The Legend of Zelda: Skyward Sword

Date de sortie : 18 novembre 2011 (Wii), 16 juillet 2021 (Switch)
Développeurs : Nintendo EAD et Monolith Soft
Réalisateur : Hidemaro Fujibayashi
Genre : Action-Aventure

Nationalité : Japon
Compositeur : Hajime Wakai
Disponible sur : Nintendo Switch

 

 

 

 

Par delà les nuages

Pour l’anniversaire des trente-cinq ans de la saga The Legend of ZeldaNintendo a donc décidé de ressortir l’impopulaire Skyward Sword dans une version remasterisée en haute définition. Après une sortie en 2011 sur Wii, cet opus se voit ainsi offrir la chance de redorer son blason alors que l’ensemble de la sphère vidéoludique attendait la sortie d’une compilation regroupant les épisodes majeurs de la licence. À l’époque, le titre avait eu du mal à trouver son public, s’écoulant à peine à plus de 3 millions d’exemplaires de par delà le monde. Il était considéré comme beaucoup trop bavard, doté d’une maniabilité douteuse et aussi parce que les gens commençaient à se lasser de cette formule des Zelda en 3D, qui était calquée pour la cinquième fois sur le schéma apporté par le révolutionnaire Ocarina of Time en 1998. Avec cette réédition accompagnée de textures plus lisses et d’une nouvelle maniabilité, Nintendo espère bien que ce titre, qui est bourré de charme, aura le droit à une seconde vie dans le coeur des joueurs. De plus, au vu du trailer de Breath of The Wild 2, il n’est pas impossible que la genèse de la légende racontée par cet opus représente une clé de voute essentielle pour le future de la licence.

The Legend of Zelda: Skyward Sword

L’épée de légende

Nous avons ici l’occasion de retrouver le valeureux Link dans son village natal de Celesbourg. Ici il est question des origines de toute la saga Zelda. Ce Link est le premier de la très longue liste de ceux qui ont été la réincarnation du Héros de la déesse Hylia, parfois nommé comme étant le Héros du TempsCelesbourg est un rocher au-dessus des nuages qui abrite la seule ville où vive des hommes. Les habitants de ce village ne connaissent rien de ce qui se trouve sur terre, la surface étant inatteignable à cause d’un rideau de nuages impénétrable. Selon la légende, ce rocher fut élevé dans le ciel avec les derniers hommes par la déesse Hylia, dans le but de les protéger des monstres qui avaient envahi la terre. Le jeu débute alors que notre héros est réveillé en plein cauchemar par un Célestrier, une race d’oiseaux gigantesques que son peuple utilise comme monture. Ce jour est spéciale pour notre héros en devenir car c’est la 25e cérémonie de la Chevauchée Céleste. Le vainqueur de cette chevauchée se verra remettre une récompense par Zelda, la fille du chef et prêtresse de la déesse Hyllia, et sera également nommé pour rejoindre les rangs des chevaliers de Célesbourg. Link sort évidement grand vainqueur de cette course effrénée à travers les nuages. Il se voit récompensée d’un magnifique parachâle par son amie d’enfance Zelda, ce qui lui permet d’atterrir de n’importe quelle hauteur sans se blesser. On devine clairement que cet objet a servi de base pour confectionner la paravoile mythique de Breath of The WildLes deux jeunes amis décident donc de passer le reste de la journée ensemble afin de célébrer cette consécration pour Link, donnant ainsi l’occasion au joueur de découvrir l’ensemble des îles flottantes qui composent l’archipel Célesbourg. Très rapidement, la journée tourne au drame car Zelda se fait emporter par une tornade qui l’attire dans les profondeurs des nuages. Link, quant à lui, est désarçonné par la puissance de la tempête et est sauvé de justesse par les patrouilleurs du ciel. Après quelques jours de remise sur pied, il décide de partir en quête de son amie en se rendant sur terre à l’aide de son Celestrier, profitant d’une brèche apparue dans l’épaisse mer de nuage. Une grande aventure commence enfin et entoure le joueur d’un souffle épique constant, malgré ces deux premières heures un peu mollassonne. Elles seront toute fois rapidement oubliées par la grande qualité des donjons et des régions du monde que le joueur devra traverser pour sauver Zelda.

