© Marc Boutavant / Folioscope 2018 - 2019

Le festival Anima, c’est donc terminé ! Nous vous proposons dans cet article de revenir sur cette semaine, riche en animation, et de vous faire part du palmarès.

 

Retour sur les longs-métrages visionnés

Les longs-métrages présentés, provenant de différentes régions du monde (Hongrie, Brésil, Colombie, Suisse, Espagne, Japon…), se sont illustrés par leur grande diversité, tant dans les thèmes évoqués que dans leurs techniques d’animation. Nous avons eu l’occasion de visionner des documentaires, des films (auto)biographiques, des histoires originales, des histoires vraies, des adaptations ou des fables métaphoriques. Créations hybrides, stop-motion, dessins « classiques » ou motion capture, tantôt touchants, tantôt drôles, tantôt bouleversants, les différents métrages présentés offraient un large choix et démontraient que le champ de l’animation est extrêmement vaste et permet de nombreuses expérimentations. Un point qu’il est intéressant de relever est que les films présentés sont souvent des « premiers » long-métrages (et l’on espère qu’ils ne sont que les prémices d’une longue carrière pour leurs auteurs).

Notons également que nombre d’entre eux offrent un « regard sur le monde et son histoire », qu’il s’agisse de conflits passés ou présents, parfois peu connus (Chris The Swiss, Funan, Another Day Life, Wardi) ou de regard actuel empreint d’espoir sur une société toujours en changements (Tito et les Oiseaux). La famille est également un thème extrêmement fréquent (MiraïOkko et les fantômes, Virus Tropical, Chris The Swiss, Funan, Wardi). Ces deux thèmes principaux se mêlent fréquemment, liant la petite histoire, celle de chacun d’entre nous, à la grande Histoire, dont nous faisons partie, ensemble. En partant des destinées individuelles, plusieurs de ces films évoquent l’état de la société, présente ou passée.

Nouveautés

Au-delà de ces longs-métrages, auxquels nous avons assisté, Anima proposait également cette année une décentralisation d’une partie de son festival. La Cinématek (Cinémathèque Royale de Belgique) a été le théâtre, durant toute la semaine, d’une rétrospective Isao Takahata, deuxième « papa » du Studio Ghibli (avec Hayao Miyazaki), tandis que le Cinéma Palace faisait la part belle aux films d’animation français de ces dernières années (parmi lesquels Minuscules ou Le chat du Rabbin).

Une autre nouveauté était la présentation de « capsules » avant chaque séance. Celles-ci, réalisées par des étudiants et étudiantes de la Cambre, octroient une visibilité aux futurs diplômés et permet, une fois encore, de démontrer toute la créativité et l’imagination que l’animation détient.

Le festival proposait également différentes expositions et un « festival de réalité virtuelle ». Il ne nous a, hélas, pas été possible de tout faire.

 

Courts-métrages

Anima, ce ne sont pas que des longs-métrages, loin s’en faut. En effet, le festival proposait également toute une série de séances de courts-métrages, nationaux et internationaux : les « Best of shorts ». Ceux-ci proviennent également des quatre coins du monde et permettent de mettre en valeur le travail d’artistes peu connus, différentes techniques d’animation, et différents sujets (parfois fruit de la vie des auteurs). La séance à laquelle nous avons assisté en présentait sept, dans voici les noms :

  • BICIKLISTI,Veljko Popovic, HR/FR, 2018, 7’20 »
  • JE SORS ACHETER DES CIGARETTES,Osman Cerfon, FR, 2018, 13’35 »
  • NEPUTOVANJA,Ana Nedeljkovic, Nikola Majdak Jr., CS/SK, 2018, 9’25 »
  • EGG,Martina Scarpelli, FR/DK, 2018, 12’07 »
  • L’APRÈS-MIDI DE CLÉMENCE,Lénaïg Le Moigne, FR, 2018, 10′
  • AGHAYE GAVAZN,Mojtaba Mousavi, IR, 2018, 9′
  • AGOURO,David Doutel, Vasco Sá, PT/FR, 2018, 15’16 »

Hongrie, France, République Tchèque, Slovaquie, Iran, Danemark et Portugal s’invitaient et nous proposaient différentes créations, toutes particulières, parfois comiques, parfois tragiques, parfois dramatiques.

Biciklisti raconte les rêves d’un cycliste dans une course, Je sors acheter des cigarettes, la drôle d’histoire d’un adolescent vivant avec sa sœur et sa mère dans un étrange appartement où se cachent des hommes aux traits similaires, Neputovanja revient sur la notion de frontière et la volonté de s’enfuir des régimes liberticides, Egg parle d’anorexie, l’Après-midi de Clémence, d’enfance, de harcèlement et de rejet, Aghaye Gvazn (aussi appelé Mr Deer) de la déshumanisation de la société actuelle et Agouro une sombre histoire familiale dans de rudes conditions.

