Pour cette deuxième journée passée au Festival du film fantastique de Bruxelles, et afin d’en goûter la diversité, notre choix s’est porté sur trois films particulièrement différents les uns des autres.

 

The Unseen – Nicolás Puenzo

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Année : 2018
Réalisateur : Nicolás Puenzo
Titre original : Los Ultimos
Casting :  German Palacios, Juana Burga, Peter Lanzani
Genres : Road movie, dystopie
Origine : Argentine, Chili
Durée : 1h31

Futur plus ou moins proche, quelque part dans le désert d’Atacama en Amérique du Sud, dans un camp de réfugiés… il n’y a plus d’eau. De grandes industries se sont accaparées toutes les ressources en faisant peu de cas des populations locales. C’est dans cet univers que nous suivons Yaku et Pedro, qui décident de tout quitter avec l’espoir d’un avenir meilleur.

Les films dystopiques sont nombreux, ils dépeignent souvent des sociétés totalitaires, des pandémies, des guerres sans fin, ou encore des catastrophes, humaines et naturelles. On ne sait pas de quoi sera fait le futur et toute imagination peut dessiner un scénario avec plus ou moins d’originalité et plus ou moins de plausibilité. En prenant comme point de départ le manque d’eau et les conflits et jeux de pouvoirs qu’il entraîne, le film de Nicolás Puenzo sort particulièrement du lot. En effet, sur notre « planète bleue », l’eau, primordiale à la vie (notamment humaine), est le bien le plus précieux, sans que l’on s’en rende forcément compte quotidiennement. Qu’arriverait-il si elle venait à manquer ?

Bien que proposant un futur « alternatif », les problèmes soulevés par Puenzo n’en sont pas moins réels, et surtout immanents. À l’heure actuelle (et depuis bien longtemps en réalité), dans certaines régions du monde, des grandes entreprises n’ont que peu de scrupules à profiter des populations et de leurs ressources. Aussi, aucune année, permettant de situer le récit précisément, ne sera mentionnée.

D’ailleurs, on comprendra uniquement les « grandes lignes » du conflit et de ses évènements déclencheurs. C’est au fur et à mesure du voyage et des rencontres de Yaku et Pedro que l’on saisit peu à peu ce qu’il se passe. Un peu à la manière d’un reportage de guerre, l’on suit les personnages et les épreuves qu’ils traversent en parcourant les paysages, désormais désolés, d’une Amérique du Sud post-apocalyptique.

Bien que l’on n’échappe pas à quelques clichés (ou « déjà-vus ») dans les rebondissements du scénario en lui-même et dans l’écriture des personnages (dont le caractère restera majoritairement inconnu), Nicolás Puenzo parvient malgré tout à tirer une sonnette d’alarme en démontrant un futur possible et pas si lointain.

 

The Golem – Doron Paz, Yoav Paz

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 Année : 2018
Réalisateur : Doron Paz, Yoav Paz
Casting :  Hani Furstenberg, Ishai Golen
Genres : Epouvante-Horreur
Origine : Israël, Ukraine
Durée : 1h35

Trois après « Jérusalem », Doron et Yoav Paz reviennent avec un nouveau film « d’horreur ». Nous sommes au 17èmesiècle dans un petit village lituanien, loin de tout. Les habitants, dont Hanna et Benjamin, doivent scrupuleusement suivre les Écritures juives, et tout écart de la seule doctrine enseignée est mal perçu. Soudain, ils seront attaqués par les hommes d’un village voisin, qui ne partageant pas les mêmes croyances, les accusent de tous les maux. Fort heureusement (ou peut-être pas), à la suite de la mort de son fils il y a quelques années, Hanna s’est éloignée du rôle qui lui était assigné (c’est-à-dire, faire des enfants et cuire des patates) et s’est énormément instruite en lisant de nombreux livres anciens. C’est ainsi, et grâce aux savoirs qu’elle a acquis, qu’elle décide de créer un « golem » afin de venir en aide à sa communauté. En effet, le « golem » est un être protecteur qui ne blesserait jamais des innocents …

