Another day of life est le neuvième film que nous avons vu dans le cadre du Festival Anima, où il avait été présenté en ouverture en début de semaine. Il est le résultat d’une coproduction entre différents pays européens : la Hongrie, la Belgique, l’Allemagne, l’Espagne et la Pologne. Réalisé par Damian Nenow et Raul de la Fuente, il avait été présenté en séance spéciale lors du Festival de Cannes en 2018.

Origine : Hongrie, Belgique, Allemagne, Espagne, Pologne
Titre Original : Jeszcze dzien zycia
Durée : 1h20
Date de sortie française : 23 janvier 2019
Genre : documentaire, historique, guerre
Musique : Mikel Salas

 

Another day of life est un documentaire hybride qui mêle images animées et prises de vues réelles (interviews actuelles comme témoignages de « survivants », images d’archives ou photographies de ceux qui n’ont pas eu la même chance).

Prenant sa source dans le livre autobiographique éponyme (mais D’une Guerre l’autre, en français) écrit par le reporter de guerre polonais Ryszard Kapuscinski, il relate les événements qui ont eu lieu en Angola après la chute de l’empire colonial portugais, en 1975 (peu après la Révolution des œillets au Portugal).

Les colons partis, l’Angola veut déclarer son indépendance. Mais, différentes factions se créent, entraînant une fracture. En raison des ressources qu’il renferme, le pays devient une source de convoitise et le théâtre d’affrontement de deux grandes puissances mondiales durant la Guerre Froide : les États-Unis et l’URSS (chacune prenant parti pour l’une ou l’autre faction). Aussi, l’Angola sombre dans une guerre civile particulièrement violente et sanglante. Peu à peu, le conflit prend des allures internationales.

C’est dans ce territoire dangereux et peu documenté que Ryszard Kapuscinski, journaliste idéaliste, décide de se rendre, afin de suivre les événements en direct et d’en faire part au monde.

Une grande violence parcourt le métrage et est à la fois visuelle et psychologique ; l’on suit Kapuscinski dans son « reportage » et l’on découvre simultanément l’horreur et la complexité de cette guerre absurde, les routes jonchées de cadavres et l’on rencontre des personnes avec qui des liens se créent, mais que l’on ne reverra plus. Le film revient également sur l’histoire et l’implication d’autres personnages rencontrés par le journaliste à cette époque et interviewés par les réalisateurs à l’heure actuelle, permettant de créer un lien direct entre passé et présent.

Techniquement, le film emploie la motion capture qui offre une expérience visuelle se rapprochant de la réalité. Bien que l’on soit face à des « dessins », son impact n’est donc absolument pas amoindri et permet même une forme d’immersion. Ainsi, les personnes vues sur les photographies ou archives prennent vie sous forme de dessins, et sous nos yeux.

L’histoire de la guerre civile angolaise, qui dura jusqu’en 2002, est compliquée. Énormément d’enjeux, de parties, d’événements passés ou d’acteurs sont à prendre en considération. Le métrage emploie d’ailleurs fréquemment le terme de « confusão » (confusion, mais dans le sens de « désordre général », en portugais) pour décrire la situation sur place. D’une Guerre à l’Autre, le livre, permettait un éclairage sur le sujet. Another day of Life le rend visible à l’écran et touchera, sans doute, un plus large public. Cependant, le film est extrêmement dense, beaucoup d’informations sont données en peu de temps (1h20) et il n’est pas toujours aisé de garder en tête tous les tenants et aboutissants des événements qui constituent ce conflit.

Au-delà de cet aspect documentaire sur cette période de l’Histoire encore peu connue à l’heure actuelle et en Occident, le film offre une vision du travail, et par conséquent, du rôle joué par les journalistes de guerre en territoires en conflit. La complexité de leur implication et leurs angoisses quant à leurs choix ou à leur futur sont rendues visibles par l’exploration des peurs de Ryszard Kapuscinski, sous forme d’hallucinations cauchemardesques. Leur volonté de se trouver au plus proche des affrontements et de risquer leur vie peut sembler insensée, mais est probablement la seule possibilité d’obtenir les informations nécessaires.

Entre documentaire, témoignage, biopic, et se permettant quelques incursions dans le fantastique, Another Day Life est un film original et ambitieux. Bien qu’il eût pu rendre les informations qu’il divulgue plus accessibles, il parvient à captiver son audience et permet un éclairage sur une période et un territoire aux larges conséquences, mais pourtant encore peu connu, du moins dans nos pays.

Tous les Films vus à Anima en 2019 (liste en évolution jusqu’au 11 mars)

Virus Tropical
Okko et les fantômes
Mirai, ma petite soeur
Buñuel dans le labyrinthe des tortues
Chris the Swiss
Ruben Brandt, Collector
Tito et les Oiseaux
I want to eat your pancreas
Another day of life
Penguin Highway
Le Château de Cagliostro
The Tower
Funan
Palmarès


LAISSER UNE RÉPONSE

Veuillez saisir votre commentaire !
Veuillez entrer votre nom ici