Pays : États-Unis
Année : 1960
Casting : Jack Lemmon, Shirley Maclaine, Fred MacMurray, …

Maintenant qu’il est disponible chez Rimini en Blu-Ray, revenons sur « La garçonnière », réalisé par Billy Wilder.

Afin de s’attirer la sympathie de ses employeurs, C.C. Baxter leur prête son modeste appartement quand ils ont des relations extraconjugales. Cela va se compliquer quand son patron emmène chez lui la fille pour laquelle il a le béguin…

Billy Wilder a le goût de l’ironie dans ses longs-métrages et il le prouve encore avec « La garçonnière ». Ici, il s’attaque sans honte à la moralité de l’époque en en profitant pour critiquer la structure sociale de certaines entreprises. Pour sortir de l’anonymat, un employé est obligé de louer, en plus de ses services, sa propre intimité ainsi que sa propre réputation. Ses voisins le critiquent ainsi pour un mode de vie qui n’est pas le sien et il ne peut même plus accéder quand il le souhaite à son propre appartement. Nous sommes donc dans une réappropriation des cadres de l’industrie de tout ce qui fait la personnalité d’un individu. Cela ira encore plus loin avec la découverte pour le héros de la relation entre son employeur et la femme qu’il aime. Dépossédé de son image et de son habitation, il se retrouve également privé de l’accomplissement de ses sentiments.

Néanmoins, on ne se retrouve pas dans une lutte manichéenne des pouvoirs et l’on critique autant les abuseurs que celui qui tente de profiter dudit abus pour évoluer professionnellement. Dès l’introduction du film, la voix off nous appuie que le cynisme sera omniprésent et ce jusqu’aux tréfonds de l’écriture des protagonistes. La seule éclaircie morale sera Fran Kubelik, l’hôtesse attisant les sentiments et qui se laisse elle-même porter par ceux-ci. Le jeu de Shirley Maclaine amène alors un peu plus d’empathie au milieu de ces hommes se tirant la bourre les uns aux autres pour profiter de ce(ux) qu’ils peuvent. Dans la quête d’avancée sociale, d’abus de personnes et de coucheries non assumées, cette bulle de sincérité amène l’attachement et permet de faire grandir le personnage principal.

Billy Wilder filme tout cela en jouant de sa mise en scène pour appuyer la solitude de Baxter et sa dépossession de personnalité dans son entreprise. Plus rien ne lui appartient vraiment et sa soumission n’est qu’une logique d’un fonctionnement de travail abusif. On retrouve cette verve malicieuse dans sa manière de croquer une nature humaine désavouée au travail et de mettre en image son intrigue. Il sait comment dépeindre ses parties les plus humoristiques ainsi que celles les plus dramatiques, remettant en question les mœurs et actes de ses personnages avec la même force scénaristique, le tout avec une finesse rare et rafraîchissante 58 ans après sa sortie.

Sorti avec un livret et divers suppléments, « La garçonnière » profite d’une restauration assez qualitative, aussi bien dans l’image que dans le son. Les bonus sont nombreux et devraient satisfaire les aficionados du long-métrage ainsi que du réalisateur en général. Comprenant entre autres un making-of, un entretien avec Margie McDougall, une remise en place du film dans la filmographie de son metteur en scène ou encore des entretiens tournant autour de Jack Lemmon, cette édition (Blu-Ray ou 2DVD) permet d’offrir une nouvelle jeunesse au film.

On pourrait dire que celui-ci n’en a pas tant besoin que ça au vu de sa force narrative toujours aussi mordante 58 ans après sa sortie. « La garçonnière » est une comédie dramatique forte qui se doit d’être vue par tous les cinéphiles au vu de sa mise en scène maîtrisée, son casting de qualité et la finesse de sa description d’une société extrêmement proche de la nôtre.


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Amoureux du cinéma. À la recherche de films de qualités en tout genre,qu'importe la catégorie dans laquelle il faut le ranger. Le cinéma est selon moi un art qui peut changer notre vision du monde ou du moins nous faire voyager quelques heures. Fan notamment de JJ Abrams,Christopher Nolan, Edgar Wright,Fabrice Du Welz,Denis Villeneuve, Steven Spielberg,Alfred Hitchcock,Pascal Laugier, Brad Bird ,Guillermo Del Toro, Tim Burton,Quentin Tarantino et Alexandre Bustillo et julien Maury notamment.Écrit aussi pour les sites Church of nowhere et Le quotidien du cinéma. Je m'occupe également des Sinistres Purges où j'essaie d'aborder avec humour un film que je trouve personnellement mauvais tout en essayant de rester le plus objectif possible :)

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