The Legend of Zelda: Skyward Sword

La plupart des voyages de Link pour aller d’un point A à un point B se feront dans les cieux à dos de Célestrier. Pourtant, et malgré leur apparente majesté, on remarque très rapidement que les voyages aériens n’ont pas grand chose de transcendant. La monture est agréable à manier, toute la zone du ciel est plutôt belle et jouit d’une sublime direction artistique à l’effet pastel. Cependant, il ne se passe rien et on fait rapidement le tour de cette mer de nuages. Il s’agit donc beaucoup plus d’une accumulation de trajets que d’un véritable voyage. Fort heureusement, il ne s’agit pas du moteur principal du jeu. Vous l’avez surement déjà deviné en lisant ces lignes mais Skyward Sword est divisé en deux mondes. Le premier que vous découvrirez est aérien, c’est là où sont éparpillées les îles flottantes qui n’attendent que vous.  Le second est sur la terre ferme, où vous trouverez de vastes zones géographiques à explorer et les fameux donjons phares de la série. C’est dans ce deuxième monde que vous passerez le plus clair de votre aventure pour remonter la piste de votre amie d’enfance disparue. Très rapidement, le joueur va être amené à découvrir des lieux emblématiques de la saga sous leur forme préhistorique, tels que la forêt de Firone, les monts d’Ordinn et la région de Lanelle. Disons le tout de suite, ce qui frappe dans Skyward Sword c’est la grande justesse du level design de chaque région parcourue. Au début de l’aventure, ces zones pourront parfois donner l’impression d’être beaucoup trop labyrinthiques et chaotiques mais, lors de la deuxième partie de l’histoire, toute cette construction des niveaux prend un nouveau sens et permet de faire comprendre tout le génie des développeurs. Plus le joueur avance, plus il débloque de nouveaux objets lui permettant d’aborder chaque situation et de découvrir des zones alors inaccessibles. C’est très simple, dans Skyward Sword, tout a une utilité. Le jeu fournit, au fur et à mesure de l’aventure, toutes les cartes et il convient au joueur de comprendre comment utiliser chaque objet pour progresser dans l’aventure. Toutefois, si jamais les choses deviennent un peu trop compliquées ou que vous vous retrouvez tout simplement face à une impasse, il vous sera toujours possible de demander des conseils à Fay, l’esprit de votre épée divine qui vous a été confiée par la Déesse. Il est a noté que elle est beaucoup moins bavarde et intrusive que dans l’original, ce qui permet de fluidifier le rythme de l’aventure.  Le jeu sait également se renouveler avec, par exemple, les épreuves de Psysalis. Durant ces épreuves vous êtes tout simplement propulsé dans un monde parallèle, au sein duquel vous allez devoir prouver que vous êtes dignes d’être l’élu de la Déesse. Il y est impossible d’utiliser le moindre object, vous ne pouvez compter que sur votre capacité à lire et à maitriser le level design de la zone.

The Legend of Zelda: Skyward Sword

Avec la deuxième partie de son aventure, Skyward Sword arrive à livrer aussi bien un grand jeu qu’un formidable récit sur les fondations de la légende. En effet, cette deuxième partie de jeu est l’enveloppe de multiples scènes incroyables que l’on ose à peine vous dévoiler et qui repousseront votre envie de poser la manette. Si les zones qui composent le monde terrien sont un vrai régal à explorer, que dire des nombreux donjons qui ponctuent notre aventure. Ils font partie des meilleurs et surtout des plus ingénieux vus dans un jeu video. En 2021 il fait plaisir de retrouver un jeu comme Skyward Sword qui dégage les mêmes vibrations que les jeux de la vieille école, sur lesquels il était possible de rester bloqué durant des heures face à une énigmes dans un dédale sous-terrain. Le titre parvient une bonne partie de l’aventure à se renouveler alors que l’on aurait pu craindre une forme de redondance à force d’enchainer les temples et autres lieux mystiques. Nous avons là un jeu qui fourmille de zones marquantes et originales. Il y a notamment la mer de sable que l’on explore sur un navire équipé d’une technologie temporelle permettant à la zone entourant le bateau de reprendre son aspect d’autrefois, laissant ainsi le joueur naviguer sur une véritable mer et non plus sur un désert de sable. Toute l’aventure regorge de petites idées du genre qui vous demanderont de jouer avec la distance, les perspectives ou la temporalité. Gardez votre esprit grand ouvert car certains puzzle peuvent être véritablement ardus, notamment le tout dernier temple de l’aventure qui est un véritable dédale reposant sur le fait que vous devez façonner vous même votre itinéraire. De ce fait, les joueurs auront rarement le même parcours dans ce dernier acte. Toutefois, car il y a un bémol, cet opus de Zelda se prend les pieds dans le tapis pour ce qui est de la gestion du rythme. Le jeu est beaucoup trop long et aurait mérité de se voir alléger de la quête des chants du héros, qui vient séparer la quête de l’épée de légende et celle de la Triforce. Au bout d’un moment on en viendrait presque à désespérer de voir un jour la fin de l’aventure et on en oublierait presque que le temps presse pour venir en aide à Zelda dans sa lutte contre le seigneur des ténèbres.

