The Ascent ville

 

Date de sortie : 29 juillet 2021
Développeur : Neon Giant
Réalisateur : Tor Frick
Genre : Twin-stick shooter

Nationalité : Suédois
Compositeur : Paweł Błaszczak
Disponible sur : Xbox Series, Xbox One et PC

 

 

 

 

 

 

Faites place à Cyber Runner.

 

Cyberpunk 2077 ca vous parle ? Vous savez, ce projet gargantuesque pour lequel les développeur de CD Projekt Red nous ont fait mille et une promesses pour finalement nous livrer un jeu injouable, car truffé de défauts techniques, mais surtout qui n’honorait pas la moitié des promesses faites par les développeurs polonais malgré des centaines de millions de budget de développement et une armada de près de 500 développeurs. Nous étions bien loin du fleurons du genre cyberpunk qu’est le film Blade Runner du légendaire Ridley Scott. Les récits de science fiction dans ce type d’univers font rêver et fascinent car ils dégagent une forme de poésie mécanique et décadente qui accroche le spectateur. The Ascent s’inscrit dans cette mouvance et a su attirer l’attention des joueurs du monde entier dès son premier trailer en nous présentant un jeu à l’esthétique incroyable dans lequel nous incarnons un humain devant se hisser sein d’une ville planète labyrinthique, décadente, futuriste et crasseuse. Bref tous les ingrédients visuels du genre étaient réunis. Cependant ce n’est pas que le registre du cyberpunk qui a attiré l’oeil de toute la sphère vidéoludique mais le fait que un jeu aussi ambitieux techniquement soit le fruit de seulement 12 développeurs. Cette petite équipe nous livre ici un excellent Twin-stick shooter, comprenez par là un jeu de tir au rythme effréné en vue du dessus avec de légères composantes jeu de role. Ce petit studio suédois composé par d’anciens développeurs ayant travaillé sur des titres iconiques tels que Far Cry 3 ou Gears of War réussi un pari très osé au sujet duquel il y a beaucoup à dire. 

The Ascent ville

C’est beau une ville la nuit.

Vous êtes ici un citoyen de la ville de Vélès, une cité planétaire sous la coupe de l’entreprise Ascent. Dans ce monde cyberpunk socialement fragmenté dans lequel tout le monde se bat pour gravir les échelons de la société afin de sortir des bas fonds et se faire une place au soleil, vous incarnez un illustre inconnu. Vous n’êtes pas un déchet inutile à la société mais vous restez bien plus proche du caniveau que du sommet de la pyramide. Vous n’êtes qu’un Permas, un esclave appartenant corps et âme à cette méga société auprès de qui vous devez rembourser votre dette pour avoir le « privilège »de vivre ici. Affecté aux pires basses besognes, vous n’êtes qu’un porte-flingue parmi beaucoup d’autres chargé de faire le ménage quand on vous le demande même si vos chances de survie frôlent le zéro absolu. Vous l’aurez compris à la lecture de ces quelques lignes, vous n’êtes pas un élu avec un destin prodigieux vous attendant gentiment. Pourtant, un événement imprévisible se produit rapidement car le groupe Ascent fait subitement faillite, laissant un chaos social au sein duquel vont essayer  de s’engouffrer tous les augmentés sous stéroïdes cybernétiques pour récupérer sa part du gateau et s’élever sur les ruines de l’ancienne corporation dominante. Toutefois ne vous emballez pas, vous passez simplement du statut de larbin de cette entreprise à celui de sous-fifre pour un petit caïd local qui compte bien développer son empire maintenant que il ne doit plus de compte à personne. Vous n’êtes qu’un outil pratique pour faire sauter des têtes dans ce chaos ambiant. Vous êtes le parfait exécutant, celui qui agit et suit les instructions à la lettre sans se poser de question. Pas de quêtes à choix et de jugement moraux ici, vous remplissez votre travail en plongeant pleinement dans ce jeu d’action frénétique mais qui a beaucoup plus à offrir que un simple déferlement de violence et de sang.

