Date de sortie : 29 janvier 2019
Développeur : Square-Enix
Réalisateur : Tetsuya Nomura
Genre : Action-RPG

Nationalité : Japonais
Compositeur : Yoko Shimomura
Disponible sur : PlayStation 4, Playstation 5, Xbox One, Xbox Series S, Xbox Series X et PC.

 

 

 

 

 

Magnifiquement imparfait.

 

Il aura été longtemps attendu ce Kingdom Hearts 3. Sorti en janvier 2019, soit 14 ans après Kingdom Hearts 2 qui était sorti en 2005 sur Playstation 2. Tout cela ne nous rajeunit pas. Evidemment la saga qui mêle habilement les univers de Final Fantasy et de Disney, tout en créant sa propre mythologie et son propre univers, n’est pas restée inactive pendant tant d’année. La saga a en effet eu de nombreux sous épisodes sortis sur les consoles portables de Playstation et de Nintendo afin de densifier l’histoire déjà fortement complexe et nébuleuse. Toutefois les gens n’avaient d’attentes que pour cet opus qui était sensé clôturer les aventures de Sora dans la quête du Kingdom Hearts. Evidemment le jeu ne sera pas accessible à tous pour être pleinement apprécié. Comme je l’ai dit, l’histoire de la saga est nébuleuse et parfois inutilement complexe. Pas facile de suivre ce scénario parfois tiré par les cheveux, divisé sur plusieurs plates-formes en près de deux décennies, même si ce ne sont pas les résumés qui manquent sur Internet. On se contentera ici d’un postulat succinct : Sora et les porteurs de Keyblade s’apprêtent à affronter L’Organisation XIII, menée par le terrible Xehanort, pour un affrontement final terrible entre la lumière et les ténèbres.

Ce que l’on constate tout de suite c’est que ce Kingdom Hearts 3 est visuellement magnifique. Je dois le reconnaitre, les deux premiers Kingdom Hearts, en particulier le second opus, ont marqué mon adolescence grâce à sa reconstruction irréprochable des différents mondes Disney qu’il nous était possible de visiter. Ce troisième opus tape fort avec ses combats hautement colorés et dynamiques mais surtout grâce à ses niveaux Disney gigantesques et extrêmement détaillés. C’est simple on se croirait parfois littéralement plongé dans les mondes de la marque de Mickey. Mention spéciale aux monde de Raiponce et de Hercule qui sont tout simplement bluffants. Petit plus appréciable, les mondes visités ne sont pas uniquement des vitrines technologiques, chaque monde possède des spécificités qui viennent enrichir l’expérience ludique vécue par le joueur. Contrôler des méchas ou  prendre la mer aux commandes de votre propre bateau dans le monde de Pirate des Caraibes, la monotonie n’existera que très peu tout au long de l’expérience.

La saga Kingdom Hearts étant l’un des portes étendards du genre Action-RPG, elle se doit de briller dans son gameplay et d’être un modèle de dynamisme tout en étant capable de faire ressentir au joueur qu’il incarne un élu aux pouvoirs incommensurables. Ce pari est réussi de ce coté là car c’est un véritable plaisir de contrôler Sora et de détruire par paquets de vingt les Sans-Coeurs, les Similis et les Nescients avec les différentes Keyblades qui possèdent toutes des spécificités et des combos qui leurs sont propres. Si on ajoute à cela les différents pouvoir magiques et les combos de groupes qu’il est possible de déchainer contre nos ennemis, les batailles peuvent se transformer en de véritables spectacles pyrotechniques acrobatiques qui vous feront ressentir un plaisir manette en main assez fou. Le nouveau système d’invocation permettant à Sora de faire appel à des attractions Disney fait assurément partie des aspects de gameplay qui m’a le plus touché. Découvrant le jeu deux ans après la majorité des gens, le tout dans cette période COVID, je dois avouer que cela m’a fait un bien fou de terrasser mes ennemis aux manettes de certains manèges du parc Disney. Si je devais relever un défaut, il faut reconnaitre que les affrontements peuvent parfois virer au grand n’importe quoi visuel tant ca déborde d’ennemis et d’effets en tout genre qui explosent dans tous les sens. Assez souvent on se retrouve à devoir ressentir les choses manettes en main que à vraiment voir ce qui se passe. On peut également regretter un manque conséquent de challenge.

Là où cet épisode apporte beaucoup à la saga c’est dans les phases d’explorations spatiales avec le vaisseaux Gummi pour rejoindre les différents mondes dispersés aux quatre coins de l’espace intersidéral. Entendons nous bien, on est loin du plaisir orgasmique des combats au sol, mais l’aspect visuel et sonore est tellement travaillé qu’on ressent beaucoup de plaisir à abattre les vaisseaux ennemis dans ces séquences qui rendent hommage aux Shoot’em Up d’antan. Mention spéciale aux affrontements contre les boss qui peuvent s’avérer vraiment nerveux et remémorer des souvenir d’arcades pour les plus vieux d’entre nous. Fondamentalement il  a peu de défis et le contenu des choses à trouver reste très anecdotiques mais j’ai pris énormément de plaisir à voler, déverrouiller des sphères géantes et réduire en poussière des amas d’astéroïdes à la recherche d’améliorations pour mon vaisseaux.

