Pays : États-Unis, France, République Tchèque
Année : 2014
Casting : Bradley Cooper, Jennifer Lawrence, Rhys Ifans, …
Genre : drame
Gros échec public, la romance dramatique de Susanne Bier devrait profiter du succès de « Bird Box » pour être revue avec un œil neuf.

Fin des années 20, Caroline du Nord. George Pemberton, entrepreneur en bois de construction, tombe amoureux de la mystérieuse Serena. Mais alors que leur idylle bat son plein, tout va rapidement empirer…

Les personnes qui ont découvert le cinéma de Bier avec « Bird Box » auront pu constater sa manière de filmer les doutes de protagonistes poussés au bout de leurs retranchements dans une situation qui les dépasse. C’est également le cas sur ce « Serena », romance qui est passée inaperçue suite à plusieurs montages ne donnant apparemment guère satisfaction aux distributeurs. Il faut en effet reconnaître au film un ton lent qui se laisse peu à peu aspirer par son aspect sulfureux, renvoyant à une folie sourde ambiante qui va détruire petit à petit les aspirations de ses protagonistes.

Avec ce ton en tête, il est intéressant de voir comment le charismatique couple Bradley Cooper-Jennifer Lawrence est utilisé. Comme dans « Happiness Therapy », l’imperfection de chacun est ainsi mise en avant en cassant leur imagerie glamour. Mais là où le film de David O. Russell gardait un ton lumineux pour dépeindre comment deux personnes ostracisées se soignent l’une l’autre, c’est ici l’aspect destructeur qui est mis en avant. On pense ainsi à Macbeth dans la manière dont Serena influe sur son mari en plein doute alors qu’ils traversent des difficultés de plus en plus insurmontables. La prestation de Jennifer Lawrence, toute en folie progressivement extériorisée, est à souligner tant elle permet de conférer à son personnage une nature dangereuse à l’opposé de la réaction à l’extériorité d’un « Mother ! », auquel on peut repenser dans la direction de l’actrice.

La caméra de Susanne Bier transforme le drame intime en véritable épopée jouant de sa stabilité géographique pour en rajouter dans son ton pesant. Elle parvient également à transformer le chasseur Galloway en véritable menace, aidée par la prestation remarquable d’un Rhys Ifans à la violence incandescente. La sauvagerie du récit se fait ainsi progressive, avançant discrètement pour mieux désarçonner le spectateur qui ne peut que contempler la déchéance d’un couple soumis aux remords et aux échecs de ses ambitions. On peut même théoriser à souhait sur l’animosité de l’être humain et sa manière de se diriger vers l’autodestruction de façon volontaire, comme pour mieux chercher à risquer tout pour asseoir sa supériorité.

Au final, Serena s’avère un drame brûlant où la romance d’apparence sert de diversion à la chute mentale de personnages poussés à bout aussi bien par la société que par eux-mêmes. De quoi réévaluer une œuvre aux quelques fulgurances visuelles et à la folie intériorisée prête à s’enflammer à tout moment.


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