plus loin et réserve son lot de surprises. Monsieur Cotillard a pris son temps pour sortir une suite intéressante, avec quelques nouveaux personnages, notamment José Garcia qui vient apporter une petite touche sympa, sans tout chambouler. Le principal arc narratif est centré sur le personnage de Max et on assiste à pas de moments auxquels on ne s’attend pas forcément.

L’émotion mieux gérée

Les Petits mouchoirs portait un titre qui annonçait la couleur, mais à force d’en faire des tonnes au niveau émotions, le film ne m’en avait procuré quasiment aucune. Dans « Nous finirons ensemble », Guillaume Canet semble aller mieux et ne tombe pas dans le pathos facile. Il a réussi à passer le cap difficile de la quarantaine (cf « Rock’n Roll) et propose un long-métrage mieux équilibré entre comédie et drame.

Autant bon nombre de situations sont assez rudes dans le fond, autant chaque scène plus dramatique est désamorcée grâce à un humour bienvenu et qui fait mouche. Les personnages secondaires jouent leur rôle à leur perfection (à l’image de la nounou ou du jeune Ilan Debrabant qui interprète brillamment le fils de Marion Cotillard) et il se dégage du film une vraie tendresse. Comme s’il avait fallu passer par des moments difficiles pour arriver à une certaine forme de sérénité toute relative.

Des personnages qui évoluent

Dernier gros point qui avait limité mon plaisir en 2010 : pour un film centré sur les personnages, j’avais trouvé que ces dits-personnages évoluaient très peu tout au long du film. Neuf ans après, on peut dire que le réalisateur a pris son temps et qu’il a eu raison. En s’appuyant sur chacun de ses acteurs (on dit qu’ils lui ont renvoyé assez violemment la première proposition de scénario), il nous propose une galerie de personnages plus approfondis.

J’ai trouvé la plupart des acteurs plus nuancés dans leur jeu. Un Laurent Lafitte très frais (lui qui enchaine souvent des rôles plus durs, comme dans le récent et magnifique « L’heure de la sortie »), une Marion Cotillard qui s’écarte aussi de ses registres habituels, un Gilles Lellouche qui fait mouche, une Pascale Arbillot qui a bien changé, un François Cluzet beaucoup plus subtil et donc beaucoup plus touchant.

Les bons ingrédients toujours là

Ajoutons que si cette suite a réussi à gommer les petits défauts du deuxième meilleur box office 2010 (derrière Harry Potter 3), il a su garder tous les bons ingrédients de ce film de potes où les vannes s’enchainent avec férocité et bienveillance. Cette suite a tout à fait sa place : « Nous finirons ensemble » n’a pas du tout le côté réchauffé d’un « Bronzés 3 » par exemple.

Après le succès de son pote Lellouche avec le Grand Bain, Canet réussira-t-il à dépasser le box office de « Mais qu’est-ce qu’on a encore fait au bon Dieu ? », histoire de s’assurer le César du public 2019 ?

Pourquoi il faut aller voir « Deux fils » le 13 février.

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Un casting prestigieux.

Pour le grand public (si l’on considère que le grand public s’intéressera à ce film, ou si l’on se dit que le « grand public » existe), « Deux fils » sera d’abord un film réunissant Benoit Poelvoorde et Vincent Lacoste, avec une Anaïs Demoustier pour animer les débats. Les plus puristes noteront la présence (discrète) de Noémie Lvovsky et d’India Hair.

Ce film d’auteur (rien de péjoratif, ça veut juste dire que c’est une histoire inventée par son auteur, pas une adaptation) raconte l’histoire de Joseph, père de Joachim et d’Yvan (premier rôle pour Mathieu Capella, repéré par Elsa Pharaon qui avait déjà révélé Rod Paradot dans la « Tête haute »). Dans ce film oscillant entre comédie et drame, le trio va faire ce qu’il peut, en prenant soin les uns des autres malgré des absences marquantes.

Le pitch n’est pas simple à résumer car ici, les sentiments priment sur la narration. Comme l’affiche le suggère, les deux enfants de Poelvoorde (très mesuré, et c’est en ça qu’il excelle ici) s’occupent beaucoup de leur papa (qui n’a aucune autre personne sur qui s’appuyer), et c’est pesant. Lacoste (encore une fois très bon, quelle filmographie à 24 ans !) se débrouille entre l’absence de son ex et une thèse en médecine qu’il n’écrit pas. Quant au petit dernier, il est tracassé entre la foi et ses désirs pour les filles de sa classe, tout en devant gérer l’effondrement de ses modèles.

Un premier film.

« Deux fils », c’est aussi et surtout le premier film de Félix Moati. On se souvient de lui comme pilier de l’équipe de natation synchronisée du « Grand bain ». Il était aussi très à son avantage dans « Gaspard va au mariage », « A trois on y va », « Cherchez le garçon » ou « Télé Gaucho ». Deux fois nominé pour le César du Meilleur espoir masculin, le jeune acteur (28 ans) n’aura pas trainé pour réaliser son premier long-métrage, deux ans après son court-métrage (fort bien accueilli) : « Après Suzanne».

