Lettre D’amour 

Sortie : 1953
Durée : 1h38
Genre : Drame
De Kinuyo Tanaka
Avec Masayuki Mori, Yoshiko Kuga, Jûkichi Uno, Kyōko Kagawa, Kinuyo Tanaka

La Lune S’est Levée 

Sortie : 1955
Durée : 1h43
Genre : Drame
De Kinuyo Tanaka
Avec  Chishû Ryû, Shûji Sano, Hisako Yamane, Shōji Yasui, Miki Odagiri, Yōko Sugi

 

Maternité Eternelle 

Sortie : 1955
Durée : 1h50
Genre : Drame
De Kinuyo Tanaka
Avec Yumeji Tsukioka, Ryoji Hayama, Junkichi Orimoto, Hiroko Kawasaki, Kinuyo Tanaka

 

La Princesse Errante 

Sortie : 1960
Durée : 1h42
Genre : Drame
De Kinuyo Tanaka
Avec Machiko Kyô, Eiji Funakoshi, Atsuko Kindaichi,, Mitsuko Mito, Shozo Nanbu

 

La Nuit des Femmes 

Sortie : 1961 
Durée : 1h33
Genre : Drame
De Kinuyo Tanaka
Avec Hisako Hara, Akemi Kita, Chieko Seki, Kyōko Kagawa, Masumi Harukawa

 

Mademoiselle Ogin

Sortie : 1962
Durée : 1h42
Genre : Drame
De Kinuyo Tanaka
Avec Ineko Arima, Tatsuya Nakadai, Ganjirô Nakamura, Keiko Kishi, Chishū Ryū

 

 

 

 

 

 

 

Kinuyo Tanaka est une actrice très connue que l’on a pu voir très souvent chez Mizoguchi ou encore Ozu mais c’est également la première femme cinéaste de l’après-guerre au Japon. Elle est à l’origine de 6 films qui sont présentés dans des versions restaurées dans ce coffret que sort Carlotta le 18 octobre 2022.

Ce qui frappe dans un premier temps à travers ces films c’est leur évolution stylistique assez remarquable. On peut y retrouver l’inspiration du cinéma d’Ozu, de Mizoguchi et de Naruse que l’on peut retrouver dans ces premières œuvres notamment dans La Lune s’est levée qui est justement scénarisé par Ozu et où la présence de certains des acteurs fétiches du cinéaste peut être relevée.

Mais cette inspiration ne sert que de guide technique pour Tanaka afin de mieux appréhender les codes cinématographiques puisqu’une singularité stylistique peut être remarquée dès son premier long métrage, Lettre D’Amour. Dans celui-ci, elle retrace l’impact de la société du Japon d’après-guerre sur les relations amoureuses entre les japonais. On y retrouve un Japonais en quête d’une femme qu’il a perdue de vue et qu’il aimait avant la guerre. Dans ce Japon nouveau, il écrit des lettres en anglais pour des femmes abandonnées par les soldats américains et erre dans les rues à la recherche de son amour perdu.

Ainsi, la cinéaste développe une double lecture autour de l’abandon. Les Japonaises abandonnées par les soldats étrangers qui ont occupés le Japon et l’abandon amoureux du protagoniste. C’est une manière de faire de son pays une terre qui se cherche et se sent seul.

 

 

Lettre D’Amour et La Lune s’est Levée sont deux romances qui témoignent déjà d’un intérêt très fort de la part de Tanaka pour ses personnages féminins. Preuve en est que ses 4 films qui suivent sont des portraits de femme tout simplement somptueux puisqu’ils expriment directement et de manière plus forte que précédemment son regard d’artiste face au monde. C’est entre autres la place des femmes dans la société japonaise qu’elle questionne en choisissant de dépeindre ses thématiques à travers des époques différentes.

La Princesse Errante et Mademoiselle Ogin sont par exemple deux films qui se déroulent dans un japon du passé, le premier pendant la Deuxième Guerre Mondiale et le deuxième lors Du XVIème siècle. Ces deux films sont le portrait d’aristocrates confrontées à leur statut et leur absence de liberté. Ces femmes sont des pantins qui ne sont pas libres de leurs instruments et ont une valeur purement symbolique pour limiter et régler des conflits. Cet aspect rappel l’échange des femmes qui était très pratiqués dans les sociétés anciennes fin de régler des questions diplomatiques.

 

 

Le passé sert donc à Tanaka à évoquer des questions modernes et prouve avec Maternité Eternelle, La Nuit des Femmes ou encore ses deux premiers films que la place des femmes est toujours d’actualité et qu’elles n’ont pas véritablement de place en tant qu’être indépendant. Elles sont toujours en quelque sorte une marchandise que l’on transporte et qui n’a pas accès à la liberté. C’est cette déshumanisation et absence de reconnaissance de la femme comme être indépendant qui préoccupe Kinuyo Tanaka et rend donc ses films aussi formidables tant ils ne vieillissent pas.

Car Tanaka touche toujours juste en reprenant la mise en scène très classieuse et jamais lourdingue de ses pairs. Elle la transforme au fil de ses films comme un outil lyrique qui s’accorde toujours à la souffrance de ses personnages. A l’instar des femmes dont elle fait le portrait, Kinuyo Tanaka s’émancipe et acquiert de la liberté dans une filmographie trop courte mais riche qu’il faut absolument découvrir.

 

Le coffret proposé par Carlotta est accompagné de 6 préfaces pilotées par Lili Hinstin qui est programatrice au festival de la Villa Médicis, 6 bonus présentés par Yola Le Caïnec, chercheuse en histoire du cinéma, de notes sur le film Maternité Eternelle et du documentaire réalisé par Pascal Alex Vincent, Kinuyo Tanaka, une femme dont on parle. 


LAISSER UNE RÉPONSE

Veuillez saisir votre commentaire !
Veuillez entrer votre nom ici