Bruce Willis de retour sous l’objectif de Shyamalan dans un thriller incassable !

Parmi les œuvres les plus saisissantes de l’an 2000, Incassable traite de super-héros comme personne. À des années-lumières de l’overdose Marvel, il ose utiliser un angle dramatique avec des personnages complexes et des situations poignantes pour mieux valoriser son propos.

 

Dates de sortie : 22 novembre 2000 (États-Unis), 27 décembre (France)
Réalisateur : M. Night Shyamalan
Acteurs principaux : Bruce Willis, Samuel L. Jackson, Robin Wright, Spencer Treat Clark
Genre : Thriller, drame
Nationalité : Américain
Compositeur : James Newton Howard

Monsieur tout le monde, dans un train parmi tant d’autres.

Déjà fortement remarqué pour la réalisation de Sixième Sens, M. Night Shyamalan signe un nouveau thriller dramatique avec Incassable, dans un scénario rendant un puissant hommage aux comics et leurs univers de super-héros grâce à deux figures de personnages totalement opposés. D’une part David Dunn, incarné par Bruce Willis (L’Armée des Douze Singes, Le Cinquième Élément, Armageddon), qui se découvre un don particulier en se relevant indemne d’un violent accident ferroviaire alors que l’ensemble des autres passagers sont morts. Sans le moindre traumatisme, David Dunn entre dans une crise identitaire et se demande durant tout le film comment il peut être aussi résistant, soulever des haltères aussi lourds et ne jamais tomber malade. D’autre part Elijah Price, sous les traits de Samuel Jackson (Pulp Fiction, Jackie Brown, La Menace Fantôme), un homme souffrant depuis sa naissance d’une forme d’ostéogenèse, rendant ses os extrêmement fragiles, et lui ayant valu le surnom du « bonhomme qui casse » depuis son enfance. Fasciné par les comics depuis que sa mère l’avait envoyé en un chercher un à l’extérieur afin qu’il surmonte sa peur de sortir, il ne cesse d’admirer les pouvoirs des super-héros, dont il se sent le parfait opposé.

Part d’ombre du personnage et suggestion de sa phobie de l’eau.
Capable de soulever d’insoutenables poids, David en vient à effrayer son fils.

Shyalaman utilise brillamment la technique du plan-séquence pour dévoiler les différents personnages de la scène du bébé dans une gamme variée de valeurs, ou encore pour masquer à tour de rôle chaque personnage grâce aux fauteuils du premier plan dans le train et ainsi faire ressortir les moments-clé de la scène. Outre les portions du cadre créées par le soulèvement du rideau au premier plan qui rappellent les cases d’une bande dessinée lors du sauvetage de la famille, le reflet dans le miroir est utilisé à plusieurs reprises pour montrer un personnage indirectement afin de renforcer son mal-être. C’est notamment le cas d’Elijah, d’abord enfant à travers un écran de téléviseur, puis adulte tandis qu’il apparaît dans le reflet d’une vitre protégeant un dessin. Le ton se montre d’emblée mélancolique dans la quête d’identité des deux protagonistes, qui ont du mal à s’accepter tellement ils se sentent différents des autres. La discrétion des musiques de James Newton Howard, collaborateur habituel du réalisateur, mène ensuite à des mélodies de plus en plus renversantes.

Un personnage perdu à l’équipement sophistiqué accentuant sa différence.
Un petit caméo du réalisateur lors d’une séquence au stade.

Le discours d’Elijah fait douter David de sa propre nature, sa résistance surhumaine l’ayant poussé à devenir agent de sécurité afin de protéger son entourage, comme le ferait un véritable héros. Son pouvoir le rendant capable de visualiser plusieurs secondes du passé de toutes personnes avec qui il a un contact physique rend le personnage particulièrement intéressant dans ses prédictions. Le concept du point faible est également abordé (la kryptonite en référence à Superman) tandis que David se souvient avoir cru se noyer quand il était enfant, ce qui a provoqué en lui la phobie de l’eau. Sa résistance supérieure a vite fait d’attirer l’attention d’Elijah, alors à la recherche de survivants de grands désastres dans les journaux. Terriblement intrigué par cet être si différent, ce dernier s’immisce dans la vie de David en parlant à son fils pour comprendre comment quelqu’un peut avoir de telles capacités.

