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City Zen

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Nicolas, 37 ans, du Nord de la France. Professeur des écoles. Je suis un cinéphile éclectique qui peut alterner entre blockbusters, films d’auteur, films français, américains, petits films étrangers, classiques du cinéma. J’aime quand les films ont de la matière : matière à discussion, à interprétation, à observation, à réflexion… Quelques films que j’adore pour cerner un peu mes goûts : Matrix, Mommy, Timbuktu, la Cité de la Peur, Mission Cléopâtre, Ennemy, Seven, Fight Club, Usual Suspect, Truman Show, Demain, Big fish, La Haine, La Vie est belle, Django, Rubber, Shutter Island...

Le grand bain : Comment en un film, Lellouche s’est retiré l’image du gros beauf ?

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A une époque où cinéma populaire est trop souvent synonyme de médiocrité parce qu’après tout, « on ne va pas au cinéma pour se prendre la tête », le Grand bain – présenté hors compétition à Cannes – sort la tête de l’eau pour donner un grand coup de fraicheur au feel good à la française.

 

* En racontant une vraie histoire

Pour son premier film à la réalisation, Gilles Lellouche nous raconte une histoire avec un vrai fond : Comment vivre quand on se rend compte que l’on n’a pas réussi sa vie ? Qu’est-ce que l’amitié ? Comment sortir de la dépression ? Si le film suit un schéma assez classique – situation initiale des héros, péripéties pour arriver au but, résolution finale – il le fait avec une vraie maitrise de bout en bout. Les personnages sont suffisamment fouillés et bien écrits pour que l’on s’attache à eux et pour que l’on vive leur évolution, à l’image de ce monologue finale de Marina Foïs à sa sœur qui résume bien à lui tout seul l’une des conclusions du film.

* En réunissant un casting 5 étoiles au service du film

Nous avons connu des films où Poelvoorde prenait toute la place, ou des comédies où les gags n’ont aucune légitimité dans le scénario, ou encore des « films de potes » se transformaient en petits amusements entre amis hermétiques aux autres. Ces écueils sont ici parfaitement évités. Pourtant, faire cohabiter tout ce beau monde (Canet, Almaric, Poelvoorde, Foïs, Effira, Behkti, Katerine, Ivanov, Moati) n’était pas chose aisée mais la magie opère : chacun apporte sa touche tout en restant à sa place. Mention spéciale à Philippe Katerine, bémol à Coach Behkti, parfois un peu lourdingue. Dans ce film-chorale par excellence, chacun a son petit moment sur le devant de la scène, tout se passe en douceur, à l’image de l’ellipse autour du rabibochage des deux anciennes championnes de natation synchronisée.

* En se moquant de tout, surtout de ceux qui se moquent

Nous avons d’abord cru que l’on allait passer les deux heures à se moquer de ses ringards en slip de bain. Dans une vision très moderne du monde actuel, on se rend compte que nous sommes ici dans une critique légère de cette société où l’image prévaut sur tout, et où la compétition fait rage à chaque instant. Au milieu de ce grand bain où la virilité prend un sens inhabituel, nos héros improbables sont tellement vrais qu’ils en sont touchants. Ils s’aiment, sans jugement, sans apparat. Et c’est là que la situation se renverse : on ne se moque plus d’eux, mais on se moque de ceux qui se moquent d’eux. Nous regretterons juste la fin un peu trop too much… Parce que même si Effira le dit très bien « dans la vie on a tous besoin d’une médaille », un peu plus de nuances sur la conclusion aurait été profitable.

En conclusion, si Gilles Lellouche avait été fort critiqué après les Infidèles pour son côté macho et franchouillard, on peut dire qu’il réalise avec le Grand bain un (presque) sans faute, à l’image d’un Franc Dubosc avec « Tout le monde debout ».

Le retour de François l’embrouille en film !

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On le sait capable de tout, notre ami belge sort son premier film le 30 mai prochain : on a testé pour vous !

Un concept original

                On connait au moins trois François Damiens. Tout d’abord : le digne successeur de Raphaël Mezrahi avec des caméras cachées devenus cultes, ensuite le rigolo de service dans des films comme « Dikkenek » qui a marqué toute une génération ou le moins connu « Des nouvelles de la planète Mars » et enfin l’homme au cœur tendre dans les récents « Otez-moi d’un doute » ou « Les cowboys » dans lesquels il explore la paternité.

Pour son premier film, il propose un pitch et un concept qui réunit les trois. C’est l’histoire de Dany (interprété par lui-même) qui décide de s’évader de prison pour pouvoir donner une vraie éducation à son fiston. Vous vous doutez bien que notre taulard a plein de bonnes idées pour bien faire grandir son ket Sullivan. Je n’en dirais pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir.

Mais là où finalement la boucle se boucle et où tout devient plus intéressant, c’est que toutes les scènes-clefs de ce long-métrage d’environ une heure et demi ont été tournées en caméra cachée. La structure du film est écrite, avec une trame cohérente et simple qui donne les bases d’une comédie « classique ». Mais cette ligne conductrice permet la rencontre de nombreux personnages (on explore la prison, l’hôpital, l’école et bien d’autres lieux de la vie quotidienne) qui vont être piégés à leur insu par un Dany l’embrouille en grande forme !

Les secrets du tournage

                L’écriture du film a duré trois ans, une écriture à deux mains qui s’est faite de manière progressive entre les périodes de tournage de l’acteur. Une écriture difficile puisqu’au-delà des moments de délire qu’elle présageait, François Damiens a fini par avoir peur de se faire car-jacker par la faisabilité des scènes et du film. Heureusement, tout ça a fini par se concrétiser, et a pu prendre forme avec le casting de Sullivan (parmi environ 150 candidats) au final plus jeune que ce qui était prévu au départ (le potentiel comique n’en est que plus grand).

