Gears of War 4

Date de sortie : 11 octobre 2016
Développeurs : The Coalition 
Réalisateur : Chuck Osieja
Genre : Action-Aventure

Nationalité : USA
Compositeur : Ramin Djawadi
Disponible sur : Xbox One, Xbox Series X, Xbox Series S et PC

 

 

 

 

C’est dans les vieux pots…

La saga Gears of War occupe une place majeure dans l’histoire du jeu vidéo moderne. Malgré un spin-off assez décevant sorti en 2012 sous le nom de Judgment, la trilogie de base, mettant en avant l’escouade de Marcus Fenyx dans la guerre opposant les Hommes aux Locustes, constitue une pierre angulaire de l’évolution des jeux de tir à la troisième personne. Véritable héritier de Resident Evil 4, à qui il doit l’idée de la visée à l’épaule selon son créateur Cliff Bleszinski, Gears of War a été un tournant majeur dans la démocratisation de ce type de jeu. Il ne fait aucun doute que sans cette licence les jeux d’actions n’auraient pas connu un tel pic de popularité entre 2005 et 2012. Tout le monde voulait créer son Gears of War et marcher sur les plates bandes d’Epic Games et de Microsoft. C’est pour cette raison que les équipes de la firme de Redmond ne pouvaient pas laisser tomber la licence dans l’oubli malgré la volonté d’Epic Games de ne pas continuer l’aventure. C’est là que le studio The Coalition entra en jeu et se vit confier la responsabilité de perpétuer l’héritage de cette glorieuse saga. Des créateurs laissant la place à de nouveaux développeurs ayant pour tache de faire en sorte que une nouvelle génération de héros prennent le relai d’une icône vieillissante, voilà un postulat de base classique pour prendre un nouveau départ et remettre le pied à l’étrier.

Gears of War 4

Prisonnier du passé…

Gears of War 4 prend place 25 ans après les événements de la trilogie originale. Le monde de Sera semble être relativement en paix depuis la disparition des Locustes de la surface du globe. Il ne subsiste que quelques conflits ponctuel entre ceux qui vivent derrière des murs, sous le règne et la protection de la Coalition des Gouvernements Unifiés (CGU), et ceux qui ont décidé de s’affranchir de cette entité en vivant libre dans le monde extérieur. La dirigeante de la CGU a marqué le début de son mandat en contraignant les quelques milliers de survivants à se regrouper dans des villes afin de les protéger des conditions climatiques particulièrement dangereuses qui frappent Sera depuis la disparition des Locustes. Un point d’honneur a été mis pour tenter de construire une société propre et civilisée se rapprochant de celle qui dominait la planète avant le début de la longue guerre qui a résulté de l’émergence des Locustes. Les tâches les plus dangereuses ont pratiquement toutes été confiées à des automates, tandis que les femmes sont incitées à participer plus qu’activement à la reproduction de l’espèce. Dans les décors il est possible de trouver de nombreux objets de propagande allant dans ce sens, posant ainsi le contexte compliqué d’une reconstruction sociétale après une guerre qui aura duré plusieurs décennies. On devine sans mal que cette reconstruction n’a pas été facile et que de nombreuses choses se sont passées durant les 25 années qui séparent le début de cet opus de la fin du 3. Pas de Marcus Fenyx à l’horizon, ni de Augustus Cole ou de Damon Baird. La licence fait peau neuve et vous met dans la peau de James Dominic Fenyx, le fils du héros de la première trilogie, entouré de Delmont ‘Del’ Walker, un ami avec qui il a déserté les rangs de la CGU pour rejoindre les rangs des Outsiders, dont le dernier membre du trio, Kait Diaz, est native. Très rapidement, ce petit groupe se retrouve à devoir faire face à la CGU, qui les considèrent comme responsable de la disparition de citoyens, et à la mystérieuse résurgence des Locustes après 25 ans d’absence. Seuls et ne sachant pas comment gérer la situation ils se tournent vers Marcus Fenyx, retiré de toute forme de société, et qui va ainsi leur servir de mentor face au retour de cette vieille menace.