Un Bruce Willis très convaincant dans un rôle à des années-lumières de Die Hard.

Son point faible étant sa constitution maladive qui l’amène à se casser les jambes et à finir en fauteuil roulant, il trouve une compensation dans son intelligence hors du commun, à la manière d’un Charles Xavier chez les X-Men, un mental d’acier qui lui a permis de se maintenir en vie. De son côté, David ressent un profond malaise d’avoir été le seul survivant de l’accident, provoquant un regard incompréhensif de la part des autres jusqu’à sa propre famille. Ayant tenté d’aborder sa voisine au début du film en cachant son alliance, sa femme va jusqu’à lui demander s’il ne l’a pas déjà trompée, et son fils manque de lui tirer dessus pour lui prouver qu’il est indestructible, sa raison d’exister étant mise à rude épreuve. David est définitivement poussé vers le statut de héros alors qu’il vient en aide à une famille séquestrée : survivant à une chute dans une piscine, il est alors montré vêtu de son imperméable et d’une capuche rappelant ainsi la tenue de certains super-héros.

« Maintenant que nous savons qui vous êtes, je sais qui je suis. Je ne suis pas une erreur ! »
« Dans les comics, est-ce que vous savez à quoi on reconnaît le méchant ? Il est le parfait opposé du héros. Et la plupart du temps… ILS SONT AMIS COMME VOUS ET MOI ! »

Le grand final met brillamment en opposition les deux personnages alors qu’Elijah propose à David de lui serrer la main, provoquant ainsi un flash-back bouleversant. Ayant provoqué lui-même de graves accidents grâce à une intelligence machiavélique créée par la fatalité de sa situation, Elijah ne cherchait en fait qu’à trouver un résistant en espérant inconsciemment y voir son parfait opposé afin de comprendre sa place dans le monde. Cette scène stupéfiante crée alors un parallèle entre le héros et le méchant, ce dernier se reconnaissant comme étant le parfait opposé du premier, et ce bien qu’ils soient amis comme c’est le cas dans de nombreux comics, notamment Charles Xavier et Erik Lensherr des X-Men ou encore Batman et le Joker, qui entretiennent une proximité fascinante selon les adaptations. Sous une musique d’une intensité des plus émouvantes, Samuel Jackson signe de loin un des meilleurs rôles de sa carrière avec un personnage torturé qui comprend enfin qu’il n’est pas une erreur de la nature en trouvant une personne avec qui il symbolise un équilibre, le double sens de son surnom « le bonhomme qui casse » prenant alors tout son sens. Plus qu’un excellent film, Incassable s’impose surtout comme un merveilleux hommage au monde des super-héros à travers un scénario au ton réaliste sublimé par des personnages d’anthologie.


Article précédentShadow in the Cloud : le come-back de Chloé Grace Moretz
Article suivantBlack Jack de Ken Loach
Salut à tous ! Fasciné par le monde du cinéma depuis toujours, j'ai fait mes débuts avec Mary Poppins et La soupe aux choux, mais aussi de nombreux dessins animés (courts métrages Disney avec Mickey, Donald et Dingo ; longs métrages Disney avec Alice au pays des merveilles en tête ; animés japonais avec Sailor Moon et Dragon Ball Z ; j'aime aussi particulièrement Batman et Tintin). Mes années 90 ont été bercées par les comédies de Jim Carrey (Dumb & Dumber en tête), ou d'autres films que j'adore comme Les valeurs de la famille Addams, Street Fighter, Mortal Kombat, Casper et Mary à tout prix). C'est pourtant bel et bien Batman Returns qui figure en haut de mon classement, suivi de près par The Dark Knight, Casino Royale, Dragon l'histoire de Bruce Lee ou encore Rambo. Collectionneur, j'attache de l'importance au matériel et j'ai réuni deux étagères pleines de films classés par ordre chronologique. Il va sans dire qu'il m'en reste encore beaucoup à voir...

LAISSER UNE RÉPONSE

Veuillez saisir votre commentaire !
Veuillez entrer votre nom ici