Expériences personnelles, créations imaginatives, métaphores politiques, ou engagement clair, tout semble démontrer la volonté de communiquer et de partager qu’a l’art, et l’animation. A nouveau, les techniques sont multiples, du stop-motion (fréquent dans le cinéma d’animation tchèque) aux dessins en apparence simples, en passant par des formes qui semblent réellement peintes.

Au-delà des films « en eux-mêmes », diverses rencontres, séances spéciales ou masterclass étaient également organisées.

Les longs-métrages en compétition et palmarès

Les longs-métrages en compétition l’étaient dans deux catégories : pour « jeune public » et pour « adultes ».

Dans la première section, l’on trouvait :

  • Le capitaine Morten et la reine des araignées de Kaspar Jancis et Riho Unt
  • Miraï, ma petite sœur de Mamoru Hosoda
  • Okko et les fantômes de Kitaro Kosaka
  • Pachamama de Juan Antin
  • Stubby de Richard Lanni
  • Tito et les Oiseaux de André Catato Dias, Gabriel Matioli Yazbel Bitar et Gustavo Steinberg

Dans la seconde :

  • Buñuel dans le Labyrinthe des Tortues (Buñuel après l’âge d’or) de Salvador Simó
  • Chris The Swiss de Anja Kofmel
  • Funan de Denis Do
  • I want to eat your pancreas de Shin’ichirô Ushijima
  • Penguin Highway de Hiroyasu Ishida
  • Ruben Brandt, Collector de Milorad Krstić
  • The Tower (Wardi) de Mats Grorud
  • Virus Tropical de Santiago Caicedo

Après chacune de ces séances, chaque spectateur était invité à voter en attribuant une note allant de 0 à 10.
Nous nous sommes principalement centrés sur les longs-métrages pour adultes, faute de temps et ne possédant malheureusement pas le don d’ubiquité. Parmi ceux-ci, bien qu’il soit difficile de sincèrement dégager une préférence tant tous ces films détiennent leurs propres qualités et sont parfois diamétralement distincts les uns des autres, nous avons un « coup de cœur » plus particulier pour trois titres : Ruben Brandt, Collector (pour son inventivité, ses expérimentations visuelles et sa volonté d’intégrer l’art pictural dans l’animation), The Tower (pour la manière à la fois douce et directe d’aborder son sujet, et pour la beauté de ses figurines) et Virus Tropical (pour son côté « tranche de vie » à l’autre bout du monde et ses personnages aussi hauts en couleur qu’attachants).

Nous avons vu quatre films de la sélection jeune public : trois à Anima (Miraï, Okko et les fantômes, Tito et les Oiseaux) et un au cinéma lors de sa sortie en France (Pachamama). Nous ne pouvons donc pas nous prononcer sur l’entièreté des choix, mais nous avions véritablement apprécié Pachamama pour ses douces couleurs vives et son histoire originale, prenant place dans la Cordillère des Andes.

Les lauréats officiels sont, pour le prix du public dans la catégorie adulte Funan, dans la catégorie « jeune public », Stubby. Le prix BeTv du meilleur long-métrage (qui correspond aux achats des droits de diffusion) revient quant à lui à Ruben Brandt, Collector.

Le grand prix anima du court-métrage a été décerné à Rerurns, du réalisateur Rosto, décédé ce vendredi … Le prix du public a lui été à Mind my Mind de Floor Adams, le prix du meilleur court belge est revenu à Nuit Chérie de Lise Bertels.

D’autres nombreux courts-métrages ont été récompensés dans différentes catégories et via différents jurys, et vous trouverez le palmarès complet ici.

En conclusion, et si vous avez lu nos précédentes critiques (liste disponible en bas de cet article), la sélection du Festival Anima était une nouvelle d’excellente facture, aussi originale, diversifiée que qualitative. Elle permet non seulement de découvrir des créations récentes et des réalisateurs talentueux, mais aussi de donner accès au public à des films qui n’ont que (trop peu) de visibilité en salles. La diversité de l’animation que l’on a pu y voir n’augure que des choses positives pour l’avenir.

Nous attendons l’an prochain avec impatience.

Tous les Films vus à Anima en 2019

Virus Tropical
Okko et les fantômes
Mirai, ma petite soeur
Buñuel dans le labyrinthe des tortues
Chris the Swiss
Ruben Brandt, Collector
Tito et les Oiseaux
I want to eat your pancreas
Another day of life
Le Château de Cagliostro
Wardi
Funan

Image : Affiche Anima 2019, © Marc Boutavant / Folioscope 2018 – 2019


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