Date de sortie 26/05/2010 Au cinéma
Durée(01h36)
Titre original 歓待
Réalisé par Koji Fukada
Avec Kenji Yamauchi, Kiki Sugino, Kanji Furutachi, Bryerly Long, Kumi Hyodo, Erika Ono, Hiroko Matsuda, Tatsuya Kawamura, Naoki Sugawara, Haruka Saito, Makoto Adachi, Tsuyoshi Kondo, Kenichi Akiyama, Momoi Shimada
Genre Comédie
Nationalité Japon

 

 

 

 

Synopsis

Dans une bourgade japonaise, la famille Kobayashi vit paisiblement de l’imprimerie. Quand un vieil ami de la famille réapparaît, aucun ne réalise à quel point il est en train de s’immiscer progressivement dans leur vie… jusqu’à prendre leur place.

 

Les succès récents d’Harmonium et de l’Infirmière de Koji Fukada nous offrent la possibilité de voir au cinéma son premier film sorti au Japon en 2010, mais non diffusé en France à l’époque. Forcément, des milliers d’autres films ont depuis vu le jour et on peut se demander si cette comédie dramatique n’a pas inspiré quelques longs-métrages, notamment le Mother ! de Darren Aronofsky ou le multi-primé Parasite de Bong Joon Ho… Attention spoilers !

La maison métaphore de Mother !

            Comme dans le film controversé du réalisateur de Black Swan, la majeure partie du film se déroule dans une maison. Dans ces deux films, on reste d’abord au 1er degré de lecture et ici, on s’amuse de cet invité qui se permet beaucoup de choses avec autant de culot que de malice. Puis, après quelques indices, on comprend que le film bascule dans la métaphore. Chez Aronofsky, la maison illustrait la planète, création ultime et biblique. Chez Fukada, cette bâtisse illustre le Japon actuel, un pays visiblement bien sous tous rapports, mais qui n’est pourtant pas mieux qu’un autre et qui a du mal à accepter les immigrés et les étrangers. Dans les deux films, on peut aussi trouver cette montée en puissance, cette accumulation qui peut perdre certains spectateurs.

Quand on creuse un peu chez cette famille Kobayashi si sympathique, on se rend compte que Madame n’est pas si parfaite que ça et que Monsieur se laisse vite séduire par cette Brésilienne d’Europe de l’Est. On voit d’ailleurs une critique du rapport au corps parfois compliqué des Japonais. A l’inverse, ce Kagawa (il aurait pu s’appeler Kanagawa, tant il représente une vague qui déferle sur ce foyer !) apparaît d’abord sans gêne, puis carrément menaçant et malsain. Mais finalement, ne représente-t-il pas l’alternative humaniste qui sait accueillir et partager, « tuant » l’ancien modèle (à l’image de l’ancien employé qu’il remplace) ?

 

Au départ, ce film aurait dû s’appeler « Rotary » en référence à l’imprimerie, mais aussi à cette notion de cercle, de boucle. Une nouvelle fois, on retrouve ce côté dans Mother ! Avec cette fin qui répond au début, de la naissance d’une création, le feu du processus créatif qui finit par tout brûler, avant de reprendre à la prochaine étincelle. Ici, l’imprimerie représente surtout une métaphore du travail. Là où les voisines disent au début qu’ « il n’y a plus de travail et que certains disent que c’est parce qu’il y a de plus en plus d’immigrés », Kagawa montre l’inverse : s’il y a plus de citoyens, on aura besoin de plus produire et on pourra embaucher davantage.

Le Parasite qui s’introduit dans le système vertical

Comme dans le film palmé en 2019 et oscarisé en 2020, on se retrouve avec une famille en apparence parfaitement fonctionnelle jusqu’au jour où une ou plusieurs personnes en marge viennent perturber ce confort bien en place. On comprend vite la critique de la société japonaise, le rapport entre les différentes classes sociales. Ce thème se retrouvait déjà dans Harmonium, sorti en 2016.

            On peut voir également un petit lien entre Hospitalité et Parasite dans le traitement vertical des rapports sociaux. Ici, accéder à l’étage, c’est obtenir un toit, s’élever socialement. Evidemment, Bong Joon Ho a poussé le concept bien plus loin neuf ans plus tard. Le réalisateur de Snowpiercer avait également choisi de montrer l’habitat de la famille Parasite, situé encore plus bas que le sol. Koji Fukada reste davantage centré sur une seule maison, montrant juste le lieu de squats des exclus de la société.

Dans Parasite, le point de départ se faisait avec les cours particuliers donnés aux enfants.  Ici, la symbolique passe par cet oiseau qui avait pris sa liberté et que l’on recherche pour le remettre dans une cage. Critique de ce confort que l’on cherche tant, cette possession que l’on brigue. La boucle se boucle dans les dernières minutes quand on apprend que c’est un autre oiseau dans la cage, avec les mêmes couleurs. On revient dans le côté « Rotary », en insistant sur le côté artificiel extérieur, alors qu’à l’intérieur d’eux-mêmes, les deux époux ont évolué positivement.

En conclusion, Hospitalité est un film à voir à beaucoup d’égards et on se demande clairement si Mother ! Et surtout Parasite ne lui doit pas beaucoup. Cet article ne prétend pas tout savoir, alors n’hésitez pas à venir compléter, enrichir ou contredire les quelques points développés ici !


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Nicolas, 37 ans, du Nord de la France. Professeur des écoles. Je suis un cinéphile éclectique qui peut alterner entre blockbusters, films d’auteur, films français, américains, petits films étrangers, classiques du cinéma. J’aime quand les films ont de la matière : matière à discussion, à interprétation, à observation, à réflexion… Quelques films que j’adore pour cerner un peu mes goûts : Matrix, Mommy, Timbuktu, la Cité de la Peur, Mission Cléopâtre, Ennemy, Seven, Fight Club, Usual Suspect, Truman Show, Demain, Big fish, La Haine, La Vie est belle, Django, Rubber, Shutter Island...

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