Gears of War 4

Gears of War 4 ne prend aucun risque et c’est peu de le dire. À peu de chose près nous retrouvons exactement le même gameplay que dans Gears of War 3 qui est sorti en 2011. The Coalition n’a absolument pas l’ambition et l’envie de réinventer la formule ou même de la diversifier. Pour ce qui est de cet épisode, on se rapproche en tout point du premier Gears. Comme abordé plus haut on se retrouve même à devoir faire face à la même menace que dans la première trilogie. Ce premier choix est particulièrement dommage car cela vient atténuer la conclusion magistrale du troisième opus malgré les 25 ans de paix. À croire que toutes les licences populaires se retrouvent face à un mur infranchissable quant il s’agit d’inventer une nouvelle menace pour prolonger l’univers dépeint. Toute référence à la postlogie Star Wars n’est évidemment pas fortuite. Le gameplay repose toujours sur du bourrinage en règle depuis un poste de couverture ou en tournant autour de vos ennemis en utilisant votre fusil à pompe ou votre tronçonneuse. Les roulades sont également toujours de la partie. Au niveau des nouveautés il est désormais possible de saisir un ennemi accroupi derrière un rempart et de l’achever d’un coup de poignard. En courant vers une couverture  il est aussi  possible de sauter par dessus les pieds en avant, afin de sonner l’ennemi qui s’y abritait pour l’égorger en toute facilité. Malgré ces deux petites nouveautés, on reste sur du très classique et nombre de joueurs n’auront pas besoin d’utiliser ces nouvelles fonctionnalité. Si le challenge était au rendez vous, le joueur serait dans l’obligation d’utiliser tout le panel de mouvements offert mais, même en vétéran, le jeu reste d’une facilité déconcertante. Le jeu tente d’innover en nous faisant combattre, lors de quelques chapitres, des robots de la CGU. Le problème c’est que les mécaniques d’affrontement ne diffèrent pas de celles proposées au joueurs lorsqu’il doit dégommer du Locuste.

Gears of War 4

Le level design n’est pas des plus inspiré et fait très souvent pale figure comparé aux anciens. De plus, certains niveaux sont agencés d’une façon qu’il était déjà très compliqué de tolérer en 2016. Il n’y a rien de pire dans un jeu de tire que de deviner qu’une escarmouche va démarrer lors que l’on pénètre une zone. Tout le jeu repose sur cet enchainement peu inspiré et archaïque : on enchaine les couloirs où il ne se passe absolument rien pour déboucher sur des grandes salles où des caisses et autres blocs en tout genre sont magiquement alignés de telle sorte que vous avez ainsi une ribambelle de possibilités pour vous mettre à couvert. Au bouts de quelques minutes de jeu les mécaniques de jeu deviennent malheureusement tristement évidentes et on en vient à s’exaspérer lorsque, fraichement arrivé dans une pièce, on se dit que cela ressemble à une arène de combat et qu’il se passe exactement ce que nous étions en train de pressentir. Gears of War 4 tente, tant bien que mal, d’offrir quelques séquences diversifiées comme une course poursuite à moto ou l’ascension d’une crevasse par câble, mais le feeling n’y est absolument pas. C’est plus ou moins bien mis en scène, ça explose de partout mais ces passages du jeu font véritablement pâle figure quand on le compare au mastodonte que fut Uncharted 4 et qui était sorti la même année. Toutefois, il reste à noter que le jeu est généreux dans les décors qu’il utilise pour raconter son histoire. La variété est un élément bienvenu dans l’aventure de huit heures qui vous attend. On ne reste jamais au même endroit trop longtemps et cela permet au joueur de ne jamais se sentir embourbé dans une situation sans fin. Si Gears of War 4 est ennuyeux en solo, il peut toujours compter sur son aspect multijoueur pour rendre la quête principale plus fun et offrir pléthore de modes de jeux au joueur au sein desquels il ne manquera pas de faire couler des litres de sang avec ses amis.

La saveur en moins.

