Alors qu’il vient à peine de recevoir le César du Public (le P majuscule est important), Monsieur Boon casse déjà le suspense pour l’année prochaine : le doublé est déjà en poche. Il va réussir à surpasser son concurrent le plus féroce : Jeff Tuche ! Autopsie du nouveau phénomène.

La famille c’est important, la renier c’est mal.

                Pour faire une bonne comédie, il faut d’abord une bonne situation dramatique. Quand les émotions oscillent de la tristesse au rire, on touche le Public en plein cœur. Ici, le scénario fonctionne à merveille : un ancien ch’ti caricatural devient un bobo caricatural, reniant son passé à l’extrême. Mais un terrible choc va le contraindre à retisser ces liens familiaux distendus.

Promis, je ne spoilerai pas : vous vous doutez bien que le film va aller de surprise en surprise pour une fin pas du tout prévisible (ironie). Sujet dans lequel chacun s’y retrouvera, d’une façon ou d’une autre. En plus, on sent le caractère autobiographique du réalisateur-acteur qui fait sa propre introspection dans ce film. Un coup de maître.

En tout cas, pour ceux que le sujet intéresse – comment concilier l’ascension sociale quand on vient d’un milieu modeste ? – je ne saurai que vous conseiller le récent « Marvin ou la Belle éducation », le film d’Anne Fontaine librement inspiré du roman « En finir avec Eddy Belle Gueule ». En attendant une adaptation de la Place d’Annie Ernaux ? Le Public me répondra que c’est moins drôle…

L’art du rire : vois un Dany, ça ira mieux !

                L’humour est-il une science exacte ou un art versatile ? On le dit souvent, c’est plus difficile de faire rire que de faire pleurer. Force est de constater que notre ami Ch’ti (je rappelle que je le suis également !) semble détenir la formule magique, tant il réalise toujours le sans-faute. Après l’incroyable succès de « Bienvenue chez les Ch’tis », nous voici ici face à la vraie-fausse-suite.

Et c’est là que ça pique vraiment. Pourquoi forcer autant cet accent, surtout quand on ne le maîtrise pas ? Parce qu’à part le régional de l’étape (et Laurence Armé, aussi douée dans le film que pour l’accent), ça fait quand même très mal aux oreilles. C’est forcé, c’est exagéré. Comme ces gags que l’on voit arriver à plein nez, que l’on espère très fort que l’on ait le droit à autre chose. Mais non. A l’image du running gag essoré des chutes et de l’ostéopathe, ou de la mob’… On a aussi l’impression qu’il fallait écouler tous les mots et toutes les expressions ch’ti, comme pour laisser un catalogue impérissable de notre langue, allant du « kway » à la « wassingue », en passant par « ferme eut bouc, tin nez y va ker eud’dans ».

Alors je sais, la vie est dure et heureusement qu’il y a des comédies pour se faire du bien. Et puis on ne va pas au cinéma pour se prendre la tête, pour réfléchir. On n’est pas des bobos, des Parigots (tête de veau). L’humour de la Grande vadrouille était-il plus fin ? Sur les 15 millions qui verront ce dernier chef d’œuvre, combien connaissent l’existence de « Gaspard va au mariage » ou de « Phantom Thread » ?

Pourquoi pas… mais pourquoi ?

                Quand le film se pose un peu, on ne passe pas un moment désagréable. Pi s’il y a tant de gens qui vont le voir, c’est que ça doit être bien ! Dany Boon est juste, comme toujours. D’un autre côté, il joue aussi toujours les mêmes rôles, heureusement qu’il maitrise ! Le film est touchant, car il est humaniste, consensuel, universel… Avec même un vrai bel hommage à Johnny !

Les personnages secondaires existent, vraiment, mais ils restent très caricaturaux. Beaucoup sortiront en disant que Line Renaud ressemble à leur mère ou que Pierre Richard a de vraies ressemblances avec leur père. La petite Britney est la voie de la sagesse, parce qu’on sait bien que la vérité sort de la bouche des enfants. Simple. Basique.

Pourquoi le public se déplace-t-il toujours en masse pour ces comédies, alors qu’il ne connait même pas l’existence de petits bijoux de subtilité ? Est-on forcément perché lorsque l’on aime autre chose que tous les succès populaires ? Voyons le positif : le CNC va bien s’enrichir en ce début d’année 2018 (entre les Tuche 3, 50 nuances plus sombres et la Ch’tite famille) : vive l’exception culturelle française… mince, je parle comme Valentin D…


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Nicolas, 37 ans, du Nord de la France. Professeur des écoles. Je suis un cinéphile éclectique qui peut alterner entre blockbusters, films d’auteur, films français, américains, petits films étrangers, classiques du cinéma. J’aime quand les films ont de la matière : matière à discussion, à interprétation, à observation, à réflexion… Quelques films que j’adore pour cerner un peu mes goûts : Matrix, Mommy, Timbuktu, la Cité de la Peur, Mission Cléopâtre, Ennemy, Seven, Fight Club, Usual Suspect, Truman Show, Demain, Big fish, La Haine, La Vie est belle, Django, Rubber, Shutter Island...

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