Air Doll est un film japonais réalisé par Hirokazu Kore-Eda (Tel père, tel fils ; Still Walking). Nous y retrouvons notamment Doona Bae (The Host ; Sense 8), Itsuji Itao (Why don’t you play in hell) ou encore Arata (20th century boys). D’une durée de 1H50, le long-métrage est sorti en France le 16 Juin 2009. Il a reçu le grand prix du festival de Cabourg, et fût plusieurs fois nommé à Cannes. Mais que vaut donc ce film ? 

 

De quoi ça parle ? 

L’histoire se déroule à Tokyo. Nous suivons une poupée gonflable qui, dès le début du film, s’anime et prend vie. La poupée-humaine, alors dotée d’un cœur, part à la découverte de la ville et de ce que veut dire « vivre ». Elle trouvera la réponse dans un vidéo-club. Tiraillée entre sa nouvelle vie de femme et sa nature de poupée gonflable, la jeune fille va peu à peu découvrir les joies et les peines que l’on ressent quand on a un cœur. 

 

Et ça vaut quoi ? 

Je souhaite commencer la critique en saluant l’actrice Doona Bae, qui est juste magistrale dans ce film. La jeune femme joue le rôle de cette poupée qui découvre la vie avec émerveillement, qui vit pour la première fois. Cette jeune femme qui va expérimenter la joie, la tristesse et l’amour, avec sa candeur et son innocence. Doona Bae joue à merveille ce personnage innocent, tour à tour désabusée, émerveillée et amoureuse. L’actrice semble réellement faite pour ce rôle. Passons maintenant au reste du film. Il se démarque totalement du reste de la filmographie de Kore-Eda, car prend des accents plus « fantastiques », ou tout au moins moins réalistes. Je vous rappelle que l’on parle ici d’une poupée gonflable qui prend vie, donc d’un objet qui devient humain, ce qui n’est pas courant dans notre vie quotidienne. Cela semble, dans une certaine mesure, être une transposition de Pinocchio. Impossible de ne pas faire la comparaison : le pantin, ce qui a figure humaine, devient humain. Mais ici, c’est un Pinocchio déjanté, érotique et adulte qui prend vie.

Ce film est également magistral, dans le sens où il contient des scènes qui, tout en nous répugnant, nous font prendre conscience de la réalité de cette poupée. Je pense notamment aux deux ou trois scènes où la jeune femme dois nettoyer son vagin artificiel. Cela rappelle finalement au spectateur – et à cette poupée – que la jeune femme ne peut échapper à sa vraie nature : bien qu’elle soit devenue humaine, elle n’en reste pas moins une poupée-gonflable, objet créé pour assouvir les besoins de celui qui l’achète. Ainsi, les scènes où elle doit faire l’amour avec son acheteur sont étonnantes : elle perd sa nature humaine, et se retransforme en poupée le temps de l’acte. De même, lorsqu’elle se blesse, elle se dégonfle, et perd l’air qui la fait vivre : petit à petit, elle se retransforme en poupée, ce qui est magistralement filmé et merveilleusement bien mis en scène. Elle est une poupée, la seule chose qui a changé est que, désormais, elle a un coeur, ce qui est le sujet important du film.

En effet, sous cette intrigue somme-toute légère, qui aurait pu être le sujet d’une comédie, Kore-Eda dresse un constat grave. Le réalisateur montre et dénonce en outre que notre société cultive la solitude. Lorsque le poupée prend vie et se balade dans la rue, personne n’est capable de lui dire ce qui est bien dans le fait d’être en vie. Et tout au long du film, le réalisateur montre plusieurs femmes, seules, qui tentent de survivre et de surmonter la solitude et le temps qui passe. Il est intéressant de constater que ce figures féminines, bien que peu développées, comblent finalement les impossibilités de la poupée. J’explique. La poupée ne peut manger ni boire, et ne peut vieillir. Et ces femmes qui sont filmées par courts instants, ont chacune un problème : l’excès de boisson, le refuge dans la nourriture, le refus de vieillir. Elles sont finalement ce que la poupée ne peut pas être.

En sommes, ce film de Kore-Eda est magistral. Unique dans la filmographie du réalisateur, il alterne émotion et comédie, avec une histoire atypique cachant un sujet grave. Une dénonciation brutale de notre société actuelle, mais aussi une ôde à la vie. Servi par un casting excellent, et notamment Doona Bae qui excelle dans ce rôle de poupée, le long-métrage vous fera passer un agréable moment. 


Article précédentJurassic World : Fallen kingdom (Critique de la rédaction)
Article suivantBurn Out de Yann Gozlan
David, 21 ans, à l'accent chantant du sud, libraire en devenir. Mes goûts cinématographiques sont variés, je ne déteste aucun genre. Cinévore, sérivore, ouvert à toutes critiques, mais avis tranché. Au niveau séries, je suis vraiment accro à Grimm, Orange is the new black, How to get away with murder, Friends, HIMYM, et bien d'autre encore. Je lis enfin de plus en plus d'ouvrages à propos du cinéma, de films et de cinéastes. Certains avis à propos de ces livres sont disponibles sur ce site.

LAISSER UNE RÉPONSE

Veuillez saisir votre commentaire !
Veuillez entrer votre nom ici