Il est devenu fréquent que les séries sortent des épisodes de Noël. On pense à celui de « Sherlock », situé en partie dans l’époque victorienne et servant de lien entre les troisième et quatrième saisons. On peut également parler de ceux de « Doctor Who », toujours spéciaux et servant souvent à offrir des départs mémorables aux interprètes du célèbre extraterrestre aux deux cœurs (ce sera le cas du prochain, où Jodie Whittaker prendra la place de Peter Capaldi). Mais lorsqu’une série aussi satirique et mordante que « Black Mirror » s’y colle, la surprise laisse la place à la logique de voir une œuvre aussi sombre détourner la période des fêtes.

Alors qu’ils résident et travaillent dans la même habitation isolée, deux hommes font plus ample connaissance en se racontant comment ils en sont arrivés à fêter Noël ensemble, perdus dans la neige…

Dans la tradition de la série, notre société est dépeinte avec des technologies « crédibles » et les conséquences néfastes qui en découlent dans le quotidien. Deux évolutions sont présentées : le Z-Eye, un système implanté dans les yeux permettant à chacun d’être connecté et le Cookie, une copie numérique de sa personnalité dotée de sa propre intelligence. L’épisode étant « séparé » en trois parties (si l’on met de côté la base du récit et sa résolution), on nous présente trois aspects de ces technologies. Tout d’abord, nous sommes introduits au système hyper connecté du Z-Eye, permettant notamment à quelqu’un de donner des conseils de séduction en temps réel. Ensuite, nous sommes présentés au Cookie et ses implications. Enfin, on nous raconte comment le blocage d’un homme par sa partenaire a eu des conséquences dans son existence.

Cette répartition équitable de l’intrigue permet de questionner à plein escient les répercussions morales de ces technologies dans notre quotidien, tout comme le fait chaque épisode de la série d’ailleurs. La réussite de l’implication du spectateur dans son intrigue est son ancrage chez des personnalités réalistes avec un point de vue terre à terre. On peut également faire des liens avec d’autres sujets de société bien réalistes, eux. Ainsi, la première partie peut être vue comme une critique de l’utilisation de drones au vu des implications qu’ont des étrangers à distance sur le comportement d’une personnalité en doute et suivant les « ordres » qui lui sont donnés. N’oublions pas la création du Cookie, qui peut nous faire nous interroger sur les implications d’une intelligence artificielle et de la servilité de l’être humain, ou encore l’implication sociale d’être « bloqué » par quelqu’un.

Cet épisode de Noël est donc dans la lignée de la série en général : sombre, mature, drôle par instants, souvent grinçant et avec une chute humainement terrible, d’un point de vue psychologique ou social. Décidément, le miroir que nous tend Charlie Brooker est bien sombre…


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Amoureux du cinéma. À la recherche de films de qualités en tout genre,qu'importe la catégorie dans laquelle il faut le ranger. Le cinéma est selon moi un art qui peut changer notre vision du monde ou du moins nous faire voyager quelques heures. Fan notamment de JJ Abrams,Christopher Nolan, Edgar Wright,Fabrice Du Welz,Denis Villeneuve, Steven Spielberg,Alfred Hitchcock,Pascal Laugier, Brad Bird ,Guillermo Del Toro, Tim Burton,Quentin Tarantino et Alexandre Bustillo et julien Maury notamment.Écrit aussi pour les sites Church of nowhere et Le quotidien du cinéma. Je m'occupe également des Sinistres Purges où j'essaie d'aborder avec humour un film que je trouve personnellement mauvais tout en essayant de rester le plus objectif possible :)

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