Le tournage a duré un an et demi, sachant que toute l’équipe de tournage devait se tenir prêt à se mettre à l’ouvrage quand l’équipe de repérage trouvait une situation favorable. Pour chaque scène de caméra cachée, douze personnages ont été piégés. Cela a permis de pouvoir choisir à chaque fois la meilleure scène pour le film, sachant que parfois, le Belge a été victime de sa notoriété en se faisant rapidement démasquer par son interlocuteur, malgré ses quatre heures quotidiennes de maquillage !

Tout ce dispositif a abouti à 450 heures de rush. Il est intéressant de noter que le montage a eu lieu au fur et à mesure de ces 18 mois du tournage, sachant que ce dernier s’est déroulé dans l’ordre chronologique de la narration. Ces précautions ont été prises afin de donner de la cohérence au film. Le réalisateur tenait à connaître précisément ce qui s’était passée dans la scène précédente, sachant qu’évidemment il ne pouvait pas prévoir les réactions des personnages piégés.

Un vrai film à mourir de rire !

                Au final, pas de best of qui mixe les meilleurs moments de chaque scène : on a le droit à un vrai film. Cohérent de bout en bout, même si on sent bien que tout ça n’est qu’un prétexte pour donner un beau terrain de jeu à un évadé de prison déchainé. On peut tout de même révéler que le générique de fin proposera quelques petits moments sympas des personnages qui n’ont pas été choisis… Et on imagine qu’il y a de quoi bien s’amuser dans un probable futur DVD !

Evidemment, nous ne conseillons pas ce film à ceux qui sont allergiques à l’accent belge et aux facéties de celui qui nous faisait déjà beaucoup rire dans « L’arnacoeur ». Ne vous attendez pas non plus à être émus comme dans « La Famille Bélier » : ce n’est clairement ni le propos, ni le ton du film.

Pour les autres, foncez, vous ne serez pas déçus ! Nous ne saurons d’ailleurs que trop vous conseiller de ne pas regarder la bande-annonce, pour avoir la surprise de tous les gags. Pour les cinéphiles qui aiment les concepts originaux (comme le « Mon garçon » avec Guillaume Canet sorti en 2017), c’est aussi une bonne expérience. Et puis c’est aussi une façon de célébrer ce bel artiste, aussi vrai que simple, qu’est François Damiens.

Pourquoi j’ai aimé Eva ?

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J’avais hâte de voir ce film et lorsque les notes des critiques presse et spectateurs sont tombées, je me suis demandé si ça valait quand même le coup. Mais puisque l’on se dit souvent qu’il faut se faire un avis par soi-même et que le sujet m’intéressait vraiment, j’y suis quand même allé. Et je n’ai pas été déçu, au contraire !

Car tout est cohérent (sans spoiler)

                L’œuvre est cohérente de bout en bout. De la première scène, jusqu’à la réplique finale. Le scénario développe ce propos : « Peut-on exister en étant quelqu’un d’autre que soi-même ? ». Les métiers des deux personnages principaux collent à cette problématique. Bertrand est écrivain : les fictions qu’il écrit (ou pas d’ailleurs, puisqu’il est encensé pour une pièce qu’il a volée) se mêlent à sa réalité qu’il rend plus trépidante. Eva (ce ne serait pas son vrai prénom) se prostitue, avec une large part de mystère : son personnage professionnel existe, mais son quotidien reste toujours très vague.

Le film peut se targuer de réunir les deux Césars 2017 : meilleure actrice pour Huppert (Elle) et meilleur acteur pour Ulliel (Juste la fin du monde). Ce dernier est une fois de plus excellent en artiste tourmenté qui essaie de se montrer sûr de lui. Quant à Huppert, a-t-on bien conscience qu’elle a 65 ans ?  Mystérieuse à souhait, avec quelques moments d’égarement et d’autres de tendresse. Les seconds rôles ne sont pas en reste avec un Richard Berry juste et une Julia Roy que j’ai découvert avec beaucoup de plaisir.

Car on peut rentrer dans les détails (avec spoilers)

                Tout commence par le vol de « Mots de passe ». Bertrand va devenir célèbre grâce au scénario de quelqu’un d’autre. Il s’échappe de sa propre réalité et se met en scène comme un personnage de fiction. Au début, je pensais que le film tournerait autour de cette usurpation, qu’on le démasquerait, mais ce point de départ pose le propos du film. Ensuite, Bertrand cherche l’inspiration avec difficultés et c’est la rencontre d’Eva qui va tout changer.

Perdu dans un quotidien heureux mais visiblement trop plat pour la création, il décide de basculer en se prenant pour un autre. Cela lui permet d’écrire les répliques qu’il vit avec la prostituée. Il se montre comme un homme sûr de lui, qui cherche à rendre amoureuse Eva. Il se ment à lui-même, il ment à son éditeur, il ment à sa femme : il ment à tout le monde comme depuis le début de son succès. Petit à petit, il perd pied, ne sachant plus distinguer la fiction de la réalité. Comme nous spectateurs, lorsque nous découvrons la pièce au début. J’ai même cru à la fin (lors du générique de fin de film lorsqu’ils sont au cinéma) qu’à un moment donné, nous avions basculé dans la réalité du scénario de Bertrand. Mais non.

Bertrand commence à écrire des dialogues qui ne correspondent plus exactement à la réalité. Il s’imagine noyer Eva dans sa baignoire : est-ce ce qu’il a écrit dans sa pièce ? A l’opposé, Régis (ou Jean-Louis), curieux de pouvoir connaitre cette vie trépidante, est à la limite de basculer. Mais contrairement à Bertrand, il accepte d’être lui-même, même si c’est bien moins excitant. Il a bien conscience que s’il a pu coucher avec une jeune fille mignonne, c’est parce qu’elle avait un peu pitié de lui. Bertrand ne s’accepte pas comme il est, il veut séduire Eva mais c’est lui qui devient complètement dépendant d’elle.

