Drame britannique sorti le 26 octobre 2016 (durée : 1h41) et réalisé par Ken Loach

Avec Dave Johns, Hayley Squires, Dylan McKiernan

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L’unanimité, comme souvent, n’était pas de mise… Logique pour une sentence forcément très subjective (un Festival se doit-il d’ailleurs d’attribuer des prix ?). Il a fallu attendre quelques mois pour nous faire notre propre avis sur la dernière Palme d’Or cannoise !

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Un scénario simple et manichéen ?

Menuisier anglais de 59 ans, Daniel Blake est sujet à des problèmes cardiaques : son médecin lui interdit de travailler. Malheureusement, le service médical de l’aide sociale en décide autrement et notre presque sexagénaire va se retrouver prisonnier d’un labyrinthe administratif éreintant. Notre « héros » a bien du mal à s’en sortir entre un internet qu’il ne maîtrise pas et un système qui cultive les complications pour mieux égarer les personnes dans le besoin.

Le scénario se montre aussi simple qu’efficace. On suit le quotidien de ce veuf sans enfant qui aime prendre soin des gens autour de lui, comme son jeune voisin qu’il appelle « fils ». Il finira par croiser la route de Katie, mère célibataire de deux enfants ayant accepté un logement à l’autre bout du pays pour ne pas voir sa progéniture placée en famille d’accueil.

Le réalisme des situations auxquelles ces anti-héros (interprétés par des acteurs professionnels ou non) sont confrontés impacte avec force sur le spectateur. On aimerait voler au secours de ces personnages en détresse, mais nous sommes comme eux : impuissants. Mais ici, tout est blanc ou noir. Il y a les gentils (la bande à Dan) et les méchants (les multiples têtes de l’hydre administration). Même si ça sert le propos social, ce manichéisme reste néanmoins une limite.

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Une mise en scène épurée

Que l’on aime ou pas, force est de constater que le Festival est agité depuis quelques années par le phénomène Xavier Dolan. Le jeune prodige aime nous présenter des films où sa patte de réalisateur se voit ostensiblement. Mise en scène ultra travaillée, cadrage réfléchi, couleurs tout sauf innocentes, clips musicaux savamment choisis et distillés, le Canadien ne recule devant rien.

Ici, c’est le contraire. Comme pour le scénario, Ken Loach mise sur une réalisation simple. Il enchaine les plans fixes sans artifice, mettant en valeur ces personnages qu’on a tendance à oublier dans la vraie vie. Le réalisateur – avec toute la maturité de ses 79 ans – nous immerge parfois dans leur quotidien grâce à des plans séquences efficaces, sans la gloriole parfois reprochée à un Inarritu. Pas de musique grandiloquente, pas de travelling inutile.

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Lignes d’horizon dans le ciel cannois

Fin mai, on pensait à Toni Erdmann, à Paterson ou à Baccalauréat pour remporter la Palme d’Or. On se disait qu’Elle ou le Client pouvaient créer la surprise. On parlait aussi d’Aquarius, de Julieta ou de Loving. Au final, le verdict est tombé : le jury a choisi Ken Loach pour la deuxième fois avec ce « Moi Daniel Blake ».

L’anglais est un habitué de la Croisette. Déjà palmé en 2006 pour « Le vent se lève » (non, on ne vous parle pas du dernier animé des studios Ghibli !), le réalisateur aux 50 ans de carrière a également remporté le Prix du Jury pour « Rainings Stones » (1993) puis « La Part des anges » (2012). Le cinéaste, unanimement reconnu pour ces drames sociaux, laisse rarement indifférent à l’image de « Ladybird », « Sweet Sixteen » ou « Carla’s Song ».

Après avoir célébré Dheepan l’année dernière, Cannes encense cette « Loi du marché » britannique. Pas une honte, assurément. Le film sait émouvoir sans en faire des tonnes et possède une vraie dimension politique. Mais de notre côté, on aurait préféré « Julieta » ou « Baccalauréat » pour leur vision moins manichéenne ou « Aquarius » pour sa beauté formelle.

 


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Nicolas, 37 ans, du Nord de la France. Professeur des écoles. Je suis un cinéphile éclectique qui peut alterner entre blockbusters, films d’auteur, films français, américains, petits films étrangers, classiques du cinéma. J’aime quand les films ont de la matière : matière à discussion, à interprétation, à observation, à réflexion… Quelques films que j’adore pour cerner un peu mes goûts : Matrix, Mommy, Timbuktu, la Cité de la Peur, Mission Cléopâtre, Ennemy, Seven, Fight Club, Usual Suspect, Truman Show, Demain, Big fish, La Haine, La Vie est belle, Django, Rubber, Shutter Island...

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