Pays : États-Unis
Année : 1976
Casting : Peter Filch, Faye Dunaway, William Holden, …
Genre : Drame

Disponible en édition ultra collector, le classique de Sidney Lumet n’a pas perdu de sa verve.

Suite à un rachat de sa chaîne, le présentateur télévisé Howard Beale se fait renvoyer. Mais alors qu’il annonce son futur suicide en direct, sa cote de popularité explose autant que les audiences…

Sidney Lumet a toujours été connu pour mettre son grain de sel dans le système et la société américaine avec une verve aussi grinçante que réjouissante. Tout le monde se souvient du merveilleux plaidoyer d’Henry Fonda dans « 12 hommes en colère » ou le désespoir d’Al Pacino dans « Un après-midi de chien ». Ici, il s’attaque à la télévision américaine, pilier central de l‘information tout autant soumis à l’économie que n’importe quelle entreprise ou même individu. C’est donc encore une fois l’argent qui tourne au cœur du récit, soumis aux aléas d’une audience qui peut être assez volage par rapport à ces émissions.

Lumet s’attaque à ce milieu de la même manière que dans toutes ses œuvres : avec un cynisme qui ne délaisse jamais ses personnages dans une forme d’automatisme facile. Il faut en cela souligner la direction d’acteurs impeccable, que ce soit pour un Peter Filch en pleine perte de ses moyens ou une Faye Dunaway qui veut profiter au plus de l’occasion. Le réalisateur sait autant mettre en avant les failles de ses héros qu’illustrer chacun face à ses propres impératifs, sociaux ou économiques, avec le même talent qu’il a pour conter ses histoires.

La mise en scène de Lumet est ainsi une véritable leçon, tout comme pour le reste de sa filmographie. Son contrôle entier de son sujet lui permet de ne pas tomber dans certains travers et de continuer à aborder ses thèmes avec la même importance et la même rage, le tout avec une réalisation puissante et dont la discrétion apparente ne saurait dissimuler une forme de rage intériorisée, assez maîtrisée pour ne pas partir dans tous les sens mais avec assez de liberté pour se permettre de critiquer de fond en comble le milieu, que ce soit dans sa course impérative à l’audimat ou le besoin de surfer sur une communication populiste, quitte à ce que le tout retombe sur soi.

Comme toujours, le coffret ultra collector reçu par Carlotta s’avère un indispensable, aussi bien pour ses suppléments que pour son livret. Ce dernier est la première traduction française de « Fou de rage », coup d’œil sur les coulisses du film mené par le journaliste du New York Times Dave Itzkoff. Cela fait presque 200 pages de texte revenant sur la création d’un film novateur dont la résonnance actuelle n’est plus à prouver et qui devrait ravir de nombreux cinéphiles. Ceux n’ayant pas accès à ce coffret pourront se rabattre sur les éditions DVD et Blu-Ray.

« Network » semble être sorti il y a un an ou deux et non il y a 43 ans tant sa critique des médias est des plus pertinentes, à l’heure des émissions cherchant l’audimat sans nécessairement s’interroger sur la pertinence de ce qu’elles diffusent. Il s’en dégage une telle énergie qu’il est difficile de ne pas être happé par ce grand film d’un plus grands réalisateurs américains, voire du monde. De quoi souligner le talent intemporel d’une légende, tout en s’attristant de l’intemporalité du message…


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Amoureux du cinéma. À la recherche de films de qualités en tout genre,qu'importe la catégorie dans laquelle il faut le ranger. Le cinéma est selon moi un art qui peut changer notre vision du monde ou du moins nous faire voyager quelques heures. Fan notamment de JJ Abrams,Christopher Nolan, Edgar Wright,Fabrice Du Welz,Denis Villeneuve, Steven Spielberg,Alfred Hitchcock,Pascal Laugier, Brad Bird ,Guillermo Del Toro, Tim Burton,Quentin Tarantino et Alexandre Bustillo et julien Maury notamment.Écrit aussi pour les sites Church of nowhere et Le quotidien du cinéma. Je m'occupe également des Sinistres Purges où j'essaie d'aborder avec humour un film que je trouve personnellement mauvais tout en essayant de rester le plus objectif possible :)

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