Madame Marlin (c’est son vrai nom) s’est également créée un personnage fort, sauf qu’elle fait la part des choses entre ce rôle de prostituée qui lui rapporte tant d’argent, et sa réalité de femme amoureuse de son Georges pour l’instant en prison. On sent à de rares moments qu’elle pourrait franchir la ligne rouge, mais elle reste toujours maîtresse de son destin et de la situation. La fin est tragique. C’est d’ailleurs rare d’avoir des films avec une fin aussi rude. Outre le terrible accident de voiture (qui ne suffira pas pour que Bertrand s’écarte de son obsession puisqu’il retourne voir Eva encore et toujours), la dernière réplique d’Isabelle Huppert vient conclure ce film magistralement. A sa copine qui demande qui est Bertrand, elle répondra par un lapidaire « Personne ». A force de vouloir être quelqu’un d’autre, il a juste réussi à n’être personne : rideau.

Parce qu’il ne faut pas vouloir voir le film que l’on voulait voir

                Quand je lis toutes les mauvaises critiques sur ce film, je me dis que beaucoup voulaient voir la suite d’ « Elle » ou un thriller sulfureux avec du sexe à gogo. On me rétorquera que la bande-annonce vendait le film comme ça, mais je ne regarde pas les bande-annonces…

http://lecoindescritiquescine.com/les-dossiers-cinema/ne-regarde-presque-jamais-bande-annonces/

Eva est un film cohérent. J’aurais pu développer aussi une partie sur la réalisation de Benoit Jacquot avec ce train qui passe, cette baignoire récurrente, ce jeu sur les gros plans/enfermements, sur les cadrages champ/contrechamp avec très peu de scènes où les personnages apparaissent dans le même cadre, la caméra en traveling ping-pong quand Bertrand se dispute avec sa femme, l’utilisation des miroirs, etc etc. Mais j’ai déjà été suffisamment bavard !

Le suspense existe bel et bien car on se demande si Bertrand va réussir à se sortir de ce bourbier dans lequel il s’est lui-même placé. On peut d’ailleurs toujours se demander si la dernière partie du film ne correspond pas à la fiction qu’il a inventée. La solution pour cet auteur, ça aurait été de savoir s’aimer pour ce qu’il est vraiment. Et là, la boucle se boucle.

Car finalement, être un bon spectateur, n’est-ce pas être un spectateur qui sait aimer un film pour ce qu’il est et non pour ce qu’il voudrait qu’il soit ?

« La Ch’tite famille », vue par une ch’tiote biloute !

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Alors qu’il vient à peine de recevoir le César du Public (le P majuscule est important), Monsieur Boon casse déjà le suspense pour l’année prochaine : le doublé est déjà en poche. Il va réussir à surpasser son concurrent le plus féroce : Jeff Tuche ! Autopsie du nouveau phénomène.

La famille c’est important, la renier c’est mal.

                Pour faire une bonne comédie, il faut d’abord une bonne situation dramatique. Quand les émotions oscillent de la tristesse au rire, on touche le Public en plein cœur. Ici, le scénario fonctionne à merveille : un ancien ch’ti caricatural devient un bobo caricatural, reniant son passé à l’extrême. Mais un terrible choc va le contraindre à retisser ces liens familiaux distendus.

Promis, je ne spoilerai pas : vous vous doutez bien que le film va aller de surprise en surprise pour une fin pas du tout prévisible (ironie). Sujet dans lequel chacun s’y retrouvera, d’une façon ou d’une autre. En plus, on sent le caractère autobiographique du réalisateur-acteur qui fait sa propre introspection dans ce film. Un coup de maître.

En tout cas, pour ceux que le sujet intéresse – comment concilier l’ascension sociale quand on vient d’un milieu modeste ? – je ne saurai que vous conseiller le récent « Marvin ou la Belle éducation », le film d’Anne Fontaine librement inspiré du roman « En finir avec Eddy Belle Gueule ». En attendant une adaptation de la Place d’Annie Ernaux ? Le Public me répondra que c’est moins drôle…

L’art du rire : vois un Dany, ça ira mieux !

                L’humour est-il une science exacte ou un art versatile ? On le dit souvent, c’est plus difficile de faire rire que de faire pleurer. Force est de constater que notre ami Ch’ti (je rappelle que je le suis également !) semble détenir la formule magique, tant il réalise toujours le sans-faute. Après l’incroyable succès de « Bienvenue chez les Ch’tis », nous voici ici face à la vraie-fausse-suite.

Et c’est là que ça pique vraiment. Pourquoi forcer autant cet accent, surtout quand on ne le maîtrise pas ? Parce qu’à part le régional de l’étape (et Laurence Armé, aussi douée dans le film que pour l’accent), ça fait quand même très mal aux oreilles. C’est forcé, c’est exagéré. Comme ces gags que l’on voit arriver à plein nez, que l’on espère très fort que l’on ait le droit à autre chose. Mais non. A l’image du running gag essoré des chutes et de l’ostéopathe, ou de la mob’… On a aussi l’impression qu’il fallait écouler tous les mots et toutes les expressions ch’ti, comme pour laisser un catalogue impérissable de notre langue, allant du « kway » à la « wassingue », en passant par « ferme eut bouc, tin nez y va ker eud’dans ».

Alors je sais, la vie est dure et heureusement qu’il y a des comédies pour se faire du bien. Et puis on ne va pas au cinéma pour se prendre la tête, pour réfléchir. On n’est pas des bobos, des Parigots (tête de veau). L’humour de la Grande vadrouille était-il plus fin ? Sur les 15 millions qui verront ce dernier chef d’œuvre, combien connaissent l’existence de « Gaspard va au mariage » ou de « Phantom Thread » ?

Pourquoi pas… mais pourquoi ?

                Quand le film se pose un peu, on ne passe pas un moment désagréable. Pi s’il y a tant de gens qui vont le voir, c’est que ça doit être bien ! Dany Boon est juste, comme toujours. D’un autre côté, il joue aussi toujours les mêmes rôles, heureusement qu’il maitrise ! Le film est touchant, car il est humaniste, consensuel, universel… Avec même un vrai bel hommage à Johnny !