The Ascent shoot

L’œuvre de Ridley Scott fait clairement office de source d’inspiration pour la ville de The Ascent. J’emploie le mot ville mais vous comprendrez rapidement que, à part pour les hauts quartiers, il s’agit plutôt d’une décharge géante prenant racine jusque dans les entrailles de la planète, plongeant ainsi les habitants de ce cloaque dans une nuit éternelle où l’on baigne dans les ordures, l’urine, le sang et autres fluides sexuels. Seul les néons criards et fluorescents de la ville apportent ici une source de lumière  à ceux qui ont le malheur de ne pas vivre dans les hautes sphère de la planète. Pourtant, malgré ce portrait péjoratif de la ville, il faut reconnaitre que le monde est paradoxalement beau et plaisant à arpenter. C’est une vraie ville futuriste telle qu’il est possible d’en fantasmer et qui fait écho à de nombreuses oeuvres de science fiction. La cité est labyrinthique, gigantesque et il y est facile de s’y perdre si on ne regarde pas sa carte. Heureusement que le jeu est doté d’un système de voyage rapide via l’usage de taxis et de métro. Toutefois le jeu encourage à l’exploration et ne se montre pas avare en récompenses.  Il convient cependant de faire attention en début de partie car il est facile de mettre les pieds dans un quartiers beaucoup trop dangereux pour nous et dans lequel nous passerions un sale quart d’heure. Neon Giant parvient à imposer une identité visuelle forte dans un monde plus vrai que nature, régi par son propre language et une sociologie unique.  Vélès grouille de vie, il y a des tonnes de PNJ arpentant les rues de cette mégalopole, discutant de tout et de rien. Le danger est partout et, en dehors de quelques zones sans risque, préparez vous toujours à faire parler vos armes. C’est d’ailleurs lors des nombreux affrontements urbains qui ponctuent le jeu que la technique irréprochable de l’oeuvre se fait apprécier. Chaque explosion est un régal à observer, nous laissant apprécier des tourbillons de gravats et de chairs virevoltants dans tous les sens.

The Ascent Ville nocturne

The Ascent, de part son monde vaste et riche, vous fera croiser la route de nombreux personnages hauts en couleurs. La ville de Vélès étant un terrain de jeu idéal, en plus de sa douzaine de quêtes principales, le jeu offre également un certains nombre de quêtes secondaires. Comptez en une vingtaine environ. Ces missions secondaires sont très classiques dans leur structure et dans les objectifs que elles nous proposent de remplir mais elles contribuent fortement à l’aspect addictif du jeu. Certaines vous feront même sourire, notamment celle où il faut aider un accro au sport à trouver des stéroïdes pour qu’ils puissent continuer à faire les éloges des bienfaits de l’effort physique dans un monde où tout le monde ne jure plus que par les augmentations cybernétiques pour s’extirper de sa faible condition d’être fait de chair et de sang. Dans cette cité gigantesque tout le monde est augmenté. Pour certains membres de gang que nous nous ferons un plaisir de réduire en charpie, on est à la limite de rester organique  tant ils ne ressemblent plus que à des aberrations synthétiques. Toutefois ne comptez pas philosopher ou vous poser de grandes question existentielles. Une seule chose compte : vous frayer un chemin dans le sang et la fureur. Les experts en augmentations cybernétique seront donc vos plus proches alliés pour vous rapprocher du soleil. Nous sommes ici dans un monde magnifiquement sombre, violent et décadent, empreint d’une poésie morbide mais qui ne prendra jamais le temps de la contemplation car ce n’est tout simplement pas son but. The Ascent assume totalement son statut de jeu de tir survitaminé, refusant de devenir un essai philosophique sur le transhumanisme. Toutefois, sa direction artistique fantastique et le soin accordé à cet univers contribue à en faire un jeu qui se démarque terriblement de la masse des productions vidéoludique.

Cyber augmenté

 

Un univers aux mécanique maitrisées.

Vous l’avez compris, The Ascent offre un jeu visuellement solide, à l’esthétique assumée et avec un univers dense et riche. Toutefois il convient de se demander ce que propose ce titre d’un point de vue ludique. Il ne s’agit pas que d’un jeu de tir parsemé de quelques phases de dialogues pour lancer une mission secondaire ou principale. The Ascent est un tout petit peu plus riche que cela. Comme beaucoup de productions vidéoludique de ces dernière année, il incorpore un aspect jeu de rôle en proposant un système très classique de montée de niveaux et d’amélioration de statistiques pour augmenter l’efficacité de son personnage en action. On reste cependant sur du basique pas spécialement profond car il n’y a pas de système d’arbre de talents ou de classes de personnages pour orienter son avatar dans une spécialisation particulière. Ne comptez pas vous fabriquer un personnage spécialisé dans le piratage. Comme tout le monde vous avez une fonctionnalité de piratage non améliorable, n’oubliez pas que vous êtes un porte flingue et c’est tout. Seuls les armes peuvent être améliorées mais de façon basique. Comprenez par là que vous augmenterez simplement la puissance de tir pour avoir un avantage considérable au fur et à mesure des escarmouches qui vous barreront la route. Les armures ne peuvent pas non plus être améliorées, vous en trouverez juste de nouvelles au fil de l’aventure qui seront de plus en plus perfectionnées, résistantes et au design loufoque. La richesse de l’arsenal à disposition du joueur est appréciable et vous proposera de la variété pour écrasez ceux qui auraient la mauvaise idée d’essayer de vous coincer dans une ruelle pour vous dépouiller.

