Thriller français sorti le 16 novembre 2016 et réalisé par Jalil Lespert (durée : 1h42)

Avec Romain Duris, Charlotte Le Bon, Jalil Lespert, Camille Cottin.

Tournage IRIS

Jalil Lespert, double emploi

A 40 ans, Jalil Lespert présente vraiment deux casquettes différentes. Ayant commencé très jeune avec son père dans un court-métrage, il enchaine les films et les rôles moyens en tant qu’acteur. Beaucoup sont à oublier, on peut juste retenir les « Nos vies heureuses » (1999), « Vivre me tue » (2002) et « Ne le dis à personne » (2006).

La même année, il signe son premier long « 24 mesures » qui ne reste pas dans les annales. Ses deux opus suivants seront beaucoup plus remarqués avec « De vents contraires » (2011) et surtout « Yves Saint-Laurent (2014, 6 nominations aux Césars dont le titre de « Meilleur acteur » pour Pierre Niney). Aujourd’hui, ce jeune touche-à-tout poursuit son ambition d’explorer différents genres cinématographiques avec Iris.

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Un scénar’ dynamique et crédible ?

Non, je ne spoilerai pas ! Ça commence comme ça : Iris, la femme du riche banquier d’Antoine disparait en plein jour alors que le couple sort du resto. Max, mécanicien raté, semble impliqué dans cet événement, même si la réalité semble bien plus complexe que ce que l’on veut bien nous faire croire… Le point de départ – sans être hyper original – en garde sous le pied et semble prêt à exploiter tout son potentiel !

L’histoire avance avec régularité, avec des twists d’un bout à l’autre qui viennent relancer l’intérêt de l’intrigue. Jalil Lespert (qui adapte un roman existant) joue avec les codes classiques du genre. Ça fonctionne plutôt bien, même si on reste dans le domaine du déjà-vu. Sans trop en dévoiler, je préciserai quand même qu’un moment-clef du film m’a semblé plutôt douteux au niveau de la crédibilité…

Romain Duris, Charlotte Le Bon

Un casting inégal

                Dans un rôle de Max qui ressemble à ce qu’il interprétait dans « Un petit boulot » (sorti il y a quelques semaines), Romain Duris s’en sort particulièrement bien en anti-héros vulnérable mais combattif. Autre très bonne surprise : Charlotte Le Bon dans le rôle d’Iris, la femme fatale. Pouvant s’appuyer sur un physique déconcertant, l’ancienne miss météo explore elle aussi une palette large : irrésistible, fragile, prédatrice, soumise… (soulignons au passage que lors des échanges ayant fait suite à l’avant-première, la Canadienne a irradié la salle de son naturel rafraichissant !).

Le trio principal est complété par Jalil Lespert qui se montre beaucoup plus inégal. Incarnant Antoine, personnage complexe très autoritaire pour mieux dissimuler ses fêlures, l’homme à la double casquette réalisateur/acteur tombe parfois à côté. Ajoutons un duo de flics qui se montre vraiment peu convaincant, à l’image d’une Camille Cottin (« Connassse, princesse des cœurs ») qui s’ose au contre-emploi avec beaucoup de difficultés.

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Alors, un bon thriller français, c’est possible ?

                Au final, que vaut ce thriller bleu-blanc-rouge à la Gone Girl ? Misant sur un voyeurisme à la 50 nuances de

Grey, la sensation en sorte du film reste mitigée. On ne s’ennuie pas grâce à une intrigue dynamique qui maintient son lot de surprises. La photographie et l’esthétique du film donnent une vraie plus-value à l’ensemble : les plans de Paris la nuit, les intérieurs en clair-obscur, le côté glam. Romain Duris et Charlotte Le Bon portent parfois l’intérêt du film sur leurs épaules.

D’un autre côté, le rythme souffre d’une lenteur qui peut se justifier par cette volonté de mise sous tension psychologique et sexuelle (même si le côté sulfureux ne va pas bien loin), mais qui aurait mérité plus de variations, comme pour illustrer à quel point on peut se retrouver pris dans un engrenage sans fin…

Au final, Jalil Lespert prend des risques en entrant dans un genre peu fréquent au cinéma français (Ne le dis à personne, 36 quais des orfèvres). Les qualités sont nombreuses, mais l’essai n’est pas totalement transformé !


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Nicolas, 37 ans, du Nord de la France. Professeur des écoles. Je suis un cinéphile éclectique qui peut alterner entre blockbusters, films d’auteur, films français, américains, petits films étrangers, classiques du cinéma. J’aime quand les films ont de la matière : matière à discussion, à interprétation, à observation, à réflexion… Quelques films que j’adore pour cerner un peu mes goûts : Matrix, Mommy, Timbuktu, la Cité de la Peur, Mission Cléopâtre, Ennemy, Seven, Fight Club, Usual Suspect, Truman Show, Demain, Big fish, La Haine, La Vie est belle, Django, Rubber, Shutter Island...

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