Pays : États-Unis
Année : 1985
Casting : William Petersen, Willem Dafoe, John Pankow, …

À l’occasion de la sortie du film en coffret Ultra Collector chez Carlotta, revenons sur « Police Fédérale, Los Angeles », réalisé par William Friedkin.

Chance est un flic casse-cou. Motivé par la vengeance de la mort de son partenaire, il va tout faire pour arrêter son meurtrier, un faussaire du nom de Masters, quitte à agir de manière illégale…

William Friedkin a de nombreuses fois théorisé sur la notion d’héroïsme dans ses œuvres, ainsi que sur la lutte entre un bien et un mal. Ici, il le fait en dérivant des codes des buddy movies (la séquence du terroriste) pour se tourner vers quelque chose de plus noir et abstrait. Masters se voit ainsi comme un artiste plus qu’un criminel, n’hésitant pas à détruire ses œuvres à cause de leurs imperfections (le traitement de son auto-portrait annonce son propre sort). Chance joue quant à lui avec sa propre mort, comme le font comprendre son saut à l’élastique et certaines répliques (« Tu n’atteindras jamais la retraite », lui déclare son partenaire). La mort plane sur le film, comme expliqué par le titre original (« To live and die in LA »). Chacun va vers son auto-destruction imminente, lentement mais sûrement. L’affrontement avec un kamikaze au début du film sonne comme une prémonition des événements qui adviendront : tous les protagonistes se dirigent vers un inéluctable décès.

« Police Fédérale, Los Angeles » devient alors moins un film policier qu’un drame sombre sur la noirceur humaine, thème que Friedkin sait toujours aussi bien manier. Il arrive à ancrer aussi bien son histoire de manière réaliste (au point que la séquence de création de faux billets aura inspiré plus d’un faussaire en herbe) que dans « l’onirisme » dans ses visuels. Los Angeles devient une entité vivante, bouillonnante, qui respire et dégage autant d’obscurité que les hommes et femmes qui y résident. Elle devient alors un reflet de la complexité de ceux-ci et du basculement de leurs destins dans le tragique. Tous n’attendent que la mise en flamme de la mèche pour brûler et exploser. Aucun ne touchera à l’héroïsme dans son sort car cette notion ne peut subsister, si pas à Los Angeles, mais en tant que vérité générale. C’est ce que semble raconter Friedkin en tout cas : si les héros existent, leur sort n’est pas plus enviable car ils restent des êtres de chair et de sang avec leurs failles physiques et psychologiques.

Une nouvelle fois, Carlotta offre une édition superbe. La remasterisation du film offre un écrin de grande qualité à une œuvre importante à analyser visuellement. Les bonus sont copieux et offrent de nombreux entretiens ainsi qu’un regard passionnant sur la construction du film. Quant au livret, ses textes sont si complets et variés que l’auteur de ces lignes s’est demandé ce qu’il aurait pu écrire de plus que ce qui a déjà été expliqué et analysé à l’intérieur.

« Police Fédérale, Los Angeles » est tout simplement une œuvre captivante qui méritait d’être redécouverte dans un coffret de qualité. C’est exactement le cas de cette édition ultra collector de Carlotta, qui permet à ce polar de s’offrir une nouvelle jeunesse. En sachant en plus que Friedkin lui-même a adoubé cette restauration 4K et les suppléments qui l’accompagnent, cela fait un titre en plus à rajouter sur sa liste de Noël…


2 COMMENTAIRES

  1. Ta critique est bonne et pertinente…j’ai revu le film plusieurs fois ces dernières années et malgré toutes ses qualités, il a vieillit quand même, surtout dans la forme. La séquence poursuite de voiture, souvent citée comme magistrale à l’époque, est devenue au fil du temps bof bof mais la technique à évoluer sacrément ! Une forme d’anti héros pour Chance, le futur chef des « Expert » était convaincant tout comme Williem Dafaoe hypnotisant. Et la zic de Wang Chu : le pied !

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