Pays : États-Unis
Année : 2018
Casting : Frances McDormand, Woody Harrelson, Sam Rockwell, …

Prix du scénario à la Mostra de Venise, récompensé de quatre Golden Globes, grand favori des Oscars, le dernier film de Martin « Bons baisers de Bruges » McDonagh intriguait déjà avant cette moisson de prix mais bénéficie encore plus d’une image de long-métrage immanquable. Alors, réputation usurpée ou popularité justifiée ?

Cela fait des mois que Mildred Hayes voit la police piétiner dans l’enquête sur le décès de sa fille. Elle décide alors d’exposer aux yeux de tous leur incompétence dans trois panneaux publicitaires confrontant le chef de la police à son absence de résultat. De quoi amener la discorde parmi des personnalités aux tempéraments troublés.

Le premier mot qui vient en tête à la fin de la projection est « surprenant ». Cela pourrait paraître bateau dit comme ça mais il y a réellement une surprise de tout instant dans la manière dont Martin McDonagh gère son propre scénario. Ce dernier arrive à garder un équilibre instable entre un humour noir mordant et une ambiance dramatique pesante au vu des circonstances. Mais le plus fort reste réellement cette maîtrise des événements narrés, arrivant à étonner par la tournure qu’elle prend au fur et à mesure de l’avancée de l’intrigue. Si McDonagh se permet des fulgurances dans certaines séquences (un plan séquence suivant Sam Rockwell, l’incendie d’un bâtiment), c’est en gardant une crédibilité et un ancrage émotionnel permanent, explosant à multiples reprises dans des répliques hilarantes ou des retombées assez poignantes sans jouer sur le pathos facile.

Si la mise en scène de McDonagh mérite d’être complimentée, nous ne nous étendrons pas sur ce point pour garder la surprise de certains plans et pour se concentrer sur le gros point fort du film : ses protagonistes. Il y a quelque chose de merveilleux dans la manière dont le casting s’approprie son rôle d’« anti-héros » en n’hésitant jamais à dissimuler son imperfection. Derrière une ambiance sarcastique, « Three Billboards » dégage une envie de chacun de s’émanciper et s’améliorer, ce qui rend l’avancée émotionnelle de chacun émouvante. On pense notamment à certains qui tentent de maîtriser leurs démons dans le but d’être une meilleure personne et de s’accomplir. Pas étonnant alors de voir que Frances McDormand et Sam Rockwell ont été récompensés aux Golden Globes, mais le casting entier est de ce niveau assez élevé d’interprétation. C’est grâce à ses acteurs et actrices ainsi qu’à l’écriture remarquable de McDonagh que le film atteint une dimension sincère extrêmement attachante. Difficile quand vient le générique de fin de ne pas avoir le cœur serré de ne pas pouvoir avancer plus avec ces personnages assez variés dans leur personnalité mais dont la même faillibilité humaine nous rend plus proches.

C’est sans doute cette proximité qui rend ce « Three Billboards » immanquable à voir au cinéma. Face à des productions mécaniques, cette explosion de sentiments et d’âme renverse et touche au plus profond avec une véracité déconcertante. Personne n’est parfait mais chacun peut faire de son mieux pour être un meilleur être humain. Leçon de vie simple, certes, mais nous avons tellement besoin de ce genre de message dans notre société actuellement que l’on ne peut que remercier Martin McDonagh pour cela. En touchant le cœur et la tête, son film se pose déjà comme l’un des meilleurs films de l’année.


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