Une année polaire est un film français réalisé par Samuel Collardey (L’Apprenti ; Le Bureau des légendes), avec notamment Anders Hvidegaard et Asser Boassen. Tourné au Groenland, ce long-métrage est en langues danoise et groenlandaise. D’une durée de 1h34, le film est sorti dans nos salles le 30 Mai 2018. Lauréat du prix du jury au Festival 2 cinéma de Valenciennes de 2018, le film a un accueil relativement mitigé (quoique à tendance positive) de la presse : si Positif y voit un long-métrage où « la réalité engendre la poésie », Le Nouvel Observateur se demande si l’on a « vraiment envie d’aller au cinéma pour assister à la tempête sous un crâne d’un Danois à Tiniteqilaaq ». Alors, que vaut réellement Une année polaire ?

De quoi ça parle ?

Anders, jeune professeur diplômé, décide d’effectuer son premier poste au Groenland, dans le petit village de Tiniteqilaaq. Ne parlant par une seul mot de groenlandais, le jeune Danois va tenter de s’intégrer à la vie locale. Néanmoins, la culture du pays privilégiant la chasse à l’école, il a du mal à se faire respecter, tant des enfants que de leurs familles. On suit alors ce jeune professeur, loin de son Danemark natal, perdu dans les grandes étendues polaires, durant une année entière.

Et ça vaut quoi ?

Le film de Samuel Collardey est particulièrement intéressant dans sa genèse. Après plusieurs voyages effectués au Groenland durant un an, le le film prend enfin forme lors du tournage, durant une autre année. S’en suit alors plusieurs mois de montage. Plus intéressant encore, l’histoire est réelle : s’il s’agit bel et bien d’un film (j’insiste sur ce point), les acteurs y prenant part montrent leur vie réelle. Ainsi, Anders est bel et bien un jeune professeur faisant sa première année d’enseignement au Groenland, la communauté inuite est réellement constituée de ces personnes, etc. Si le film capture des instants de vie, il est travaillé : les scènes étaient tournées en plusieurs prises, les acteurs jouaient leurs rôles, etc. Cela reste ainsi une vraie fiction, qui prend part dans la réalité. Pour vous donner un exemple précis, le grand-père ne meurt pas réellement, mais seulement dans le film.

Ceci étant dit, passons à une analyse plus précise de Une année polaire. Ce film est réellement intéressant dans son concept, mais possède bien sûr quelques défauts. Le réalisateur fait appel, comme je l’ai déjà dit, à des acteurs non-professionnels. Les personnes interprètent alors leurs propres rôles. Et c’est certainement ce qui fait l’une des forces du film : le naturel y est déconcertant, l’on est plongé entre la fiction et la réalité. Néanmoins, le réalisateur a choisi de laisser carte-blanche à ses acteurs en n’écrivant pas de dialogue, mais en leur donnant simplement la trame, la situation développée dans la scène tournée. Si cela sert ce naturel ci-dessus encensé, ça donne également lieu à des dialogues rocambolesques, des réaction quelque-peu poussées ou au contraire des absences de réactions… Cela a lieu à certains moments dans le long-métrage (notamment lors de la tempête de la fin) et est assez dérangeant.

Autre avantage du film : ses paysages, purement et simplement magnifiques. Cet environnement polaire, enneigé, rajoute un vrai plus si l’on y est sensible. Faune, flore, mais également manière locale de vivre, le dépaysement est total ! Néanmoins, à trop vouloir montrer cela, Collardey nous lasse parfois un peu. Je suis le premier à adorer ces paysages, sans m’en lasser. Mais le temps était parfois un peu long… Lors de la ballade en traîneau, par exemple, commençant environ 1h10 après le début du film, l’on a droit à de longues minutes d’admiration du paysage. Attention, je ne dis pas que cela n’est pas appréciable, mais ça traîne simplement trop en longueur, sans servir le long-métrage. Finalement, je terminerai sur l’histoire en elle-même. Simple, efficace, elle reste sobre tout en étant intéressante : le mélange des deux langues, l’éloignement de sa terre natale, l’intégration difficile sont tant de thèmes abordés de manière intéressante. Néanmoins, l’on peut remarquer que certains enchaînements se font trop rapidement… Ainsi, la rupture entre l »isolement de Anders et le début de son intégration est, à mon sens, bâclé, la situation évoluant n seulement 2 secondes suite à un feu d’artifice…

En somme, Une année polaire un long-métrage très sympathique. Nous montrant des paysages sublimes, ce film est un lieu où se mêlent avec une réelle poésie fiction et réalité. Malgré quelques défauts et quelques longueurs, Collardey nous enchante (une fois de plus) avec ce long-métrage à la fin duquel vous n’aurez qu’une envie : partir au Groenland admirer ces paysages polaires splendides. Savoir que le tournage a facilité l’intégration du jeune professeur Anders dans ce pays inconnu, et qu’il y est encore aujourd’hui, est un bel exemple de ce que représente aussi le cinéma : faire en sorte que fiction et réalité se servent mutuellement.


Article précédentLe Cinéma des surréalistes – Alain Joubert (livre)
Article suivantEn juillet sur Netflix
David, 21 ans, à l'accent chantant du sud, libraire en devenir. Mes goûts cinématographiques sont variés, je ne déteste aucun genre. Cinévore, sérivore, ouvert à toutes critiques, mais avis tranché. Au niveau séries, je suis vraiment accro à Grimm, Orange is the new black, How to get away with murder, Friends, HIMYM, et bien d'autre encore. Je lis enfin de plus en plus d'ouvrages à propos du cinéma, de films et de cinéastes. Certains avis à propos de ces livres sont disponibles sur ce site.

LAISSER UNE RÉPONSE

Veuillez saisir votre commentaire !
Veuillez entrer votre nom ici