Ernest et Célestine est un film d’animation réalisé par Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier. Ecrit par Daniel Pennac, et inspiré par l’oeuvre de Gabrielle Vincent, ce film d’animation est notamment servi par les voix de Lambert Wilson et Pauline Brunner. Sorti le 12 Décembre 2012, le film dure 1h16, et est disponible depuis le 1er Juillet 2018 sur la plateforme Netflix. Ce film est relativement bien accueilli par la critique presse. Mais que vaut-il réellement?

De quoi ça parle ?

Depuis son plus jeune âge, la souris Célestine a toujours entendu dire que les ours étaient méchants. Elle a toujours été élevée dans cette peur du « grand méchant ours ». Mais elle n’a jamais voulu y croire, en témoignent ses dessins. Lors de son stage chez le dentiste, elle doit se rendre la nuit dans la ville des ours, pour prendre aux petits oursons leurs dents de lait, afin de remplacer les dents pourries de certains rongeurs. Elle va être sauvée par l’ours Ernest, artiste incompris sans le sous. Va alors naître une amitié entre ces deux animaux, amitié interdite et contre-nature.

Et ça vaut quoi ?

Ce film d’animation est une étonnante surprise, une petite pépite. Commençons par le commencement. L’histoire en elle-même, d’abord, est surprenante. Elle mêle en effet la candeur d’un monde d’enfants avec la dure réalité du monde d’adultes. Diablement bien écrit par le sel et unique Daniel Pennac, illustre auteur de romans jeunesse, et inspiré par l’univers d’Ernest et Célestine imaginé par la brillante Gabrielle Vincent, l’adaptation cinématographique ajoute une touche de noirceur qui n’était pas forcément présente dans les livres. Mais cet ajout est à mon sens nécessaire, pour que le film puisse parler à tous, être grand public, et surtout pour que ce ne soit pas un dessin-animé niais, sans intérêt et fade. Pari réussi pour le trio à la tête de ce film enchanteur.

D’un point de vue formel, Ernest et Célestine est visuellement magnifique. Les couleurs pastels, loin d’être agressives, en font une merveille visuelle, que petits et grands prennent plaisir à regarder. De même, le film est servi par une bande musicale somme toute simple et réellement efficace. Ces deux points se marient excellemment bien, se servent mutuellement. Je repense notamment à un moment qui a été pour moi une merveilleuse surprise : la peinture de l’hiver par Célestine. L’air joué par Ernest forme, à travers se notes et rythmes, le dessin que fait la souris. Ce passage du film, relativement bref, montre à quel point musique et dessin peuvent se servir. Ce mélange des arts est central dans ce film d’animation. Enfin, les dessins, d’une merveilleuse simplicité, transportent l’esprit du spectateur ailleurs durant 1h15.

Mais ce qui fait bel et bien la force d’Ernest et Célestine, c’est sans aucun doute la multiplicité de thèmes abordés, et la manière dont ils le sont. En effet, il y a 3 thèmes centraux dans ce film d’animation : la tolérance (rabattre ses préjugés et ses peurs envers l’autre), l’amitié (qui est la plus grande arme en ce monde), et le fait de faire ce que l’on souhaite soi (et non de vivre selon l’héritage culturel et matériel qu’on nous laisse, sans laisser parler ses passions). La tolérance d’abord : l’histoire montre deux mondes où ours et souris ont mutuellement peurs les uns des autres, ne se supportent pas, inventent toutes sortes de légendes urbaines, et surtout jouent bien la comédie pour appuyer ces préjugés (en témoignent les cris des enfants souris et de la femme ours lors du procès). Ensuite, l’amitié : Ernest et Célestine vont devenir amis, s’aimer, tout au long du film, et surmonter toutes sortes d’épreuves ensemble. Sans Célestine au début du film, Ernest serait mort de faim. Enfin, le fait se faire ce que l’on souhaite soi : Célestine aime peindre mais doit devenir dentiste et abandonner ses rêves pour être normale et sociabiliser, alors qu’Ernest, musicien dans l’âme, ne peut pas vivre de ce qui lui plait. Cela est magistralement servi par la réalisation : alliant rires et larmes, ce film tente de faire tomber ces préjugés.

En somme, Ernest et Célestine est une pépite dans l’univers du film d’animation. Un film retraçant une amitié interdite, rappelant Roméo et Juliette, entre deux êtres devenant fugitifs, comme Bonnie & Clyde. Magnifique tant dans sa forme que dans son fond, il fera passer un agréable moment aux petits comme aux grands.


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