Année : 2015
Pays : USA
Casting vocal : Isaac Hempstead-Wright, Elle Fanning, Ben Kingsley

S’il y a une phrase qui a de quoi énerver les cinéphiles de toutes parts, c’est l’affirmation que si un film pour enfants est mauvais, ce n’est pas grave car « c’est pour les enfants ». On dénigre ainsi la valeur culturelle d’une œuvre tout public et on laisse passer la médiocrité de certaines productions en diminuant leur importance par leur statut. Or, faire cela diminue les capacités intellectuelles des plus jeunes, autorise les studios à produire des films sans âme à la chaîne mais signifie également que si on crée une œuvre familiale, cela ne peut avoir un statut artistique. Aujourd’hui, nous allons donc parler d’un film d’animation qui devrait parler aux petits et aux grands grâce à ses messages et à son esthétique : « Les Boxtrolls ».

Egg est un jeune garçon qui a été élevé par les Boxtrolls. Ceux-ci sont des créatures vivant dans les égouts et récupérant les déchets des humains afin de les reconstruire. Alors que ses amis se voient chassés avec véhémence, Egg décide d’aller à la surface afin de rencontrer les hommes et comprendre leur haine des Boxtrolls.

Le film est une production du studio Laïka, l’un des grands représentants actuels dans le domaine de la stop motion. Néanmoins, la société allie également des ajouts numériques, notamment dans les arrières plans, mais travaillés de manière à sembler être animés à la main. En effet, les responsables des studios tentent de garder un aspect artisanal dans leurs films et cela se voit dans leurs visuels. On sent le travail derrière chaque décor et chaque détail visuel, notamment dans l’architecture de la ville. Il y a quelque chose de purement anglais dans ce décor, mais également dans le casting vocal ou dans le ton, marquant une rupture par rapport à l’aspect américain (« Coraline », « L’étrange pouvoir de Norman ») ou japonais (« Kubo et l’armure magique ») des autres films Laika. Bref, il y a eu un travail énorme dans la construction de ce film , comme l’atteste la scène qui suit le générique, à ne surtout pas manquer.

Concernant le scénario de l’œuvre en lui-même, il dispose d’un sous-texte politique passionnant et actuel. Ainsi, les Boxtrolls se voient chassés de manière véhémente, ce qui est représenté dans un montage de manière à rappeler certaines chasses et discriminations historiques. Le responsable de ces « purges » est un homme ambitieux qui veut représenter la voix du peuple en propageant une peur infondée afin d’intégrer un cercle de personnes privilégiées. Ces dernières, représentant le pouvoir en place, se trouvent de manière trop isolée par rapport à la population pour vraiment s’en préoccuper, préférant investir dans un fromage de taille immense plutôt que de financer un hôpital. C’est dans ce contexte politique réaliste qu’Egg représente la défense d’une minorité jugée à cause d’une propagande mensongère et que son alliée, une jeune fille appelée Winnie, tente de rapprocher les hommes aux pouvoirs de la population. Difficile de ne pas faire des parallèles avec l’actualité, des personnes se déclarant « populistes » tentant d’atteindre le pouvoir par des mensonges sur des minorités et une bulle politique aux exactions irréalistes choquant les gens « normaux ».

Ainsi, ces « Boxtrolls », derrière un aspect enfantin, dégagent un message fort qui devrait être réfléchi un peu plus par les adultes. Et qui devrait pousser à arrêter de sous-estimer une production qui cible un large public et valoriser celles qui tentent d’inspirer les plus jeunes, les faire rêver mais également réfléchir sur le monde dans lequel ils vivent. Car tant que des personnes propageront la discrimination et la haine afin d’atteindre le pouvoir, le message des « Boxtrolls » restera malheureusement intemporel…


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