Quand on lui demande pourquoi il est déjà passé derrière la caméra, il répond que c’est tout à fait naturel : être comédien et être réalisateur, c’est la même chose, dans le sens où on se met au service d’une histoire qui va être plus forte que tout le reste. Pas question de se mettre au-dessus, et cette délicatesse se retrouve à tous les niveaux du film : la musique (créer par le groupe Limousine dans une ambiance jazz), la lumière, les effets de caméra, les personnages et leurs répliques. On sent cette maturité dans le montage (le film dure 1h30, pour une première version qui en faisait 2h05).

Le film possède la fraicheur et la sincérité des premières œuvres. Elle réunit une équipe technique jeune : un ingénieur du son rencontré sur « Télé Gaucho », une chef décoratrice et un monteur en début de carrière. Moati a su faire confiance à de jeunes talents. On note même la présence de sa sœur aux décors et de son frère en photographe de plateau. Il aura eu aussi l’intelligence de s’entourer d’un chef opérateur d’expérience : Yves Angelo, connu par exemple pour son travail sur « Germinal ». Un parfait cocktail pour ce film produit par Pierre Guyard, à qui on doit aussi le très beau « Amanda » sorti il y a quelques mois.

Une vraie réussite.

On l’a dit, le film oscille entre la comédie et le drame. Nous ne sommes pas ici dans une poilade grasse avec des répliques qui font rire sans aucun fond. Les dialogues sont au service de l’histoire, des personnages. Le ton rappelle parfois « le Grand Bain », en plus intime. La puissance comique de Poelvoorde et Lacoste (on peut aussi ajouter Mathieu Capella) fonctionne à merveille dans cette ambiance plus mélancolique. On pourrait dire aussi que le hors champ est un personnage à part entière, tant on sent à quel point le manque est présent.

La mise en scène joue avec subtilité sur ce fond. Les personnages aiment écouter aux portes, c’est là qu’ils en apprennent le plus. La lumière reste assez sombre (avec très peu de scènes extérieures de jour), avec juste quelques rayons qui parviennent à percer de temps à autre. Une caméra qui commence le film en suivant beaucoup ses personnages de dos, puis qui bascule ensuite sur beaucoup de travelings avec des hommes à la dérive qui se courent après. Et une conclusion avec beaucoup de brio.

Si 2018 a été une année plutôt terne pour le box office français, malgré une offre de grande qualité, c’est peut-être parce que le grand public ne s’intéresse qu’aux « Tuche » et à Dany Boon. Ou aux machines à fric américaines. Il y a pourtant plein d’autres propositions de cinéma, aussi variées que riches. « Deux fils » en est une très belle, une œuvre fine et réfléchie. Si la biodiversité est primordiale, la diversité culturelle l’est tout autant.

 

En 2016 je me souviens…

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C’était il y a deux ans, mais certains films résonnent encore dans mon cœur d’amoureux du cinéma !

Le trio de tête

            « Divines » restera le gros choc ! Caméra d’Or à Cannes pour la réalisatrice Houda Benyamina, trois Césars, histoire notamment de récompenser la géniale Oula Amamra (revue depuis avec beaucoup de plaisir dans « Le Monde est à moi » : le palmarès est là, mais surtout le film marque de façon indélébile. Autre claque, « Captain Fantastic » avec un Viggo Mortensen en père qui élève ses enfants dans la forêt, avant de devoir se confronter à la ville. Plus qu’un film, une philosophie de vie à voir absolument ! Pour compléter ce trio de tête, « Juste la fin du monde », ou quand Xavier Dolan adapte une pièce de Jean-Luc Largarce avec un casting 5 étoiles (Gaspard Ulliel, Vincent Cassel, Marion Cotillard, Léa Seydoux, Nathalie Baye) : autopsie d’une famille finalement comme tant d’autres !

L’année de l’animé

            2016, c’était aussi l’année de l’animé. « Ma vie de Courgette » a ému des millions de petits comme de grands, avec ce petit gamin perdu qui tue sa mère sans faire exprès et qui s’en remet comme il peut. « La Tortue rouge », au programme d’Ecole et cinéma cette année pour les collégiens : une œuvre poétique qui me donne encore envie parfois d’aller sur cette île perdue. Moins connu, et c’est bien dommage « Anomalisa » où un célibataire endurci n’entend que des femmes avec toujours la même voix. Jusqu’au jour où LA femme croise sa route. Particulier, mais marquant ! Dans un autre registre, « Sausage party » aura alimenté quelques débats : quand un dessin animé propose une orgie sexuelle avec des saucisses et d’autres aliments, forcément ça fait parler… un humour déjanté !