Augmentations

Si vous n’êtes pas un habitué du genre Twin-stick shooter car, soyons honnêtes, il s’agit d’un genre de moins en moins fréquent de nos jours, le jeu a la bonne idée de se montrer accessible sans pour autant baisser la difficulté des affrontements. Cela est possible grâce à son système de mort absolument pas punitif. Quand vous mourrez, ce qui vous arrivera assez souvent lors de certains passages, vous ne perdez absolument rien et ne vous retrouvez pas dans l’obligation de vous reconstituer un arsenal avant de repartir à l’assaut. Rien d’extraordinaire vous me direz mais là où le jeu tend la main à ceux qui pourraient avoir du mal à gérer la difficulté proposée  c’est en ne faisant pas perdre au joueur les points d’expérience accumulés lors des affrontements. Comprenez par là que que, si vous vous retrouvez bloqués lors d’un combat de boss, votre personnage continuera d’évoluer au fur et a mesure que vous recommencerez le combat jusqu’à ce que vous puissiez atteindre un niveau vous permettant de passer outre la difficulté. Toutefois si le jeu détecte que vous êtes réellement en difficulté et que même l’acquisition de plusieurs niveaux supplémentaires ne parvient pas à vous débloquer, il baissera automatiquement le niveau du boss qui vous pose soucis afin de tendre la main à ceux qui n’auraient pas la patience et le courage de passer plusieurs heures sur le même affrontement. Les munitions étant infinies il vous faudra simplement gérer le rechargement de vos armes avec le bon timing pour éviter de vous faire submerger par les hordes ennemis. Le système de roulade est notamment salvateur pour vous sortir de certaines situations explosives. Les augmentations et autres modules de support sont également de la partie et vous offriront des bonus non négligeables comme le fait de faire appel à un robot de support ou à une armada d’araignées explosives.

The Ascent est techniquement solide et montre une belle maitrise des développeurs qui ont travaillé dessus. Outre ses graphismes qui flattent la rétine on peut applaudir sa belle fluidité car le titre tourne sous un soixante images par seconde constant ce qui contribue énormément au fun viscérale du gameplay. La caméra est particulièrement maitrisée et ne m’a jamais semblé être pris en défaut par les différentes situations et les différents lieux dans lequel le jeu nous plonge.  Ne cherchez pas d’excellence du coté de l’intelligence artificielle de vos ennemis. Ils sont globalement bêtes et dénués de stratégie. C’est le nombre, parfois démesuré, des soldats composants les milices armés qui vous sautent dessus tels des morts de faim qui vous mettra en difficulté. Étant la production d’un tout petit studio, The Ascent n’est malheureusement pas dépourvu de bugs. J’ai personnellement dû faire face à des soucis de scripts de missions ne se déclenchant pas mais pouvant être résolu en relançant le jeu. En termes de soucis techniques j’ai également parfois été catapulté sur l’écran principal du jeu alors que j’étais en pleine partie, entrainant un certains agacement chez moi. J’ai surtout eu ces bugs lors de parties en coopération en ligne alors que en solo le jeu me semble assez stable même si je n’exclus pas la possibilité de se retrouver face à des dysfonctionnements technique même hors ligne. Cela me donne l’occasion de souligner que l’ensemble du jeu est faisable en coopération, jusqu’à quatre joueurs, ce qui apporte un plus non négligeable au titre qui devient tout simplement orgasmique dans son déferlement de violence. Comme quoi il est encore possible de mêler habilement aventure solo et expérience multijoueurs.

The Ascent n’est pas un jeu révolutionnaire, il n’est pas le messie que Cyberpunk 2077 aurait du être si il ne s’était pas pris les pieds dans le tapis d’une communication mensongère et d’un développement calamiteux, il s’agit néanmoins d’un très bon jeu d’action qui se révèle être une véritable déclaration d’amour à l’imagerie du cyberpunk. C’est un jeu de tir incroyablement dynamique et parsemé de petites phases d’explorations dont la saveur est amplifiée par sa forme parfaitement maitrisée qui nous plonge dans un univers somptueux, crade, malsain, décadent et d’une richesse rare. Neon Giant nous sert là un projet ambitieux avec The Ascent qui tape quasi systématiquement dans le mille. Sa mise en avant par le Gamepass est une opportunité qui était certainement quasi inespérée par ce tout petit studio indépendant en début de développement. Pendant plus de 15 heures, le jeu de Neon Giant réussit à nous embarquer dans un énorme défouloir, aux allure de plaisir coupable d’action pure fait de poudre, de métal et de sang, au sein d’une ville plus vraie que nature et dont la DA rivalise sans mal avec celle de nombreux jeux à gros budget. Le studio continue d’ailleurs de travailler sur son bébé afin de gommer les derniers errements technique persistants et pour également proposer le Ray Tracing sur les versions consoles. En conjuguant une prise en main accessible avec un coeur de jeu extrêmement riche, The Ascent s’adresse autant aux fans du genre que à ceux qui n’auraient jamais expérimenter un Twin-stick shooter. Tout est réuni afin de propulser ce jeu inattendu comme un incontournable de 2021.


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