Les personnages secondaires existent, vraiment, mais ils restent très caricaturaux. Beaucoup sortiront en disant que Line Renaud ressemble à leur mère ou que Pierre Richard a de vraies ressemblances avec leur père. La petite Britney est la voie de la sagesse, parce qu’on sait bien que la vérité sort de la bouche des enfants. Simple. Basique.

Pourquoi le public se déplace-t-il toujours en masse pour ces comédies, alors qu’il ne connait même pas l’existence de petits bijoux de subtilité ? Est-on forcément perché lorsque l’on aime autre chose que tous les succès populaires ? Voyons le positif : le CNC va bien s’enrichir en ce début d’année 2018 (entre les Tuche 3, 50 nuances plus sombres et la Ch’tite famille) : vive l’exception culturelle française… mince, je parle comme Valentin D…

Revenge : le talent au féminin contre Weinstein ?

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Une histoire de revanche bien gore : ça n’arrive pas souvent de voir ce genre de film en France. Et quand en plus, le héros est une héroïne filmée par une réalisatrice sans complexe mais avec talent, ça vaut bien le coup de s’attarder sur ce Revenge !

Invraisemblances ou symboles forts ?

Beaucoup de critiques négatives mettent en avant l’invraisemblance de la résurrection de notre héroïne bien mal en point. A mon sens, ce film tient de la métaphore, tant ses symboles sont nombreux et plutôt explicites. Traumatisée par le viol (symbole de toutes les violences physiques et psychologiques), on pense que la demoiselle est morte de l’intérieur et qu’elle ne pourra pas s’en relever. Mais, tel un Phoenix, elle renait de ses cendres. Une façon de dire à toutes les femmes agressées qu’elles peuvent se relever.

Il en est de même pour la scène de la caverne (amis platoniciens, encore un symbole on ne peut plus clair !) : grâce à ce puissant hallucinogène confié par son bourreau, la presque morte arrive à se retirer le pieu (symbole phallique de tous ces maux) en se cautérisant grâce à une bière (symbolisant le beauf de base ?) dont le logo sera même tatoué sur son ventre : une façon de dire qu’il faut se transformer en homme pour mieux se venger ?

Tout le film regorge de ce genre de clins d’œil. Dès l’ouverture, la sucette nous évoque le Lolita de Kubrick-Nabokov (le sous-texte est bien réel). La pomme croquée qui commence à pourrir, comme pour montrer que ce temps où la femme était considérée comme la cause du péché originel est révolu ? Et ce violeur qui n’assume pas qui se gargarise de jouer avec son engin pour tuer gratuitement cette araignée qui ne lui a rien fait : n’y a-t-il rien à interpréter ? Ce même pauvre type (c’est moi ou il ressemble à Hanouna ?) qui se rend compte que le bout de verre qu’il a dans le pied est bien plus difficile à retirer qu’une petite épine…

Les lieux me semblent également lourds de sens. Le désert symbolise l’âpreté de cette existence où survivre est un vrai défi. A l’opposé, la villa montre le culte de l’artificiel (avec ce télé-achat final en summum de ce contraste). Les sources d’eau vont dans la même direction : la piscine (faux point d’eau créé par l’Homme) apparait comme l’élément où on se cache la réalité (c’est là où le « témoin » se réfugie pendant le viol, c’est là où le petit-ami va se plonger la tête) alors que le « lac-oasis » sera le premier endroit où la vengeance opèrera, comme si la Nature était purificatrice.

Une caméra a-t-elle un sexe ?

Toute cette symbolique pourra être considérée comme trop lourde, comme on a pu critiquer Aronofsky pour Mother ! par exemple. Personnellement, c’est ce que j’attends de la mise en scène, sachant que toute cette forme vient servir le fond : un pamphlet féministe sur cette société qui préfère se cacher la réalité (ou se réfugier derrière les avocats « qui trouvent toujours quelque chose » comme le fait remarquer l’un des vilains garnements).

Coralie Fargeat montre que filmer la violence et le gore n’est absolument pas réservé aux hommes. La réalisatrice signe son premier long-métrage, même si j’avais particulièrement aimé son court « Réalité + » (vu au Festival Philip K.Dick et dont l’un des acteurs joue également dans Revenge) avec une richesse de mise en scène impressionnante. Les cadrages sont inventifs et variés allant des plans larges sur le désert marocain aux gros plans sur un avalage d’ours en guimauve. Les couleurs très pop (parfois à la limite du trop saturé) et la photographie du chef opérateur Robrecht Heyvaert (remarqué également dans « Les Ardennes », où on retrouve d’ailleurs l’un des autres acteurs de ce film) donnent une vraie identité visuelle au film.

Peut-on dire que la caméra a un sexe ? La façon dont est filmée Matilda Lutz permet d’apporter des éléments de réponse. Dès le début, la belle entre dans les codes des fantasmes masculins. On voit davantage ses fesses que son visage, il ne lui faut pas longtemps pour se mettre à genoux devant son amant, sa danse lascive fait perdre la tête à l’ensemble de la gente masculine. Est-ce une façon de montrer le regard qu’ont ces porcs sur elle ? Ou une façon de dire qu’une femme a le droit d’être sexy sans se faire importuner ? Gros point positif selon moi : tout ça évolue. Et c’est là toute la qualité de la performance de l’actrice italienne : l’étendue de son jeu. Bimbo superficielle au départ, elle devient peu à peu une machine de guerre.