Les « golems » ne sont pas que des créatures de jeux vidéo dont on peut se défaire avec l’un ou l’autre sort. Ce sont des êtres de la mythologie juive, constitués de terre et possédant une forme se rapprochant de l’humain. De nombreux contes folkloriques mettant en scène ces créatures existent. Pourtant, leur fréquence et visibilité dans les œuvres cinématographiques est assez faible. Aussi, le film des frères Paz permet de découvrir un pan de ces légendes, qui auraient, paraît-il, notamment inspiré l’imaginaire associé au monstre du Docteur Frankenstein.

Les réalisateurs ont par ailleurs choisi de tourner leur film en Ukraine afin de pouvoir profiter des plus longues « golden hours », ces heures presque magiques où la lumière atteint une perfection et crée la joie des photographes et cinéastes. Et, en effet, les images, souvent bercées de beaux couchers de soleil, sont effectivement très réussies.

Si le sujet est original, de même que la manière de le montrer en présentant un petit enfant bien mignon en tant que créature démoniaque qui aura tôt fait de vous arracher les membres, The Golemsuit toutefois les étapes et rebondissements habituels du « film du monstre ». L’ambiance créée par l’ensemble parvient néanmoins à se doter d’une aura d’inquiétude à de nombreux instants.

 

ZOO – Antonio Tublén

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Année : 2018
Réalisateur : Antonio Tublén
Casting :  Antonia Campbell-Hughes, Edward Speleers, Jan Bijvoet, Zoë Tapper
Genres : Comédie, Epouvante-Horreur
Origine : Danemark, Suède
Durée : 1h33

Le temps est passé depuis Eragon, loin de son dragon Saphira, notre jeune héros s’appelle désormais John et vit dans un appartement avec sa compagne, Karen.

Le couple traverse indéniablement une mauvaise passe et semble même ne plus se connaître. C’est alors que survient une épidémie inconnue (mais qui est sûrement l’œuvre d’un laboratoire pharmaceutique) qui transforme progressivement la population en zombies affamés. Nos deux (plus vraiment) amoureux devront dès lors se cloîtrer dans leur T2, et réapprendre à vivre ensemble et à « passer le temps », tandis que, dehors, les gens se font dévorer.

ZOO est un film de zombies dans lequel l’on ne voit, au final, que très peu de zombies. Le récit se centre réellement sur la relation entre John et Karen. En huis clos, nous observerons alors leurs actions et stratagèmes imaginés pour survivre à cette apocalypse : c’est-à-dire se bourrer la gueule, tester autant de drogues que possible (c’est pratique de travailler aux preuves de la police, en plus, personne ne remarque qu’un petit sachet a disparu) et voler les différents appartements de l’immeuble (après tout, il est peu probable que les habitants en aient encore besoin, non ?).

En outre, l’apparition soudaine d’autres survivants (parmi lesquels, Jan Bijvoet, compatriote que l’on a déjà pu voir en explorateur allemand dans l’Étreinte du Serpent, et en riche russe dans Peaky Blinders) permet à Antonio Tublén d’explorer l’humanité (et surtout, l’absence d’humanité) en situation de crise, ou plus généralement, dans notre société. Égoïsme, manque d’empathie, bassesses et manipulation rythment le récit et lui confèrent une certaine insolence ainsi qu’un humour aussi cynique qu’appréciable. Pour survivre, sommes-nous prêts à tout ?

Bien loin des habituels « films de zombies » constitués de courses-poursuite ou de bagarres sanguinolentes, ZOO se limite (à raison) à l’observation des conséquences d’une telle attaque sur un nombre restreint de personnes, toujours calfeutrées. Il détient par ailleurs un gros potentiel comique et original. Si l’on peut regretter une fin qui semble s’allonger un peu trop, Antonio Tublén met les spectateurs face aux travers du monde moderne, tout en s’en moquant.


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