Sortie : 14 février 2003, 7 février 2023 en DVD
Durée : 1h43
Genre : Drame
De Gus Van Sant 
Avec Casey Affleck, Matt Damon 

 

 

Gus Van Sant est un artiste assez fascinant qui imposa un style très reconnaissable qui est un savant alliage entre un cinéma qui dépeint l’adolescence américaine, les mécanismes de la violence sous toutes ses formes et un maniérisme parfois lourd mais qui tape souvent juste.

Gerry appartient à cette catégorie de long métrage qui choisissent l’épure la plus totale afin d’exprimer son propos avec les idées les plus simples du monde. Cette épure ce manifeste tout d’abord par le choix du décorum où se situe l’intrigue, le désert. Je pense sincèrement qu’il n’y a pas plus grande incarnation du vide que le désert. Le désert est l’idée même de l’absence et de la mort.

Le choix des grands espaces désertiques n’est donc pas un hasard pour le cinéaste puisqu’il colle parfaitement à l’idée sous-jacente qui se cache derrière la fameuse tétralogie de la mort pensée par le cinéaste et donc Gerry fait partie. Cette idée c’est l’anéantissement de la relation qu’entretient l’être humain avec le monde.

Cet anéantissement se manifeste donc dans le cheminement même de Gerry, deux amis vont entreprendre une randonnée dans le désert et vont s’y perdre.  Au fur et à mesure de leur traversée, ils s’égarent et se coupent du monde. Cet égarement dans l’espace du vide à un impact direct sur la qualité de la relation qu’entretienne ces deux amis. Ils se disputent, se détestent progressivement pour ensuite s’abandonner définitivement. Ainsi, le film sous-entend un postulat fantastique qui se manifeste dans l’influence du décor sur les personnages. Sachant que Gus van Sant met en scène le désert comme une entité qui écrase, étouffe les personnages qui sont rarement filmés en gros plans et deviennent des silhouettes atomisées par le sable et le soleil.

 

 

Un autre élément assez troublant se situe justement dans le traitement du soleil qui incarne également une entité destructrice et manipulatrice. Nous sommes constamment sujet à l’inquiétude du surgissement d’un acte meurtrier influencé par la dureté des éléments, du soleil. Cette citation directe de L’Etranger de Camus ne cesse d’enfoncer le clou de cette présence magique des éléments naturels.

Gerry est majoritairement composé de plans séquences élaboré au steadycam ce qui permet d’accentuer la perdition et le poids du lieu sur les personnages. Il suffit de penser à cette longue séquence de marche dans un crépuscule étouffant qui ne cesse de cartographier la place désertique comme une représentation de l’Enfer.

Ce film de Gus Van Sant est donc très surprenant, il conserve les aspects les plus traditionnels de son style et choisit de s’éloigner de la narration classique pour aller vers l’abstraction la plus pure.

 

Le film est disponible en Blu-ray et Dvd simple chez Carlotta accompagné de Sur les traces de Gerry où le critique de cinéma Serge Jaganski décortique le film et de Saltlake Van Sant qui est un making off d’un plan séquence du film.


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