L’art du combat dans Skyward Sword

L’une des particularités de Skyward Sword est sa jouabilité. Il est peu dire qu’elle avait fait couler beaucoup d’encre et que son aspect inhabituel est l’une des raisons expliquant pourquoi le public l’avait fortement boudé. Nous avions une tournure inattendue pour la licence car tout reposait sur le Wii Motion Plus. Ce portage Switch n’échappe pas à cela, la seule différence étant que la WiiMote est remplacée par l’utilisation des Joy-Cons. Il faut donc bouger le Joy-Con gauche  pour utiliser le bouclier, et le droit pour attaquer avec son épée. La théorie voudrait que ce système de maniement apporte plus de précision au joueur durant les combats, devenant eux même plus intéressants car les adversaires adoptent des postures de garde , qu’il convient alors d’essayer de contrecarrer en utilisant avec intelligence la fonctionnalité de détection de mouvement embarquée dans les manettes. Dans l’idée, la promesse est alléchante, dans les faits c’est beaucoup plus compliqué. Disons le directement, cette fonctionnalité est plus dérangeante que réellement immersive et pertinente. Les mouvements effectués par Link ne correspondent pas toujours aux demandes du joueur. De plus, il faut réajuster très souvent la détection des manettes pour maximiser la précision qui ne vole jamais très haut. Toutefois, ce qui sauve ce portage c’est que, contrairement à sa version sortie sur Wii, il est possible de faire toute l’aventure sans cette fonctionnalité approximative et de profiter de commandes classiques afin de jouir pleinement de l’aventure. Il est maintenant possible de contrôler l’épée de Link directement via le stick droit, tout en assignant le reste des commandes aux boutons de la console. L’adaptation est plutôt réussie mais demande un petit temps d’adaptation pour le maniement de la caméra, qui nécessite de maintenir ZL enfoncé avant de pouvoir utiliser le stick pour déplacer la caméra au lieu de dégainer son épée. Si il aurait été possible de se passer de cette nouvelle maniabilité pour les combats qui restent, malgré tout, plus que jouable avec la détection de mouvement, le mode de contrôle classique est salvateur pour les déplacements sur le dos de votre Célestrier. En effet, le moindre vol avec la détection de mouvements est un véritable supplice. Ce n’est pas un hasard si les tentatives de gameplay basées sur détection de mouvements n’ont jamais convaincu sur le long terme. La technologie est tout simplement imprécise. L’échec stratosphérique de Microsoft avec Kinect aura eu le mérite de faire en sorte que les développeurs oublient ce genre de lubie.

