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Sortie : 25 mai 2022
Durée : 1h47
Genre : Science fiction, Thriller, Epouvante-horreur, Drame
De David Cronenberg
Avec Viggo Mortensen, Léa Seydoux, Kristen Stewart, Scott Speedman, Tanaya Beatty, Don McKellar
Musique : Howard Shore

 

 

 

 

 

Le retour de Cronenberg au cinéma ne pouvait qu’être attendu après Maps To The Stars qui datait de 2014 !

Les Crimes du futur semblait traduire un retour aux sources puisque ce titre évoque son deuxième long métrage qui suivait Stereo. Ce film de 2022 n’est pas un remake ou une suite mais bel et bien un nouveau départ pour le cinéaste.

Pour entrer dans le vif du sujet, Les Crimes du Futur est un grand film. Qu’est-ce qu’un grand film ? C’est une œuvre qui provoque l’obsession et qui hante instantanément.

 

 

 

Ce Cronenberg bouleverse car il s’inscrit dans la continuité de sa deuxième partie de filmographie et s’hybride avec ses débuts. C’est également une nouvelle approche qui mélange poésie macabre et stupéfaction.

Le futur qui y est dépeint se rapproche de notre présent et s’en éloigne d’une manière assez fine. Cette approche est évidemment une constante chez le cinéaste du corps en mutation. Mais, Les Crimes du Futur surprend car il se permet d’aller vers la fragilité, le risque. Sa filmographie constitue évidemment une mise en danger constante par ses thématiques et sa volonté d’évoquer ce qui est tabou, mais le film se permet d’aller encore plus loin.

Il suffit de s’attarder sur cette première séquence qui dévoile un plan lumineux dévoilant un futur qui repose sur des ruines. Un enfant et un paquebot échoué en arrière-plan qui symbolise, à l’instar du Titanic, la chute du capitalisme. S’ensuit un meurtre d’enfant qui est profondément insoutenable puisque le meurtrier semble y prendre un plaisir assez froid. Tuer un enfant au cinéma est toujours profondément compliqué mais ce ne sera pas la première convention que le cinéaste brisera.

Par la suite est dévoilé une société obsédée par une chirurgie mortifère qui écarte le corps de sa conception. L’idée principale est que la chirurgie est le nouveau sexe, que l’être humain s’ennuie et préfère se charcuter le visage ou le corps entier. Ainsi, on peut voir en arrière-plan des gens qui se scarifient dans l’extase la plus profonde.

Mais le sujet du film est Saul Tenser, artiste performeur qui semble posséder un don particulier. Son corps génère des nouveaux organes en plus de ceux déjà présents. Afin de se maintenir en bonne santé, il s’associe avec une chirurgienne, Caprice, et se sert d’un module d’autopsie qui lui permet de se faire retirer les organes naissants et de les exposer devant un public fasciné.

 

 

Ce module à l’esthétique funéraire est assez troublant puisqu’il repose sur la mort mais sert à exposer la renaissance et la mutation.

Pour la première fois, Cronenberg aborde la question de l’art et la confronte à la modernité. Comment aborder l’art dans un monde où le corps n’a plus vraiment de sens et semble dépersonnalisé ou oublié ?

Il faut le réinventer, le confronter à l’indicible, l’insoutenable et en faire un spectacle macabre teinté de poésie.

 

 

Il est pourtant dit à Tenser qu’il rejette sa propre nature, qu’il craint son corps. Mais c’est oublier l’obsession de Cronenberg pour la nouvelle chair. Body is reality est le slogan du film, phrase qui est introduite lors du spectacle de Tenser et qui reviendra hanter le film lors de la manifestation d’un élément perturbateur.

L’enfant tué en ouverture de film semble cacher un secret, celui du futur. C’est ainsi que lors d’une inoubliable séquence d’autopsie, la vérité du futur est dévoilée.

Cette vérité trouble les personnages et le souffrant Tenser s’interroge et embrasse le futur à la fin avec un dernier plan magistral et profondément galvanisant. C’est une vérité qui évoque un moment de notre histoire, la représentation froide et réaliste de l’autopsie qui fit scandale avec le célèbre tableau de Rembrandt, La Leçon d’anatomie du docteur Tulp. Le film nous confronte à la mort et en fait ressortir une pulsion de vie.

La poésie du film explose dans cette dernière image pour ensuite laisser la place à cette étrange et envoutante musique d’Howard Shore.

Cronenberg est le maître. Il faut embrasser le futur, devenir utile et se sauver. Body is Truth.

 

 


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