Sortie : 20 octobre 1979, sortie de l’édition physique : 15 février 2022
Durée : 2h 04min
Genre : Drame, Fantastique
De Masahiro Shinoda
Avec Tamasaburo Bando, Go Kato, Tsutomu Yamazaki
Musique : Isao Shinoda

 

 

Un texte, une légende du fond des temps et un enchaînement de plans silencieux annoncent la couleur de L’Étang du démon de Masahiro Shinoda.

J’ai toujours pensé que la grandeur d’un film se situait entre l’impression qu’il pouvait susciter et sa capacité à exister dans la mémoire après le visionnage. Le but du cinéma est d’imprimer des images et des sons dans la conscience.

Le film de Shinoda est sans aucun doute possible une œuvre destinée à me hanter telle la figure fantomatique de la princesse Shirayuki, gardienne de L’Étang du Démon.

 

La beauté qui se dégage du film est vertigineuse, choisissant plutôt une installation du fantastique par le prisme de la finesse, L’Étang du démon surprend et provoque des émotions contradictoires à l’image de la capacité d’évocation du cinéma fantastique japonais.

Il suffit de penser à Dark Water et à sa façon de créer un attachement émotionnel envers l’antagoniste. L’ambivalence est une véritable marque de la « japan horror ».

Cette ambivalence est le cœur de L’Étang du démon puisque les créatures fantastiques ne sont pas les véritables monstres du film. Un basculement savamment orchestré qui explose lors d’un climax apocalyptique et tragique permet de dénicher le véritable monstre, le village.

 

C’est ce qui provoque la si grande force du film. On y suit un personnage extérieur à la périphérie campagnarde japonaise. Le fameux lieu des légendes oubliées.
La campagne est ainsi un lieu désertique, fantôme où la première trace d’humanité se manifeste par un cortège funèbre. Une étonnante façon de présenter les villageois qui sont enfermés dans le désespoir et la mort.

 

L’étang apparaît comme un être fascinant et terrifiant filmé comme une gueule ouverte qui attend ses victimes. Cette façon qu’a le cinéaste de filmer la nature et l’apparition du fantastique qui s’y mêle est profondément fascinante. À l’instar de son travail sur SilenceShinoda sublime la nature et la dépeint comme une estampe. Estampe mortelle dans laquelle se fondent les personnages, ils en sont indissociables à l’image des prêtres de Silence.

L’imagerie fantastique est également somptueuse et devient un véritable conte. Les créatures sont fascinantes et étonnantes. La mise en scène la rend poétique et merveilleuse.


L’Étang du démon fascine, provoque une insondable mélancolie avec sa fin qui atteint un pic de dramaturgie explosif qui s’incarne dans ce dernier plan d’une tristesse absolue.

 

L’Edition : 

 

Le film sort dans une magnifique édition restaurée par Carlotta disponible en DVD et Blu-ray simple le 15 février 2022 accompagné d’une introduction du film par Shinoda, d’un entretien avec Stéphane du Mesnildot, essayiste et spécialiste du cinéma asiatique et d’une analyse des effets spéciaux du film proposé par Fabien Mauro, essayiste et auteur de Kaiju, envahisseurs et apocalypse. 

 

 


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