A l’opposé, les hommes sont décrits de manière caricaturale. Ils sont stupides, égocentrés, faibles et violents. Mais ils finiront par être mis à nu (au sens figuré comme au sens propre) avec une scène finale en jeu du chat et de la souris (qui est la proie, qui est en chasse ?) toute en subtilité. J’ai d’ailleurs trouvé Kevin Janssens bien plus doué pour montrer son corps que lorsqu’il débite ses dialogues (pauvres le plus souvent, un point faible selon moi dans ce film). Dans le même ordre d’idée, la scène du viol est filmée avec finesse : très explicitement suggéré en hors champ. On voit l’avant, on entend pendant, on fait semblant de ne pas voir à travers la vitre. Cette recherche permet d’ailleurs au film de garder sa dynamique : on comprend vite ce qu’il va se passer, mais il y a suffisamment de recherche pour être surpris.

Le film de genre peut-il exister en France ?

Ce revenge movie (torture porn ?) m’a fait penser à un mix entre le Desierto du fils Cuarron (sans le chien !) et le Boulevard de la Mort-Kill Bill sauce Tarantino. Clairement, on ne se croit pas dans un film français qui reste très et trop souvent cantonné aux comédies (pour bobo ou franchouillardes) et aux drames d’auteurs qui font peur à la plupart des cinéphiles raffolant de rythme et d’action.

Clairement, le paysage cinématographique français reste peu varié et s’essaie rarement aux films de genre. Dernièrement, on peut souligner « Seuls » (l’adaptation de la BD du même nom) en film post apocalyptique ou Arès en prototype national de la science-fiction. On peut louer les intentions, et se désoler du manque de moyens qui limite forcément la réalisation finale.

Mais quand on parle de références en parlant de Revenge, comment ne pas penser à Grave, l’ovni français de 2017 ? Dans un contexte toujours ébranlé par l’affaire Weinstein (même si ces deux films ont été réalisés avant), on peut dire que Julie Ducournau et Coralie Fargeat ont l’art pour mettre en scène des personnages féminins forts et sans complexes. Ici, le gore est étiré jusqu’à l’outrance, et nul doute que certains sortiront de la salle, spectatrices comme spectateurs !

Finalement, ne tient-on pas là l’une des voies pour redynamiser, moderniser et diversifier le cinéma français (et pas que) ? Donner davantage les clefs du camion à des réalisatrices aussi douées pour leur permettre de donner leur vision nouvelle de genres maintes et maintes fois ressassés sans originalité ? Des réalisatrices capables de partir de l’héritage existant pour mieux s’en affranchir et pour inspirer à leur tour la future génération, hommes et femmes mélangés ?

Downsizing : grand film ou mini-déception ? (spoilers)

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Très attendu par la bobosphère, puis mis au pilori par les critiques presse (un peu) et spectateurs (beaucoup), j’avais hâte de voir ce film pour me faire ma propre opinion. Ayant beaucoup aimé, j’ai pris le temps de lire les différents avis négatifs et cela m’a donné envie de rédiger un article. Non pas pour convaincre les déçus, mais pour expliquer mon point de vue.

Quel est le propos du film ?

Si le titre, la bande-annonce et la promo mettent en avant le principe de miniaturisation des êtres humains afin de lutter contre la surpopulation, je pense que le propos du film est ailleurs. Il s’agit d’une réflexion sur le sens de la vie. Matt Damon et sa charmante épouse ne sont pas totalement heureux, il leur manque quelque chose, sûrement par manque d’argent, de temps, de poids de la routine. Sous couvert d’aider la planète, se faire réduire leur permettra de couler des jours heureux à Leisure Land, nom explicite. Beaucoup d’avis de spectateurs négatifs mettent en avant l’abandon progressif du Downsizing. Je le comprends mais je pense que c’est parce que le scénariste utilise la miniaturisation comme point de départ, et non comme sujet principal à cette œuvre.

Pourquoi tant de sous-sujets ?

On lit également que le film s’éparpille dans une multitude de sous-sujets, ce qui l’empêche de les développer véritablement. Pour moi, ce choix est cohérent avec le propos cité plus haut. La vie miniature apparait comme une solution miracle à tous les maux. Au final, Paul Safranek finit par être confronté au même problème central : comment donner du sens à son existence ? Tous les aspects développés (l’écologie, le problème des déchets, la société de consommation et l’appât du gain, les classes sociales, les migrants, etc) le sont faits de manière satirique, comme pour montrer que toutes ces grandes causes collectives sont vécues avec beaucoup d’hypocrisie par bon nombre de citoyens : leur choix de séjourner à Leisure Land est-il plus motivé par la planète, ou par leur plaisir personnel. Pas besoin donc de développer tous ces thèmes qui ne sont pas importants individuellement en tant que tel, mais qui le sont dans leur ensemble et dans leur opposition aux choix individuels.

Pourquoi l’arrivée de Ngoc Lan Tran est-elle cohérente ?

Beaucoup de spectateurs disent avoir totalement décroché avec l’arrivée de la Ngoc Lan Tran, virage où les Minimoys deviennent clairement plus secondaires. Pourquoi Paul est-il fasciné par cette réfugiée au caractère horripilant ? Parce que précisément, elle donne un sens à sa vie. Dans un premier temps, de par sa vocation professionnelle, oubliée au pays du plaisir. Il ressert enfin à quelque chose grâce à ses compétences au travail. Puis, petit à petit, lui qui a été abandonné lâchement par sa femme (alors que le couple semblait aimant), il s’éprend de la jolie vietnamienne, même si ce n’est peut-être pas totalement conscientisé tout de suite (à l’image de ses difficultés à répondre à la question sur le pourquoi on fait l’amour). C’est là que le film prend tout son sens selon moi. La vie de plaisirs ne le rend pas heureux, mais partager du temps avec une éclopé physique et de l’existence devient jouissif.

Pourquoi la fin est-elle dans la même lignée ?