            Mamoru Hosoda vient de sortir son dernier film (Miraï ma Petite sorcière), mais en 2016, il faisait déjà un coup de maitre avec « Le Garçon et la Bête », de quoi développer encore un peu plus la culture japonaise dans notre pays ! « Tout en haut du monde » tire également son épingle du jeu, avec l’aventure de cette petite fille qui suit les traces de son grand-père sur la banquise, dans une ambiance XIXème siècle très Jules Verne ! And the last but not the least… « Your name » qui n’est pas loin d’être dans le top 5 des meilleurs dessins animés de tous les temps ! Un début très léger et très enfantin qui laisse place à une gravité de plus en plus touchante…

C’est pas connu et c’est bien dommage

            Chaque année, on trouve quelques pépites dans les cinémas d’art et essais. « Paterson » (de Jim Jarmusch) est un film très particulier qui ravira tous les poètes. Quand l’élément perturbateur survient un quart d’heure avant la fin du film, ça donne à l’ensemble une force incroyable, avec un Adam Silver au top comme bien souvent ! « A war » (jeu de mot non dénué de sens) est un film norvégien de procès de guerre qui m’a laissé un souvenir impérissable. « Men and chicken » m’a également marqué, dans le genre OVNI cinématographique. Mads Mikkelsen explore une île étrange parce que lui et ses frères se rendent compte que leur vrai père est un généticien un peu fou. « Peur de rien », film qui met en scène une Libanaise qui arrive en France en quête de liberté (et un Vincent Lacoste déjà excellent !).

                Et que dire de « Poesia sin fin » ? Alejandro Jodorowsky (les fans de BD le reconnaitront…) nous retrace ses envies de jeunesse de devenir poète, avec la forme qui va avec. Film qui m’aura bien tiré les larmes : « Les délices de Tokyo », où quand cuisine et humanité se rencontrent. Pour terminer, je ne pouvais pas ne pas citer « Moonwalkers », film déjanté un peu à la Tarantino sur des losers qui tentent d’approcher Stanley Kubrick pour créer un faux film de premier pas sur la Lune… jouissif !

On connait tous :

            2016 est aussi l’année de quelques grosses productions : « The Revenant » évidemment. « Les animaux fantastiques » qui m’aura autant emballé que le deuxième opus m’a catastrophé. Le « Premier contact » de Denis Villeneuve avec la science-fiction avant de réaliser le magnifique Blade Runner 2049. « The neon demon » que l’on aime ou que l’on déteste, mais qu’il faut à mon sens voir à tout prix, avec une Elle Fanning au top comme toujours. Mais également : « Dernier train pour Busan », pour ceux qui aiment les zombies, avec une caméra virtuose. « Mademoiselle », drame en 3 actes de Park Chan-Wook (à qui on doit notamment Old boy). « Toni Erdman » pour ceux qui pensent que comédie et allemand ne peuvent pas faire bon ménage. « Merci patron », pour ceux qui trouvent que le député François Ruffin est fait pour faire du cinéma, avec ce documentaire à la fois effrayant et hilarant ! « Julietta », parce que Almodovar, tout simplement.

            Pour conclure, quelques caprices personnels : une comédie géniale avec Kyan Khojandi (de Bref) : « Rosalie Blum », « le Client », « Demolition » (avec Jake Gyllenhaal), « The Assassin », « Cézanne et moi », « Lampedusa »…

Et si vous voulez savoir pour moi ce qu’est un bon film, je vous invite sur ce lien :

Etre un bon film ou ne pas être ?

Bohemian Rhapsody, un film pas du tout rock-and-roll !

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Date de sortie 31 octobre 2018 (2h 15min)
De Bryan Singer, avec Rami Malek, Gwilym Lee, Lucy Boynton…
Genres : Biopic, Drame – Nationalité : Américain – Musique : John Ottman

Bohemian Rhapsody, la chanson. Le groupe se bat avec son producteur pour que cette chanson soit celle choisie pour la face A du single et pour passer à la radio. Ce dernier reste intransigeant : la chanson est trop longue, elle n’est pas assez claire, trop originale et elle risque de ne pas plaire au large public d’un groupe en pleine montée vers la gloire. Le bras de fer est tendu, mais Queen et leur chanteur-leader restent droit dans leurs baskets : ils ne font pas une chanson pour plaire au public, ils font une chanson avec leurs tripes, ils font ce qu’ils veulent, ils explorent, ils ne trichent pas, ils ne cabotinent pas. Quitte à tout plaquer. C’est ça être rock and roll, non ?

Bohemian Rhapsody, le film. Pour moi, cette scène est centrale : elle montre exactement le contraire de ce qu’a fait Brian Singer qui réalise ici un film calibré pour plaire aux fans de Queen. Et ça fonctionne très bien. Les chansons célèbres sont omniprésentes : on vibre, on danse sur son siège, on chante… Le grand Freddy (Rami Malek est époustouflant !) est présenté uniquement sous son beau jour, tout est édulcoré à la sauce Hollywood. Le biopic choisit le classique schéma « naissance-ascension-problème-happy end ». C’est mignon, c’est sucré, c’est familial (idéal pour que les quarantenaires fans depuis toujours transmettent la flamme à leurs enfants… de quoi faire quelques entrées en plus ?)…

Mais est-ce que c’est ça l’esprit Queen ? Est-ce que c’est ça le rock and roll ?