Dans son contenu, Skyward Sword est très généreux. Vous pouvez compter entre trente et quarante heures de jeu pour arriver au bout de l’aventure principale. Si vous avez dans l’optique de faire le jeu à 100 %, préparez vous pour passer quasiment 60 heures dans les contrées préhistoriques qui formeront plus tard le Royaume d’Hyrule. Il est par exemple possible de booster les objets et armes de Link en vous rendant au marché de Célesbourg. Si la customisation d’équipement n’a rien de révolutionnaire pour l’industrie du jeu vidéo, il faut reconnaître que ici le système est plutôt bien fait et permet d’obtenir des choses véritablement étonnantes grâce à cet artisan des îles volantes. Il est également possible de trouver les Cubes de la Déesse sur terre qui, une fois touchés, activent des coffres dans le partie céleste qu’il vous conviendra de trouver en chevauchant votre Célestrier. L’un des quêtes secondaires les plus majeures du jeu est celle autour du triste et solitaire Morcégo, pour qui il va falloir récupérer des cristaux de gratitudes en aidant les gens un peu partout à travers les îles flottantes. Là où cette quête est vraiment saisissante c’est qu’elle est une porte d’entrée vers une quinzaine de quêtes secondaires parfois véritablement drôle. Préparez vous à rigoler très fort lorsque vous devrez aider le frêle Célestin à devenir beaucoup plus puissant physiquement. Il y a énormément de choses à découvrir qui prolongent avec bonheur une durée de vie déjà très conséquente. Tout cela débouche sur de nombreuses récompenses, à tel point que l’inventaire ne suffira pas à les contenir, vous obligeant à passer par une consigne pour déposer vos objets en trop. Le jeu offre également un grand nombre de potion différentes, certaines ne pourront être obtenues que en recourant au service d’un maître des potions. Le jeu fait également la part belle aux mini-jeux qui demanderont beaucoup de dextérité aux joueurs qui joueront avec la détection de mouvement. Nous pensons notamment aux épreuves de découpes de bambous qui seront inaccessibles à ceux ne maitrisant pas parfaitement l’axe de mouvement des Joy-Cons. Toutes ces petites choses permettent de soutenir une histoire principale déjà bien riche.

Skyward Sword sur Switch n’est pas un remake, c’est une remasterisation tout ce qu’il y a de plus basique. Nintendo a retravaillé son jeu au minimum. Toutefois, pour un titre qui s’apprête à souffler sa dixième bougie, le titre affiche un rendu loin d’être honteux. La mise à jour graphique est visible, particulièrement quand on prend en compte que l’épisode original tournait en 480p sur la Nintendo Wii. La bouillie graphique illisible et bourrée d’aliasing laisse maintenant place  à un rendu vraiment agréable à l’oeil, affichant un 1080p en 60 images par secondes parfaitement stable, autant en portable qu’en docké. Ce très beau lissage des textures permet d’apprécier la direction artistique vraiment soignée que les développeurs de Nintendo se sont évertués à nous peindre. La modélisation des personnages de Link et de Zelda est vraiment incroyable et n’a pas à rougir de la comparaison avec certains titres plus récents ayant aussi opté pour ce genre de direction artistique.  Au niveau des graphismes nous avons là une très belle patte aux aspects impressionnistes,  inspirée par Claude Monnet et Paul Cézanne. Cela permet d’offrir un mélange d’ambiance entre la maturité de Twilight Princess et le style plus enfantin de Wind Waker. Quand à la bande son, elle est excellente. Le thème principal est un régal pour les oreilles, mais il est assez regrettable qu’il ne se fasse pas plus entendre au cours de l’aventure. Le thème de la chevauchée céleste est entraînant et contribue grandement à l’envie de faire des cabrioles dans le ciel et au plaisir qui en résulte. Skyward Sword demeure une belle production artistique qui a bénéficié de beaucoup de soin de la part de ses développeurs. Ce portage, bien que minimaliste, permet de rendre justice au travail qui avait été livré en 2011 par les équipes de Nintendo.

Skyward Sword est l’assurance de vivre une très belle aventure grâce à ses qualités multiples. Véritable bon jeu video au sein duquel le gamedesing et le level design sont en parfaite adéquation, il a également le don de nous raconter une bien belle histoire. Bien qu’elle soit épique mais relativement classique, il est particulièrement grisant d’assister à la genèse des éléments qui composent le gros du lore de la licence depuis presque 25 ans. Les  histoire autour de l’Épée de la légende, du Héros du temps et de sa lutte cyclique aux cotés de l’incarnation de la Déesse face à l’Avatar du néant prendront un sens tout nouveau pour vous. Il n’est peut-être pas un incontournable, la faute à une aventure un peu trop étirée et à un Motion Gaming imprécis et déplaisant à manier, mais nous avons devant nous un jeu véritablement  généreux, pensé et développé avec passion. Si vous êtes passé à coté du titre en 2011 et que vous n’en pouvez plus d’attendre la suite de Breath of The Wild, n’hésitez pas plus longtemps et tentez le coup. Vous risqueriez juste de vivre une aventure magique et enchanteresse.


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