LE CRIME DE L’ORIENT EXPRESS
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Kenneth Branagh offre un coup de jeune au mythique Hercule Poirot, le plus belge des héros de la littérature anglaise, dans un film clinquant et au rythme bien dosé. Pouvait-on envisager un plus bel héritage de l’œuvre d’Agatha Christie ?

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Réalisateur : Kenneth Branagh
Acteurs : Penélope Cruz, Johnny Depp, Kenneth Branagh, Michelle Pfeiffer, Willem Dafoe, Judi Dench, Derek Jacobi
Titre original : Murder on the Orient Express
Genre : Thriller
Nationalité : Américain
Distributeur : 20th Century Fox
Date de sortie : 13 décembre 2017
Durée : 1h54mn

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Le luxe et le calme d’un voyage en Orient-Express est soudainement bouleversé par un meurtre. Les treize passagers sont tous suspects et le fameux détective Hercule Poirot se lance dans une course contre la montre pour identifier l’assassin, avant qu’il ne frappe à nouveau.

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Malgré son attachement régulier à des adaptations commerciales et régulièrement décriées (de Frankenstein à Cendrillon en passant par Thor), le nom de Kenneth Branagh restera à jamais associé à ses mises en scène de l’œuvre de Shakespeare. Comme s’il voulait briser cette image, l’acteur-réalisateur s’attaque à présent à un autre pilier de la littérature britannique : Agatha Christie. Il s’agit aussi de dépoussiérer le personnage d’Hercule Poirot qui, depuis le début du siècle, n’est plus que le rôle-titre d’une série anglaise qui fleure la naphtaline.

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En se donnant le rôle du célèbre détective belge, Branagh fait le choix d’en faire un véritable héros, au sens contemporain du terme. Pour s’assurer de rendre sa capacité de déduction identifiable dès l’ouverture du film, il imagine une introduction pleine de rythme dans laquelle sa sur-intelligence apparaît à la fois comme un « super-pouvoir » et un effet comique, assumant ainsi de s’inspirer des récentes adaptations de Sherlock Holmes. Avec son jeu joyeusement cabotin, Branagh réussit toutefois en quelques instants à rendre son personnage suffisamment attachant pour jouer le jeu de se laisser embarquer dans un scénario dont la plupart des spectateurs connaît pourtant la fin.

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Du matériau d’origine, ce nouveau film n’aura modifié que certaines caractéristiques mineures des personnages, à commencer par leur nationalité d’origine, et ce afin de rendre plus crédible son casting. Le personnage principal lui aussi se voit d’ailleurs étoffé, puisque le scénario lui imagine les tourments d’un veuvage dans lesquels il se réfugie lors de ses moments introspectifs.

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On peut donc affirmer que Branagh a été très fidèle au roman, comme l’avait d’ailleurs été avant lui Sidney Lumet dans la version de 1974 ; mais il a apporté un soin tout particulier à l’épaisseur psychologique de son propre rôle. Puisqu’il est d’ailleurs impossible de ne pas comparer cette version à celle de 74, autant dire tout de suite que les présences de Judi Dench, Johnny Depp, Michelle Pfeiffer ou Penélope Cruz (acteurs dont le prestige est censé attirer les foules), n’ont pas autant de charme que pouvaient avoir celles de Lauren Bacall, Jacqueline Bisset, Sean Connery, Ingrid Bergman, Anthony Perkins ou… Albert Finney.

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Après tout, les personnages secondaires qu’incarnent ces interprètes de talent n’ont pas de place suffisante au sein du récit pour leur permettre livrer une prestation qui puisse marquer le film. Cet état de fait est particulièrement vrai dans cette nouvelle version, où ils n’existent que dans leurs courts échanges avec Hercule Poirot puisqu’il apparaît évident que Kenneth Branagh prend un soin tout particulier à se rendre omniprésent à l’écran. Ce qui pourrait apparaitre comme un exercice de pur nombrilisme prend cependant tout son sens dans le dernier acte où le jugement moral du détective se révèle comme étant le véritable enjeu de cette intrigue.