L’autre force de cet épisode c’est qu’il perpétue l’héritage musical de la saga. Kingdom Hearts a su marquer énormément de gens grâce aux sublimes compositions de Yoko Shimomura. Je pense honnêtement que sans son travail incroyable la saga n’aurait pas l’aura qu’elle possède aujourd’hui tant chaque musique colle parfaitement à la scène dans laquelle elle est imbriquée et arrive à définir parfaitement la psychologie de chaque personnage. On ne le souligne pas assez mais une bande son peut souvent être le facteur X qui permet de décupler la puissance symbolique d’une scène ou d’un passage jouable. Les développeurs japonais sont particulièrement doués dans cet aspect là, leurs jeux étant souvent identifiés à des bandes musicales toutes plus marquantes les unes que les autres. Kingdom Hearts 3 ne fait pas exception et s’inscrit parfait dans cette tradition. Je dois même confesser que certaines scènes à l’écriture beaucoup trop niaise m’auraient sans doute profondément ennuyé ou gêné sans ces partitions musicale de qualité.

Parlons maintenant de ce qui empêche ce Kingdom Hearts 3 d’être un excellent jeu. Comme je l’ai dit le jeu est magnifique et la retranscription des différents mondes est saisissantes mais la narration ponctuant l’exploration des différentes zone est une catastrophe, surtout quand on la compare aux autres éléments du jeu. Chacun des mondes Disney visités nous donnent l’impression de n’être là que pour allonger la durée de vie du jeu qui ne dépasserait pas les cinq heures en ligne droite si on se focalisait sur ce qui est réellement nécessaire à l’intrigue. Cette volonté de mélanger les sous intrigues des mondes Disney à la ligne rouge de cette conclusion ne prend malheureusement pas, engendrant des problèmes de rythmes hautement désagréables, le tout ponctué de scènes de dialogue à rallonge, nous donnant parfois l’impression de regarder un animé japonais bas de gammes où chaque personnage ressent le besoin de surexpliquer ce qui est en train de se passer sous nos yeux. Le pire étant lorsque les personnages du jeu eux même se demandent ce qu’ils viennent faire ici alors que ils sont sensés avoir plus important à faire, comme sauver l’univers.

Cette traversée des mondes Disney n’en ressort que plus inutile à l’histoire quand on arrive dans le dernier quart de l’aventure. Cette dernière partie du jeu en devient presque écoeurante car elle peut être résumée à une vulgaire succession de combats de boss. Si le jeu avait été intelligemment construit on aurait pu affronter les membres de l’organisation XIII tout au long du jeu mais ce n’est pas le cas. C’est comme si les développeurs s’étaient rappelés que il ne fallait pas oublier d’inclure ces méchants dans le jeu car Sora est supposé les terrasser dans cette conclusion. Je ne sais pas qui a eu cette idée mais il faudrait lui expliquer que cela donne un coté indigeste à la fin de l’aventure et que en plus cela ne permet d’exploiter correctement la volonté des méchants de l’aventure. Au final les membres de l’Organisation XIII manquent cruellement de tout et la raison du pourquoi de cet affrontement ne tient que peu la route. La fin souffre de tout cela qui lui donne parfois l’air d’être un épilogue à rallonge qui rame pour essayer de fermer les différentes trames, ce qui ne l’empêche pas d’en ouvrir de nouvelles pour nous faire comprendre que finalement ce troisième opus ne sera pas la fin attendue et espérée mais juste la conclusion d’un arc. Dommage, il est bon de savoir s’arrêter à temps.

Kingdom Hearts 3 est donc un jeu visuellement magnifique, très plaisant à jouer mais qui, malheureusement, se prend les pieds dans le tapis dès qu’il essaie de raconter quelque chose. Entre son écriture niaise et qui confine parfois avec le summum du ridicule en nous balançant des poncifs de shonen sur le pouvoir de l’amitié, un rythme de narration catastrophique qui donne l’impression que les trois quarts du jeu ne servent absolument à rien à part faire monter de niveau son personnage pour l’affrontement final et des méchants qui manquent de tout cet opus ne parvient pas à se hisser sur la marche qui lui aurait permis de rejoindre le rang des grands jeux. Il ne reste qu’un jeu qui ne parvient jamais à être à la hauteur de Kingdom Hearts 2 qui était devenu un monument de la Playstation 2. Il reste cependant plaisant à jouer manette en main et ce n’est déjà pas si mal.

 


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