Télérama n’a pas aimé que les écolos soient représentés comme une secte. C’est vrai qu’un film qui tourne ces savants en dérision et qui met en avant le travail pour redonner goût à la vie, ce n’est pas vraiment en adéquation avec la bien-pensance. La dernière demi-heure donne pour moi les réponses aux questions de Paul. Il est avec son voisin Dusan (Christoph Waltz, toujours aussi cabotin et talentueux), symbole de la personne qui profite de la vie, sans voir beaucoup plus loin et sans se soucier de la morale et de l’éthique. Notre héros se retrouve à nouveau face à un choix : vivre dans l’Arche de Noé, ou pas. Le Downsizing est loin, mais on reste dans la même logique. Au final, se faire miniaturiser n’a pas changé grande chose : il est toujours face au même problème : comment donner un sens à sa vie ? Sa décision finale donne une conclusion cohérente au film : il décide de mettre la priorité sur les humains, et non sur la planète. Il faut prendre soin des gens autour de nous, plutôt que de se perdre dans des causes bien trop grandes pour nous. Les dernières images du film restent dans la même cohérence. On peut même se dire que Paul s’est écarté de son métier d’ergothérapeute pour n’en garder que l’essentiel : aider les autres, médicalement ou autrement.

En conclusion, c’est vrai que le film est déroutant parce qu’il ne prend pas du tout la direction à laquelle on pouvait s’attendre. Le fait de privilégier les humains, au détriment de la planète peut surprendre et déranger. Downsizing est davantage une réflexion philosophique légère et non un film de science-fiction. Mais nous avons ici affaire à une œuvre originale et cohérente.

The Square : Analyse de la Palme d’Or 2017 en 3 questions

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Satire… dans tous les sens !

Dans The Square, on suit le quotidien de Christian (un mec classe mais qui ne joue pas dans la chambre rouge), directeur d’une galerie d’art contemporain venant d’acquérir une œuvre soulignant les bienfaits de la solidarité et de l’égalité entre tous malgré leur condition sociale. Faites ce que je dis mais pas ce que je fais : notre héros et ses amis n’appliquent pas ses préceptes à la lettre, surtout quand Monsieur Bobo se fait chiper son portable !

Clairement, le film se veut satirique et personne n’aura fait le voyage pour rien. Critiquant la bien-pensance qui n’agit pas, Ruben Östlund s’attaque aussi à ce monde de l’art contemporain où personne ne comprend vraiment les œuvres exposées (les moments d’interviews sont savoureux, tout comme le passage de l’homme d’entretien maladroit).  On insiste sur le manque d’empathie évident dans un milieu (une société ?) surfait d’apparente élégance. La partie communication/réseaux sociaux en prend aussi pour son grade avec un duo de publicistes réussi.

On peut approfondir le sous-texte, avec des réflexions intéressantes sur la notion de pouvoir, de puissance, mais aussi de fuite des responsabilités. On entre alors dans une dimension politique avec une critique (une mise en garde ?) sur cette société suédoise dont on s’est habitué à vanter les mérites mais qui voit ses vertus de bien-vivre mises à mal. On entend souvent que les scénarii actuels sont peu étoffés : The Square est un joli contre-exemple.

Un crescendo de rupture de tons

La durée (2h22) peut effrayer ceux qui veulent du vite, du condensé, du format-série. Mais le réalisateur du très bon Snow Therapy a subtilement construit sa narration en ruptures de tons, parfois brutales. On rit beaucoup, on peut s’émouvoir (à froid), on réfléchit (non, ce n’est pas grave), on retient son souffle, on se demande comment ça va finir… A la manière d’un Tony Erdman (mais en plus rythmé), ce mélange des genres fait merveille.

La montée en puissance de cette farce se fait crescendo. Partant d’une interview maligne entre Christian (brillamment interprété par le néophyte Claes Bang) et Elisabeth Moss (vue à son avantage dans la brillante et récente série The Handmaid’s Tale), on a vite le droit à une petite mise sous tension avec le vol du portable. Puis peu à peu, le piège se tend et se referme durant la dernière demi-heure. Tout d’abord avec cette vidéo virale sur youtube qui commence à mettre mal à l’aise…

Puis avec cette scène du repas qui restera gravée dans ma mémoire de cinéphile. Le cinéma scandinave nous avait déjà offert celle de Festen de (et avec) Thomas Vinterberg, il récidive avec une performance artistique à la Marina Abramovic qui fait froid dans le dos (et vous, comment auriez-vous réagi ?). Terry Notary (le Rocket de la Planète des singes, le gorille de Kong) se montre pour la première fois « en vrai » devant la caméra et on s’en souviendra !

Pas assez nuancé pour être Palmé ?

« The Square, c’est bidon : 120 battements par minute aurait davantage mérité la Palme ! ». Je n’entrerai pas dans ce débat que je trouve très bas et surtout inutile. Une remise de prix est forcément subjective, avec des films très différents. J’ai aimé 120 bpm, j’ai aimé le Redoutable, Rodin, l’Amant Double, Good time… j’ai hâte de voir la Mise à mort du cerf sacré… Quant à savoir « C’est qui le plus fort : l’éléphant ou l’hippopotame ? », je laisserai le soin à Serge Karamasov de répondre !

En revanche, est-ce qu’au final, ce film avec Christian ne souffre-t-il pas d’un manque de nuances ? A force de tirer sur tout, ne tombe-t-il pas dans le n’importe quoi ? N’agit-il pas à l’inverse du discours qu’il dénonce ? Selon moi, nous sommes dans une limite qui n’est pas franchie, notamment grâce à la profondeur du héros, à l’image de cette scène où sa conquête d’un soir conspue ce mâle profitant de son statut… mais à laquelle il lui répond qu’elle représente bien la femme attirée par le statut.

Effectivement, à ce champ satirique, on aurait peut-être aimé avoir un contrechamp (même si cette grammaire cinématographique est habilement utilisée ici) dans les personnages, par exemple un vrai amoureux de l’art, un vrai gentil qui pense aux autres. Mais au final, la réponse à toutes ces visions négatives, c’est la scène où la fille du héros se produit avec son équipe de pom pom girls, où chacun se porte et a besoin des autres, dans un joli terrain en forme de carré…

 

En guise de conclusion, un scénario étoffé, une mise en scène soignée, un mélange de genres jouissif, des acteurs inspirés : essayez ce film, parce que Cannes, ce n’est pas (que) pour les gens perchés !