Le premier opus de la saga avait été une belle claque graphique. Il s’agissait du premier jeu à tourner sous le tout nouveau Unreal Engine 3 et servait véritablement de démo technique afin de montrer tout ce que le moteur graphique avait dans le ventre. Malheureusement, ce nouveau Gears of War est loin d’être aussi emballant visuellement que son ainé. Le jeu n’est pas moche, loin de là, mais on est à des années lumière de l’effet impressionnant que procurait le simple fait de poser son regard sur l’un des opus de la première trilogie. Les textures manquent de relief et son très souvent baveuses. Les personnages sont dans l’ensemble bien modélisés mais le travail sur la texture de leur chevelure nous ferait presque nous demander si nous ne sommes pas devant un jeu antérieur à 2010. Le jeu offre cependant de rares moments de pure beauté visuelle lorsque viennent les perturbations météorologiques, avec les tempêtes électriques, produisant des éclairs terribles, et un effet visuel faisant danser le décor tout autour de vous. En plus de cela, cet aspect climatique n’est pas seulement joli à regarder, mais il apporte également une part de ludisme venant enrichir les combats qui jalonnent le périple de nos personnages. Lors d’une tempête, regardez bien autour de vous et essayez de repérer des barrières que vous pourriez détruire afin que des pans entiers de décors se fassent emporter dans la tempête, réduisant ainsi en miettes vos ennemis qui pourraient se trouver sur la trajectoire des débris. Les conditions météorologiques peuvent également avoir une incidence sur l’usage de vos armes. Le feu se déplace notamment au gré du vent, rendant certaines armes vraiment inutiles en pleine tempête et forçant le joueur à s’orienter vers un équipement différent.

Là où la première trilogie racontait une histoire basique mais incroyablement épique et surchargée en testostérone, il faut reconnaitre que ce nouvel opus est particulièrement fade. L’histoire n’est pas captivante et, même si il ne s’agit que d’un introduction pour un nouvel arc narratif, elle n’est pas aidée par ses personnages qui sont particulièrement plats et sans intérêt. C’est très simple, James et ses compagnons n’arrivent pas à un seul instant à la cheville de Marcus et des grands gaillards qui composaient son escouade. Certes, ils n’étaient pas des personnages incroyablement bien écrits et complexes mais ils avaient le charisme suffisant pour porter un récit d’action shooté aux années 80. Chaque personnage était impactant que ce soit par son design, sa voix ou les punchlines qu’il pouvait sortir. Ici, nous avons juste l’impression de voir des reproductions bas de gamme des bidasses burnées qui ont fait la renommé de la série. Heureusement que Marcus intègre rapidement le casting pour donner un peu de corps à cette bande. La fin du titre n’offre rien de fantastique et donne l’impression de conclure la campagne alors que l’histoire semble enfin démarrer. La musique est également sans plus, aucun thème ne ressort et c’est très surprenant de voir Ramin Djawadi livrer une partition si anecdotique alors que la première trilogie savait offrir de vrais morceaux de bravoure qui accompagnaient la situation à la perfection.

Gears of War 4 rejoint le cercles des séries qui cherchent à continuer d’exister alors qu’un magnifique point final avait pourtant été apposé à l’histoire il y a plusieurs années de cela. Comme beaucoup d’entre elles, cet opus ne parvient pas à éviter l’écueil d’être une suite aux allures de reboot du premier épisode pour tenter d’attirer dans ses filets les fans de la première heure. Si être fier de son passé est important, car cela défini l’identité d’une saga, il faut savoir utiliser son passif pour aller pleinement vers l’avenir. Gears of War 4 n’y parvient jamais. Fut un temps où la licence était le parangon du jeu d’action à la troisième personne mais The Coalition ne s’est pas montré à la hauteur de cet héritage, réalisant un jeu qui peine à faire face aux meilleurs jeux de tir à la troisième personne du moment. À force de réchauffer un plat il finit par perdre toute sa saveur et toutes ses subtilités de textures. Bien sur, il ne s’agit pas d’un mauvais jeu dans l’absolu. Nous avons juste là un jeu quelconque dont le seul mérite est d’exister.


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