Date de sortie : 16 juin 1995 (États-Unis), 19 juillet 1995 (France)
Réalisateur : Joel Schumacher
Acteurs principaux : Val Kilmer, Tommy Lee Jones, Jim Carrey, Nicole Kidman, Chris O’Donnell
Genre : Super-héros, fantastique
Nationalité : Américain
Compositeur : Elliot Goldenthal

Une manière subtile d’annoncer auquel de ses ennemis Batman va cette fois-ci avoir à faire.

Après un Batman Returns exceptionnel fort de son grand succès critique et financier, Tim Burton souhaite œuvrer pour un troisième film intitulé Batman Continues, qui réunirait les éléments des deux précédents dans un scénario imaginé pour être accompagné par l’Épouvantail. Michelle Pfeiffer devait de nouveau jouer Catwoman, tandis que Billy Dee Williams, qui incarnait Harvey Dent en 1989, devait en toute logique évoluer en Double Face. Son rôle était même prévu pour qu’il évolue ainsi dans Batman Returns, mais l’acteur avait refusé d’y participer, remplacé alors par Christopher Walken et son odieux Max Schrek. Pour jouer Edward Nygma, Tim Burton avait approché Robin Williams, qui avait déjà passé le casting afin de prêter ses traits au Joker dans le premier film. Seulement voilà, Batman Returns était considéré comme trop sombre par une partie du public, notamment des parents qui avaient monté une ligue pour pointer sa violence du doigt. Cerise sur le gâteau : les restaurants McDonald’s avaient des difficultés à écouler les Happy Meals vendus avec les jouets du film, le design du Pingouin ayant même déjà été édulcoré pour ne pas paraître trop effrayant.

Un nouveau design convaincant pour la Batmobile.

Face à un tel blocus, Warner Bros. choisit de changer le projet pour une approche plus moderne et colorée à l’image d’un divertissement familial, la réalisation étant désormais attribuée à Joel Schumacher (L’Expérience Interdite, Chute Libre, Le Client). Pour ne pas totalement évincer Tim Burton, il lui est proposé de réaliser un spin-off sur Catwoman. Cette idée ainsi que la patte artistique de l’homme ne rentrant pas vraiment en cohérence avec l’univers flashy et déjanté de son successeur, il abandonne rapidement le projet, finalement repris par Pitof en 2004 dans un film très éloigné du projet initial et mettant en scène Halle Berry. Burton devient alors le producteur du désormais intitulé Batman Forever, au thème musical plus léger et héroïque composé par Elliot Goldenthal (Demolition Man, Heat, Entretien avec un Vampire) en lieu et place de Danny Elfman. Le rôle de l’homme chauve-souris est cette fois-ci porté par Val Kilmer (Top Gun, The Doors, True Romance), dont le jeu d’acteur au demeurant correct reste loin de la finesse d’un Michael Keaton.

« Vous aimez les femmes qui ont du caractère, j’ai mené mon enquête : dois-je avoir un justaucorps en vinyle et un fouet pour vous plaire ? »
« Le hasard arbitraire, stupide, aveugle et sans foi ni loi ! Le hasard, le tirage au sort, la seule vraie justice ! »

Pour changer de Vicki Vale et de Selina Kyle, le premier rôle féminin est octroyé à la jeune Nicole Kidman, jouant une blonde et pulpeuse psychologue passionnée par Batman au point de lui faire des avances à peine cachées (« – J’aime le latex, ça me rend folle ! – Essayez un pompier, ça se déshabille plus vite ! »). Envisagé dès les premiers films, Robin apparaît enfin sous les traits de Chris O’Donnell (Le Temps d’un Week-End, Les Trois Mousquetaires) pour une bonne dose d’humour et un duo fort sympathique. Double Face est finalement joué par un Tommy Lee Jones (JFK, Le Fugitif, Entre Ciel et Terre) un peu trop déjanté (« On va s’éclater mais ça va faire mal ! ») pour le sérieux qu’incarne habituellement son personnage. Il est régulièrement accompagné d’une jeune femme sous les traits de Drew Barrymore (ET L’Extra-Terrestre, Wayne’s World 2, Scream), dont le doublage français Kelvine Dumour est le même que celui d’Harley Quinn dans la série animée. C’est finalement le génialissime Jim Carrey (Ace Ventura, The Mask, Dumb & Dumber) qui rehausse le niveau de Batman Forever avec son interprétation d’Edward Nygma, présenté comme un savant fou travaillant pour Wayne Enterprises avant de devenir l’Homme Mystère tandis que Bruce Wayne refuse qu’il mette au point son prototype de casque absorbant les ondes cérébrales.

« Il est en forme mais il a merdé à l’atterrissage, je ne sais pas s’il aura mieux que la médaille de bronze ! »
Dick Grayson, qui a déjà tout du futur Robin.