 

Kingsman 2 : Le Cercle d’Or évite-t-il l’écueil de Kick Ass 2 ?

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Kingsman Services Secrets constituait l’une des très bonnes surprises de 2015., trouvant le bon panaché entre les scènes d’action originales (avec un joli feu d’artifice final) et l’humour second degré so british. On peut dire que Kingsman est aux films d’espionnage ce que Kick Ass est aux films de super-héros. Avec comme point commun leur réalisateur : Mattheu Vaughn.

Le souci quand on s’attaque à la suite de ce genre d’OVNI, c’est que l’on est attendu au tournant : il est difficile d’aller au-delà du miracle de l’effet de surprise. Kick Ass 2 (d’un réalisateur différent d’ailleurs…) reste un très bon exemple, tout comme, à un degré moindre, les Gardiens de la Galaxie 2. Vous voulez du cool ? On va vous en donner. A la pelle, on va en faire des caisses, le too much à la louche. Ayant particulièrement apprécié le 1, telle était ma grande crainte pour ce 2ème opus.

Ce sentiment a grandi lors des premières minutes du film, avec une scène m’a fait penser à la course-poursuite vintage de Agents très spéciaux – code U.N.C.L.E. , mais en mode démesuré. Mais après ça, tout a fonctionné… La vraie bonne idée : avoir transféré la classe des costumes-cravates au pays de la country. Ça permet de garder la patte agent secret déjanté mode OSS 117, mais sans rester dans le même univers visuel, les mêmes blagues, les mêmes personnages.

Les personnages : voici l’un des points forts de ce film. Un casting 5 étoiles qui reprend le trio magique Taron Egerton-Colin Firth et Mark Strong auquel vient s’ajouter des noms de prestige, avec des rôles à contre-emploi qui ont dû être jouissifs à interpréter ! Tout d’abord une Juliane Moore terrible en méchante impitoyable dans son Poppy’s land très travaillé. Halle Berry se métamorphose physiquement pour jouer un médecin scientifique, le mono-expressif Channing Tatum en benêt texan, Jeff Bridges en chef perché-décalé… A cela s’ajoute monsieur séries (Narcos, Mentalist, etc) Pedro Pascal en agent spécialiste du lasso. And the last but not the least… dans son propre rôle, un Elton John énorme ! Voici le type de délire original pour garder l’esprit si particulier du premier Kingsman !

Au final, on en a pour notre argent : du rythme, de l’humour décalé qui se prend faussement au sérieux, des coups de théâtre, des personnages riches en couleurs, un univers visuellement original et abouti, des petites trouvailles technologiques sympas, une intrigue qui tient la route pour ce genre de film. Alors évidemment, l’effet de surprise du premier épisode n’est plus là, la suite n’atteint pas l’original, mais on passe quand même un très bon moment !

Le Château de verre : l’Analyse en 3 questions

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Drame américain réalisé par Destin Daniel Cretton et sorti le 27 septembre 2017 (2h08)

Avec Brie Larson, Woody Harrelson, Naomi Watts

Sorti discrètement ce mercredi, que nous inspire la rencontre entre Brie Larson et son père Woody Harrelson ?

Captain Fantastic et Mister Hyde ?

C’est l’histoire d’un couple, Rose et Rex, qui vit avec sa tribu familiale en changeant de maison régulièrement afin d’éviter les créanciers. Madame peint des toiles plus ou moins expressionnistes et Monsieur se partage entre deux passions : imaginer la future et utopique construction de leur Château de verre et vider des bouteilles d’alcool achetées avec le peu d’argent qu’ils ont. Ce mode de vie marginal va de pair avec une éducation originale, basée sur la lecture érudite, le rejet des normes et la prise de risque (on apprend à nager en se jetant à l’eau, advienne que pourra).

Ce pitch n’est évidemment pas sans rappeler le récent et magnifique Captain Fantastic avec Viggo Mortensen. Mais ici, le côté sombre du papa est beaucoup plus développé, créant un véritable équilibre entre empathie et répulsion. Face à ce système débilisant, on peut vivre autrement… Mais à quel prix ? L’autre différence majeure vient du fait que le Château de verre propose deux timelines : ce qui se passe maintenant alors que Jeannette est sur le point de se marier (propice moment pour que remontent les démons de son enfance) et les moments passés qui expliquent ses rapports avec ses parents et ses frère et sœurs.

Brie Larson & Woody Harrelson : plutôt blockbusters ou films d’auteur ?

A-t-on besoin de présenter Woody Harrelson ? Monsieur Succès du box office : Hunger games, Insaisissables, Planète des singes Suprématie, True Detective, Les Blancs ne savent pas sauter… on en oublierait presque que cet acteur au registre varié a multiplié les projets méconnus et originaux (à voir The Scanner Darkly). Il retrouve ici la toujours juste Brie Larson (connue notamment pour Room et bientôt super-héroïne dans la peau de Captain Marvel) qui revient sous la caméra de Destin Daniel Cretton après leur réussite commune States of Grace, très beau film dans un foyer pour jeunes défavorisés.

Ici, le duo fonctionne à merveille. Dans le rôle du père alcoolique, charismatique et aimant, Woody crève l’écran, sans en faire trop : avec justesse et mesure. Face à lui, Brie Larson incarne avec brio cette rédactrice pleine de contradictions, hantée par cette éducation si particulière. Tout le monde peut se retrouver dans cette histoire vraie : sans avoir vécu ces moments atypiques, qui n’a jamais réfléchi aux apports et aux limites de son éducation ? Nos parents ont-ils été parfaits ? Peut-on rester manichéen face à des réflexions ?

Flashback : épaisseur ou lourdeur ?