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Les tourments d’Hercule Poirot vis-à-vis de la légitimité ou non du meurtre vont d’ailleurs prendre le pas sur le mécanisme qui lui permettra d’en déterminer l’auteur, à un point tel que la résolution semble être amenée de façon quelque peu brutale car peu étoffée.

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Fort heureusement, la mise en scène de Branagh, très inspirée des films de Hitchcock, permet de mettre en place une tension qui rend ce classique du whodunit captivant à (re)découvrir. La véritable plus-value de cette nouvelle variation est assurément à chercher dans sa qualité esthétique, et en particulier dans la direction artistique qui fait de ce train un lieu dédaléen propice à un thriller psychologique.

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La beauté apportée aux décors enneigés extérieurs a d’ailleurs poussé le réalisateur à exploser plusieurs fois la contrainte du huis-clos en permettant à ses personnages de sortir de leur wagon. Des respirations qui alimentent le rythme global du film et donc sa modernité. La question à présent est de savoir si Kenneth Branagh tiendra à retrouver son personnage d’Hercule Poirot pour de futures investigations.

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C’est en tout cas dans ce sens que va allégrement la scène de fin, mais seul le succès de cette production risquée pourra le transformer en point de départ d’une nouvelle saga sous forme d’héritage d’Agatha Christie.

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7/10

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Cinéphile depuis mon plus jeune âge, c'est à 8 ans que je suis allé voir mon 1er film en salle : Titanic de James Cameron. Pas étonnant que je sois fan de Léo et Kate Winslet... Je concède ne pas avoir le temps de regarder les séries TV bonne jouer aux jeux vidéos ... Je vois en moyenne 3 films/jour et je dois avouer un penchant pour le cinéma d'auteur et celui que l'on nomme "d'art et essai"... Le Festival de Cannes est mon oxygène. Il m'alimente, me cultive, me passionne, m'émerveille, me fait voyager, pleurer, rire, sourire, frissonner, aimer, détester, adorer, me passionner pour la vie, les gens et les cultures qui y sont représentées que ce soit par le biais de la sélection officielle en compétition, hors compétition, la semaine de la critique, La Quinzaine des réalisateurs, la section Un certain regard, les séances spéciales et de minuit ... environ 200 chef-d'œuvres venant des 4 coins du monde pour combler tous nos sens durant 2 semaines... Pour ma part je suis un fan absolu de Woody Allen, Xavier Dolan ou Nicolas Winding Refn. J'avoue ne vouer aucun culte si ce n'est à Scorsese, Tarantino, Nolan, Kubrick, Spielberg, Fincher, Lynch, les Coen, les Dardennes, Jarmush, Von Trier, Van Sant, Farhadi, Chan-wook, Ritchie, Terrence Malick, Ridley Scott, Loach, Moretti, Sarentino, Villeneuve, Inaritu, Cameron, Coppola... et j'en passe et des meilleurs. Si vous me demandez quels sont les acteurs ou actrices que j'admire je vous répondrais simplement des "mecs" bien comme DiCaprio, Bale, Cooper, Cumberbacth, Fassbender, Hardy, Edgerton, Bridges, Gosling, Damon, Pitt, Clooney, Penn, Hanks, Dujardin, Cluzet, Schoenaerts, Kateb, Arestrup, Douglas, Firth, Day-Lewis, Denzel, Viggo, Goldman, Alan Arkins, Affleck, Withaker, Leto, Redford... .... Quant aux femmes j'admire la nouvelle génération comme Alicia Vikander, Brie Larson, Emma Stone, Jennifer Lawrence, Saoirse Ronan, Rooney Mara, Sara Forestier, Vimala Pons, Adèle Heanel... et la plus ancienne avec des Kate Winslet, Cate Blanchett, Marion' Cotillard, Juliette Binoche, Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, Meryl Streep, Amy Adams, Viola Davis, Octavia Spencer, Nathalie Portman, Julianne Moore, Naomi Watts... .... Voilà pour mes choix, mes envies, mes désirs, mes choix dans ce qui constitue plus d'un tiers de ma vie : le cinéma ❤️

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