Coffret Outside : 4 films de Morris Engel et Ruth Orkin

Le Petit fugitif 1953

Weddings and Babies 1958

Lovers and Lollipops 1956

I Need a Ride to California 1968

Edité par Carlotta

Sorti le 10 Mars 2021

 

 

 

L’avis de Nicolas :

 

Le support physique permet indéniablement la découverte ! Le coffret Outside qui regroupe toutes les œuvres de Morris Engel et Ruth Orkin en est une belle preuve.

Ce duo de cinéastes s’est fait connaître lors des années 50 en réalisant des films américains totalement en dehors des standards de production hollywoodien. Ces cinéastes filmaient donc avec des petites caméras, en extérieur et non dans des studios.

Ainsi, Calotta permet de découvrir 4 de leurs longs-métrages dans un superbe coffret accompagnés de différents bonus et de plusieurs de leurs courts-métrages. Le coffret est disponible depuis le 10 mars 2021.

 

 

Ce qui est passionnant dans le travail de ces deux cinéastes est la façon dont ils envisagent le cinéma. Leurs films sont profondément libres et pourtant très humains. Ils mêlent cinéma documentaire et chronique de vie ce qui est sûrement lié au fait qu’ils soient de base photographes. D’ailleurs, Weddings and Babies traite d’un couple de photographes de mariages.

Ils livrent donc des œuvres proposants une approche nouvelle préfigurant la Nouvelle Vague Française. Le Petit Fugitif aura d’ailleurs été chroniqué dans les Cahiers du cinéma et des éléments thématiques de ce film peuvent être aperçus dans Les Quatre Cents Coups de François Truffaut. Ce dernier qui fustigeait un certain cinéma français dans le numéro des Cahiers du Cinéma ayant pour couverture Le Petit Fugitif.

 

 

Pour définir le cinéma d’Engel et d’Orkin, il s’agit de se focaliser sur une approche qui serait donc documentaire et traiterait surtout de petites aventures quotidiennes. De personnages perdus dans l’immense forteresse urbaine qu’est New York.

C’est d’ailleurs tout l’enjeu du film inédit I need a ride to California qui raconte les pérégrinations d’une jeune fille qui vient de la campagne dans l’immense cité. La conclusion pessimiste du film est d’ailleurs assez terrifiante en plus d’être la dernière séquence de filmographie d’Engel.

 

 

Le cinéma d‘Engel et Orkin est passionnant de par son aspect conceptuel et sa capacité à créer des émotions fortes à partir de peu d’éléments. Il est donc fort conseillé de se procurer ce coffret pour découvrir une œuvre riche et novatrice !

 

 

 

L’avis de Liam :

Les noms de Morris Engel et Ruth Orkin risquent de ne pas résonner dans les oreilles de tout le monde. Pour être franc, c’était également le cas de notre part, découvrant ceux-ci par le biais de ce coffret édité par Carlotta. Pourtant, une fois découverts les quatre films qui constituent celui-ci, on comprend à quel point le couple de photographes New Yorkais a pu influencer tout un pan du cinéma, en priorité celui de la Nouvelle Vague, tel que mentionné dans la présentation de ces films.

 

 

On pense particulièrement à François Truffaut, par l’œil malicieux mais rempli de dureté qui cherche à capter tout un pan de l’enfance par « Le petit fugitif » et « Lovers and lollipops ». Mais les deux autres long-métrages présents ici, « Weddings and Babies » et l’inédit « I need a ride to California », expriment une liberté dans la mise en scène, un affranchissement passant par un tournage à l’extérieur cherchant à capter une forme de réalité bien éloignée des productions d’époque. Cela apporte une bouffée d’air frais qui parvient à conférer une certaine vivacité, ce qui pourra rebuter par moments dans certaines décisions prises mais marque néanmoins par une technique en corrélation sur son fond émotionnel.

Par ces 4 portraits d’un New York différent de ses représentations habituelles, Morris Engel et Ruth Orkin semblent vouloir filmer tout un pan délaissé par les productions plus riches mais surtout une part de la société de l’époque. On pense ainsi à Lilly, support empathique du film « I need a ride to California », représentative d’une forme d’innocence qui se voit confrontée à une dureté plus proche du réel que voulait combattre le mouvement hippie.

 

 

Ce rapport à l’innocence se déroule aussi au travers des autres métrages proposés, notamment donc par la place accordée à des enfants loin d’être de simples modèles et opposés à leur égo (Peggy qui se questionne par rapport à son beau-père et n’hésite pas à tout faire revenir sur elle) ou une violence plus inscrite (le rapport entre Lennie et Joey ainsi que la farce au cœur du récit). Ce réalisme documentaire permet donc de donner une nouvelle orientation tonale qui fait de ces films de sacrés découvertes, surtout en les recontextualisant.

 

 

C’est donc un coffret de qualité que propose Carlotta avec la restauration de ces 4 titres dans une édition riche (bien que l’on se doive de préciser la disponibilité en éditions individuelles des titres « Le petit fugitif » et « I need a ride to California »). On y découvre un cinéma new yorkais qui cherche à mieux représenter le réel, sa beauté formelle et sa nature vivante par le biais d’œuvres qui méritent sacrément le coup d’œil. De quoi introduire au mieux au milieu de la Nouvelle Vague pour ceux qui, comme l’auteur de ces lignes, voient pour la première fois ces titres et cherchent à en savoir plus sur ce qui a nourri Truffaut, Godard et leurs confrères…

 

 


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