Avec beaucoup de caractère, Jeannette Walls a fui son père excessif et sa mère soumise. Elle est sur le point de se marier et vit dans l’opulence à New York, pendant que ses parents habitent dans un taudis bien loin du Château de verre de leurs rêves. Leurs relations sont chaotiques, et on comprend touche par touche les raisons, grâce à de nombreux flashbacks qui retracent les moments forts de l’éducation de notre Jeannette.

Cette deuxième temporalité apporte au film toute sa profondeur et aux situations toute leur complexité. Rex est aussi génial que pénible, son éducation aussi riche que dangereuse. Malheureusement (comme souvent dans ce genre de construction narrative), l’histoire qui se déroule dans le présent reste peu développée par rapport aux flashbacks, et a bien du mal à avancer avec fluidité, la faute à ce rythme sans cesse coupé par les retours en arrière pourtant très bien faits. Ca fonctionne très bien, mais pour avoir un chef d’œuvre, il aurait sûrement fallu mieux équilibrer le tout.

En conclusion, Le Château de verre est un vrai beau film qui nous a beaucoup touchés. Traitant en profondeur les questions de notre rapport à notre propre éducation, il met en scène magnifiquement deux acteurs qui donnent une vraie plus-value au film. Nous regretterons juste le manque d’épaisseur de la partie se déroulant dans le présent et une réalisation assez conventionnelle.

 

Comparaison : Les Proies de Siegel (1971) / Les Proies de Copolla (2017)

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46 ans séparent les deux propositions : a-t-on le droit à deux versions identiques, ou est-ce que les choix des deux réalisateurs diffèrent ?

Approfondir ou laisser plus de marge aux spectateurs ?

Les deux structures narratives sont les mêmes, avec deux durées sensiblement identiques et un élément perturbateur qui arrive quasiment dans le même timing. Les événements s’enchainent presque de la même manière du début à la fin.

En revanche, là où Siegel fait le choix de vraiment développer ses personnages, Coppola opte pour moins de détails. Dans le film de 1971, on nous propose à des flashbacks qui nous permettent de cerner facilement les problématiques des différents protagonistes. On comprend mieux les réactions des unes et des autres et leurs relations. En 2017, on en sait peu, ce qui peut ouvrir la voie vers plus de liberté et de subtilité.

Le rapport à la Guerre de Sécession est également très différent. Dans le premier film, on parle souvent des conflits entre Sudistes et Nordistes, on sent que ça affecte le quotidien de chacun. En revanche, dans le deuxième opus, on a quelques évocations rapides, mais on retient plus qu’il y a une guerre en général, sans considérer cet événement en particulier.

Thriller rythmé ou contemplation feutrée ?

Ces choix divergents contribuent à une différence de rythme entre les deux films. Chez Siegel, on sent une vraie tension du début à la fin. L’ouverture à base de photos, la découverte du sang et du caporal bien abîmé montrent d’emblée des partis-pris différents. Les corbeaux semblent être un avertissement que tout cela va mal tourner. Coppola choisit une mise en scène beaucoup plus contemplative, avec un extérieur plus propre et aéré, là où les scènes d’intérieur sont vite étouffantes, malgré un rythme plus lent.

Les musiques appuient cette tendance. Dans la version originale, elle est omniprésente et créé une vraie mélodie dramatique, avec des musiques entrainantes, parfois limite cavalcade de western. L’ouverture se fait sur une petite ritournelle qui viendra également clore le film, donnant du sens à l’ensemble : ne laissez pas vos hommes partir à la guerre. Dans le remake, il y a peu de sons, ça reste très sur la réserve, comme si on voulait nous laisser entrer dans le film à notre rythme.

Si les structures narratives sont presque identiques, le timing du partage de digestifs entre le caporal et la maîtresse de maison diffère. Ce détail n’en est pas un. En effet, chez Copolla, cet événement intervient bien avant. On sent que Nicole Kidman pourrait se laisser tenter par cet homme, mais elle reprend finalement bien vite le contrôle. Chez Siegel, ce moment a lieu juste avant le drame. Après un baiser enflammé (absent dans la 2ème version), elle ne ferme pas la porte à clef, invitation non voilée pour que bellâtre vienne la rejoindre. Cette différence apporte un éclairage différent dans le débat « Etait-il indispensable de lui couper la jambe, ou est-ce une vengeance personnelle ? ».

Peut-on être encore transgressif à l’époque des réseaux sociaux ?

Je n’ose imaginer le déferlement de critiques sur facebook en 1971… Les journaux de la bien-pensance auraient bondi ! Si Clint Eastwood se montre bien plus charismatique que le très verbeux Colin Farrell, il multiplie cependant les transgressions. Il ne lui faut même pas dix minutes pour embrasser sur la bouche une fillette de 12 ans. De nos jours, on crie à l’apologie de la pédophilie pour bien moins que ça…

Notre charmant militaire y va également de sa charmante logorrhée expliquant à la servante noire qu’il veut lui faire l’honneur du plaisir donné par l’homme blanc. En 2017, on ne peut pas se permettre ce genre de propos raciste. C’est tellement impossible que dans le remake, le personnage de la servante noire n’existe même pas !

Pour compléter ce joli tableau de chasse, les flashbacks nous apprennent que la maîtresse de maison n’a pas eu de relation intime depuis celle passionnelle qu’elle a entretenue avec… son frère ! On se croirait dans Game of throne ! Pédophilie, racisme, inceste… Copolla préfère développer l’axe du féminisme, beaucoup plus d’actualité.

Au final, j’ai nettement préféré le film original. Si le remake propose un casting féminin de haute volée, le manque d’épaisseur des personnages m’a gêné. Le rythme très lent ne m’a également pas permis de me sentir dans un thriller, là où le film de Siegel est beaucoup plus immersif. Pour être tout à fait complet, il ne nous reste plus qu’à lire le roman de Thomas Cullinan dont sont issues ces deux propositions !