Drame américain sorti le 22 février 2017 (1h58) réalisé par Garth Davis

Avec Dev Patel, Rooney Mara, Nicole Kidman, Sunny Pawar

Six fois nominés aux Oscars, mais reparti bredouille, que retenir de ce Lion ?

Une histoire tellement incroyable qu’elle est vraie !

C’est l’histoire de Saroo, un petit hindou de 5 ans qui va se retrouver dans un train qui l’emmène à 1600 kilomètres de chez lui. Incapable de savoir d’où il vient, l’enfant va devoir survivre dans la jungle de la ville, avant de se faire adopter par un couple d’Australiens. Vingt-cinq ans plus, malgré une vie apparemment heureuse, Saroo a de plus en plus de mal à accepter son passé. Il va tout mettre en oeuvre pour retrouver son village d’origine grâce à un allié de poids : Google Earth.

On pourrait donc qualifier ce drame de biopic, puisque ces faits se sont vraiment déroulés. Il y a des histoires vraies qui semblent avoir été faites pour le cinéma : celle-ci en fait partie. Tout est cousu de fil blanc du début à la fin, on sait que la sensibilité des spectateurs va être mise à rude épreuve. On s’attache vite à ce petit bonhomme et on attend la conclusion avec impatience. Ça marche bien, mais c’est un tire-larmes un peu trop facile.

Un scénario en deux parties inégalement réussies

                Pour son premier film, Garth Davis a choisi de couper son film en deux parties. Dans la première, Saroo a 5 ans. On commence par découvrir son quotidien d’enfant modeste et courageux dans la campagne, ainsi que les liens très forts qu’il entretient avec sa famille et notamment avec sa sœur. Puis on va le voir subsister dans cette jungle urbaine qui dépeint une société indienne guère reluisante. Dans la deuxième partie, on découvre Saroo trentenaire dont le mal d’identité se déclenche face à sa jalebi de Proust !

Clairement, la première partie est très réussie. Les images sont belles, la narration fluide, chaque scène fait avancer l’intrigue avec clairvoyance. Malheureusement, la deuxième s’avère beaucoup plus laborieuse. Le ton est radicalement différent mais surtout, on semble basculer vers un autre propos : la quête identitaire. En une heure, on nous présente ses parents adoptifs, son « frère », sa copine, son nouveau cercle d’amis… Ça part dans tous les sens, sans avoir le temps de véritablement cibler ce qui est important.

Des acteurs qui évitent l’écueil du pathos

                C’est l’un de grands points forts du film selon moi. Dans un premier temps, comment ne pas tomber en admiration devant ce gamin de cinq ans, Sunny Pawar, qui tient le rôle principal pendant une heure ? Solaire, attendrissant, volontaire mais fragile, nul doute que quiconque voudrait être à la place des parents australiens pour l’adopter ! Le reste des acteurs (professionnels ?) de la première partie sonne également très réaliste.

Nicole Kidman est admirable de retenue. Dans cette intrigue à fort potentiel larmoyant, elle parvient à rester digne et équilibrée, rendant la deuxième partie crédible. Dev Patel incarne également Saroo adulte avec beaucoup de justesse. Je craignais beaucoup la fin dans un déluge de pathos, mais l’acteur qui préfère la qualité à la quantité (Slum Dog Millionnaire, Chappie) a très bien géré ce piège.

Un propos manquant de clarté ?

                Quel est le propos du film ? La deuxième partie semble clairement vouloir traiter du problème identitaire avec ses images du passé qui reviennent (beaucoup trop) souvent. Est-ce cohérent avec la première partie ? Je ne trouve pas. Le film prend vingt minutes pour décrire la vie de Saroo au village, ça pose le personnage. Les quarante minutes suivantes traitent de l’âpreté de la vie dans cette ville indienne. Ce méli-mélo manque selon moi de cohérence.

D’ailleurs, est-ce que ce découpage en deux parties était-il le plus judicieux ? Si on part du principe que le propos reste les difficultés de ce jeune enfant à savoir qui il est réellement, pourquoi ne pas d’emblée commencer par sa vie de trentenaire et ponctuer le film de flash backs soulignant l’écart entre sa vie « luxueuse » d’adulte et son enfance plus modeste ? On aurait pu découvrir petit à petit son histoire en comprenant son impact sur son présent. Je trouve que le film aurait gagné en cohérence et en force.

 

Au final, Lion est un film qui plaira à celles et ceux qui aiment les belles histoires avec de belles émotions, mais son manque de cohérence et sa deuxième partie l’empêchent de rejoindre les meilleurs films de ce début d’année.


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Nicolas, 37 ans, du Nord de la France. Professeur des écoles. Je suis un cinéphile éclectique qui peut alterner entre blockbusters, films d’auteur, films français, américains, petits films étrangers, classiques du cinéma. J’aime quand les films ont de la matière : matière à discussion, à interprétation, à observation, à réflexion… Quelques films que j’adore pour cerner un peu mes goûts : Matrix, Mommy, Timbuktu, la Cité de la Peur, Mission Cléopâtre, Ennemy, Seven, Fight Club, Usual Suspect, Truman Show, Demain, Big fish, La Haine, La Vie est belle, Django, Rubber, Shutter Island...

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