Apportez moi la tête d'Alfredo Garcia

Sortie : 11 janvier 1975 en salle, et 9 septembre 2022 pour l’édition physique
Durée : 1h52 
Genre : Policier, Thriller, Action
De Sam Peckinpah 
Avec Warren Oates, Isela Vega, Gig Young, Emilio Fernández, Helmut Dantine

 

 

 

Peckinpah est un de ces monstres du cinéma qui compte dans sa filmographie les plus grands chefs d’œuvres du cinéma états-unien. Apportez moi la tête d’Alfredo Garcia fait partie de ces œuvres qui marquent à tout jamais.

D’une simple chasse à l’homme dans le Mexique, le cinéaste en fait une course vers les arcanes de la folie. Il faut tout d’abord séparer le film en deux parties assez hétérogènes de prime pourtant si évidentes lorsqu’elles se dévoilent sous nos yeux ébahis par la maîtrise qui en découle.

Il y a cette chasse qui commence sous la forme d’un road movie naïf avec ce couple en formation qui s’aime profondément malgré les embuches (la scène d’agression au bord de la route). Le ton du film est presque proche du conte à ce moment là et dégage une poésie que l’on peut retrouver dans d’autres films de Peckinpah. Il y a toujours chez lui cette tendance à construire une dichotomie entre l’idéal que cherche le personnage et la dure réalité qui le rattrape. Cette réalité se manifeste dans le film à partir de la scène du cimetière où le but est enfin atteint. C’est à ce moment que toute l’horreur du monde s’incarne, s’éveille pour poursuivre un protagoniste hanté par la fureur. Le basculement est tellement brut lors de cette séquence qu’il est tout bonnement impossible d’y être insensible tant le point de rupture est violent.

 

 

Le film se transforme alors en un objet imprévisible dont on ne soupçonne même pas l’issue. C’est aussi le point de vue qui change puisque tout est concentré autour du personnage incarné par Warren Oates dans cette deuxième partie là où dans la précédente il s’agissait de suivre le couple qu’il formait avec sa compagne. Et la violence ne s’arrête plus, les morts s’alignent jusqu’à la fin qui est un véritable feu d’artifice.

Et puis il y a ce dernier plan iconique qui rappel que la mort est toujours là malgré ce qu’accomplit le héros avec son geste final. C’est d’ailleurs un aspect récurrent du cinéma de Peckinpah, la mort est toujours accompagnée d’une mise en scène qui en imprime la grâce ou l’impact à l’écran. Le ralenti est un usage courant chez le cinéaste, il marque l’arrêt du temps, l’arrêt de l’histoire et la fin de tout.

 

 

Ce n’est donc pas par hasard que le dernier plan d’Apportez moi la tête d’Alfredo Garcia soit un gros plan sur le canon d’une mitrailleuse qui tire des rafales après l’illusion d’une issue favorable pour le personnage. Cet arrêt du film de manière abrupte marque la fin du personnage, sa mort et donc par extension la fin d’un film.

C’est ainsi que cette œuvre époustouflante se termine et marque à jamais les esprits car Sam Peckinpah est un maître de l’instant. Un filmeur qui ne se pose pas de questions et produit un cinéma impulsif et sans écarts. Un cinéma qui va jusqu’au bout de la course même après la mort.

 

Le film est édité par BQHL en Blu-ray et Dvd depuis le 9 septembre 2022. Les éditions sont accompagnées d’une présentation du film par le journaliste Rafik Djoumi (34′) d’un documentaire, Le film préféré de Sam Peckinpah, documentaire autour du film en VO sous-titrée (56’), d’un entretien avec Katy Haber en VO sous-titrée (15’) et d’un bonus sur les affiches du film.

 

 

 


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