Le style de Joel Schumacher tranche littéralement avec celui de Tim Burton, la réalisation psychédélique en est le premier témoin. Si l’univers reste sombre dans le fond, les couleurs vives fusent de partout, notamment le rose et le vert fortement dégagés par le duo des méchants, et les effets spéciaux sont bien souvent too much. La lisibilité des scènes vacille du correct au médiocre et le montage manque clairement de soin, en plus de la narration déjantée des séquences d’action, comme la bataille navale à laquelle jouent Double Face et Nygma lorsque la Batwing et le Batboat se dirigent vers leur repaire. Notons également la façon qu’a Robin de s’amuser avec la Batmobile comme si c’était un jouet pour impressionner les filles (« Attendez, Batman embrasse toujours l’héroïne ! »), ou encore l’invasion un peu trop allumée du manoir Wayne. Certains passages sont également inutiles voire incompréhensibles (Bruce qui balance tout fort au cirque qu’il et Batman dans l’indifférence générale), d’autres carrément hors de propos (les plans sur les tétons et les fesses pour présenter les nouveaux costumes). Si les énigmes de l’Homme Mystère sont bienvenues, elles restent bien trop tirées par les cheveux et leur mise en place aurait mérité une bien meilleure intrigue pour le final.

Un peu trop « Joker » dans l’âme, ce duo de méchants conserve pourtant un charme certain !
« – Tout homme doit choisir son chemin, un ami m’a appris ça. – Plus qu’un ami. – Un équipier ! »

Aussi décevant que puisse être le Batman Forever comparé à ses prédécesseurs, il compte néanmoins plusieurs qualités qui font qu’il s’en sort avec les honneurs. Certains plans sont simples mais convaincants, comme le ralenti de la pièce jetée dans les airs pour d’emblée faire comprendre qu’on a à faire à Double Face, ou encore la face ravagée de ce dernier qui n’est montrée qu’au bout de quelques secondes pour maintenir le suspense. Si la narration a ses faiblesses, le scénario a au moins le mérite d’introduire efficacement ses personnages, ce qui est valable pour Robin dont l’histoire familiale au cirque fait directement écho au double épisode « Robin se rebiffe » de la série animée, Tony Zucco étant simplement remplacé par Double Face. Prendre Dick Grayson sous son aile fait également ressurgir son passé à Bruce Wayne, rappelant ainsi l’assassinat de ses parents et que c’est parce qu’il avait un jour eu peur d’une chauve-souris qu’il avait choisi cet animal comme emblème.

Une référence osée à Street Fighter L’Ultime Combat ?
Des effets spéciaux à la hauteur des grands délires de l’Homme Mystère.

Aussi surjoué que puisse être l’Homme Mystère (« C’est la ruée vers l’orgasme ! »), Jim Carrey en porte élégamment le rôle et le doublage français de Vincent Violette, soit le même que celui de Nygma dans la série animée, sied parfaitement à l’acteur tant il est proche du style d’Emmanuel Curtil. Le combat final offre deux dualités intéressantes : Nygma qui veut surpasser Bruce Wayne et Robin qui cherche à se venger de Double Face. Les valeurs de l’entraide et de la coopération sont notamment mises en lumière lors d’une poignée de main sincère qui forge un duo fort entre Batman et Robin. Au vu de la direction prise par Warner, Batman Forever a connu une critique très mitigée, mais un succès commercial tel qu’une suite a immédiatement été mise en chantier, pour le meilleur (et surtout) pour le pire.

Fidèle aux pratiques de l’époque, Batman Forever a aussi eu droit à ses adaptations en jeux vidéo, à commencer par un beat’em up jouable à deux avec des personnages digitalisés sur Mega Drive et Super Nintendo. Très sympathique sur ses deux premiers niveaux et pourvu de musiques de qualité, il devient rapidement fouillis et n’a pas beaucoup marqué les esprits pour cette raison. Le jeu d’arcade adapté sur PlayStation et Saturn ne fera pas beaucoup mieux tellement la répétitivité et la lassitude vont trop loin à cause d’un bien trop grand nombre d’ennemis qui surgissent à l’écran.


Article précédentColor Out Of Space de Richard Stanley
Article suivantOnly Lovers Left Alive de Jim Jarmusch
Salut à tous ! Fasciné par le monde du cinéma depuis toujours, j'ai fait mes débuts avec Mary Poppins et La soupe aux choux, mais aussi de nombreux dessins animés (courts métrages Disney avec Mickey, Donald et Dingo ; longs métrages Disney avec Alice au pays des merveilles en tête ; animés japonais avec Sailor Moon et Dragon Ball Z ; j'aime aussi particulièrement Batman et Tintin). Mes années 90 ont été bercées par les comédies de Jim Carrey (Dumb & Dumber en tête), ou d'autres films que j'adore comme Les valeurs de la famille Addams, Street Fighter, Mortal Kombat, Casper et Mary à tout prix). C'est pourtant bel et bien Batman Returns qui figure en haut de mon classement, suivi de près par The Dark Knight, Casino Royale, Dragon l'histoire de Bruce Lee ou encore Rambo. Collectionneur, j'attache de l'importance au matériel et j'ai réuni deux étagères pleines de films classés par ordre chronologique. Il va sans dire qu'il m'en reste encore beaucoup à voir...

LAISSER UNE RÉPONSE

Veuillez saisir votre commentaire !
Veuillez entrer votre nom ici