Pays : Japon
Année : 1963
Casting : Toshirō Mifune, Tatsuya Nakadai, Tatsuya Mihashi, …
Genre : Guerre, drame, aventure

La ressortie de ce film en salles par Carlotta permet de découvrir que Toshirō Mifune était aussi bon réalisateur qu’acteur.

Takeichi Matsuo, soldat japonais revenu dans son pays après la guerre, travaille comme cadre dans une petite entreprise. Il rencontre Mitsura Gunji, un gros patron qui lui propose de retourner aux Philippines chercher un trésor abandonné…

Quand on parle de Toshirō Mifune, on imagine l’un des acteurs les plus mythiques du septième art immortalisé à plusieurs reprises par le tout aussi légendaire Akira Kurosawa. Néanmoins, on oublie souvent qu’il a officié une fois en tant que metteur en scène. On ne peut dès lors que constater après visionnage du film qu’il sait tout autant croquer son pays que le réalisateur des « Sept Samouraïs ». Il fait ainsi preuve d’une véritable maîtrise formelle dans la composition de ses cadres ainsi que dans la manière de capter son récit, bien aidé à la photographie par Takao Saitō (qui œuvra pour Kurosawa notamment sur « Entre le ciel et l’enfer », « Barberousse » et « Dodes’kaden »). Il y a ainsi un souffle dangereux qui ressort du film, entre l’excitation provoquée par cette quête mais également ses conséquences humaines.

Mifune parle ainsi de la destruction de l’homme face à l’argent d’un point de vue aussi bien universel que national. Tout d’abord, cette quête insensée d’enrichissement de manière dangereuse ne peut qu’aller de pair avec l’aspect belliqueux du récit, suite des conséquences de la seconde guerre mondiale et des conflits qu’aura connus le pays. Gunji parle ainsi de la symbolique nationale de la récupération des pièces d’or, telle une défaite qu’il faut de ce pas effacer de sa mémoire. Mais on y voit également le traitement du pays envers ses soldats abandonnés et contraints de se reconstruire à leur manière, que ce soit dans le territoire ennemi ou bien chez eux.

La nature incandescente de l’être humain face à l’argent fascine ainsi Mifune qui analyse par ce biais aussi bien la nature humaine que son pays par le biais d’un sens de l’aventure diablement divertissant, ce qui est paradoxal au vu de la dangerosité assumée de la mission et de l’écriture presque misanthrope de certains personnages. Mifune arrive à allier aussi bien divertissement par instants des plus grisants et analyse sociale et nationale avec un talent des plus indéniables, bien aidé par le scénario de Ryūzō Kikushima, autre habitué de Kurosawa ayant coécrit entre autres « Le Château de l’araignée », « La Forteresse cachée », « Yojimbo » et « Entre le ciel et l’enfer ».

Avec « L’héritage des 500 000 », Toshirō Mifune nous livrait un grand film profond qui devrait ravir à peu près tout le monde par son intemporalité et sa réflexion. De quoi constater que Mifune fut aussi talentueux derrière la caméra que devant.

 

Crédit photos :L’HÉRITAGE DES 500 000 © 1963 Toho Co., Ltd. Tous droits réservés.


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