Comédie dramatique française sortie le 1er mars 2017 (durée : 1h50) réalisé par Grand Corps Malade et Mehdi Idir

Avec Pablo Pauly, Soufiane Guerrab, Moussa Mansaly, Nailia Harzoune, Franck Falise

Humanité, humour, cinéma, fraicheur, originalité : Patients n’est amputé d’aucun de ces ingrédients !

Ce n’est pas un film sur le slam ?

Ben a subi un accident aussi stupide que grave : le voilà devenu tétraplégique incomplet. Le film commence quand il reprend conscience à l’hôpital. Nous allons être immergés dans son quotidien de patient où l’on peut survivre à condition d’être patient. Petit à petit, malgré les handicaps, on se rend compte que les valeurs essentielles restent inchangées : l’amitié, l’amour, l’humour.

On reconnaitra facilement le récit autobiographique de Grand Corps Malade, le poète des temps modernes si talentueux. Mais ici, pas question d’écriture ou de slam. Le propos de ce film (adapté du livre éponyme) est tout autre et sera développé avec intelligence et pertinence : comment s’accommode-t-on de sa situation quand on se réveille paralysé ?

Plutôt drame ou comédie ?

                Attention, attention : même si le thème du film peut paraitre pesant, nous sommes ici face à une comédie ! Si l’émotion se glisse forcément dans la partie, pas question ici de pleurnicher, de tomber dans un pathos larmoyant. Les personnages restent résolument optimistes et supportent leurs difficultés grâce à des vannes sur leur handicap pas piquées des vers !

Le casting est rafraichissant et la bande fonctionne très bien ensemble ! Dans la peau du « héros », Pablo Pauly joue avec justesse, sans vouloir copier Grand Corps Malade. Soufiane Guerrab ressemble à un lutin espiègle, Nailia Harzoune apporte la touche féminine avec une vraie présence. A noter aussi la performance très réussie de l’humouriste/acteur Alban Ivanov dans le rôle de l’infirmier en chef.

Le Robinson Crusoé de l’hôpital ?

                La richesse et la finesse du scénario permettent à ce huis-clos de ne pas perdre en intensité durant les presque deux heures de projection. On rit (beaucoup), on découvre (la dure réalité de la situation), on s’émeut (malgré leur joie de vivre, ça ne doit pas être toujours simple), on s’inquiète (que vont-ils tous devenir ?) et quand on sort de la salle, on a envie de courir croquer la vie. Tout sonne authentique, mais nous avons affaire à un vrai film, pas à une thérapie voyeuriste.

L’évolution de Ben le transforme en une sorte de Robinson Crusoé perdu au milieu de l’hôpital. Il se réveille seul et mal en point. Puis il s’habitue à son environnement. Il s’ouvre et explore les alentours. Il fait connaissance avec son Vendredi, rencontre d’autres personnages et même l’amour. Il se familiarise et apprend à apprivoiser ce milieu hostile. Pas besoin de méchant ici : la lutte contre le handicap suffit.

Les cinéphiles en ont-ils pour leurs frais ?

                Combien de belles histoires avec des personnages intéressants ne dépassent pas le statut de « théâtre filmé » ? Pas celui-ci en tout cas ! Pour son premier film, l’artiste a travaillé avec Mehdi Idir, son acolyte qui a réalisé tous ses clips. Le résultat est plus que réussi puisque le binôme a choisi de cadrer à hauteur de la vision ressentie par Ben. Le film commence sur un très gros plan. Puis petit à petit, la caméra va s’ouvrir au fur et à mesure que le héros va redécouvrir le monde qui l’entoure. Progressivement, les plans vont s’agrandir, le champ va s’approfondir, l’amour va se trouver dans les longs couloirs (autre déclinaison que dans « Elephant » de Gus Van Saint). Habile et bienvenu.

Vous l’aurez compris, c’est un vrai coup de cœur ! Espérons juste que ce film trouvera son public. Un casting peu connu, un sujet qui peut rebuter les frileux de l’hôpital, le slam injustement amalgamé à un sous-art de banlieue… Deux ans après le boycott malheureux du premier long d’Abd Al Malik (« Qu’Allah bénisse la France »), Grand Corps Malade nous propose ici une œuvre à son image : sincère, intelligente, humble. A tel point qu’elle en devient nécessaire, presque indispensable : c’est un hymne à la vie.

 

 


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Nicolas, 37 ans, du Nord de la France. Professeur des écoles. Je suis un cinéphile éclectique qui peut alterner entre blockbusters, films d’auteur, films français, américains, petits films étrangers, classiques du cinéma. J’aime quand les films ont de la matière : matière à discussion, à interprétation, à observation, à réflexion… Quelques films que j’adore pour cerner un peu mes goûts : Matrix, Mommy, Timbuktu, la Cité de la Peur, Mission Cléopâtre, Ennemy, Seven, Fight Club, Usual Suspect, Truman Show, Demain, Big fish, La Haine, La Vie est belle, Django, Rubber, Shutter Island...

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