Réalisé par Saul Bass

Pays États-Unis

Année 1974

Casting  Nigel Davenport, Michael Murphy, Wesley Jonathan

Genre Science-fiction

L’avis de Liam :

Carlotta nous propose de découvrir l’unique réalisation de Saul Bass, artiste derrière des génériques de films mythiques .

Ernest Hubbs, un biologiste anglais, observe un dérèglement du comportement des fourmis dans une vallée de l’Arizona. Des espèces autrefois en conflit se mettent à communiquer entre elles, tandis que les prédateurs habituels disparaissent de façon inquiétante. Le professeur recrute le scientifique J.R. Lesko, spécialiste du langage, pour étudier ce curieux phénomène. Ce qu’ils vont bientôt observer sur place dépasse l’entendement…

 

La mort domine le récit

Saul Bass est ainsi plus connu pour des génériques que pour son seul passage derrière la caméra et c’est bien regrettable tant son Phase IV est passionnant. On pourrait ainsi souligner « l’horreur » de l’ouverture, se concentrant sur le fonctionnement de réelles fourmis, nous introduisant ainsi aux événements qui vont suivre par un regard documentaire qui fait doucement frissonner. Nous ne sommes pas ainsi dans le film de créatures à la « Arac Attack » ou autres jouant plus sur de la série Z rigolarde mais sur une vraie dimension tendue par la gestion de ses fourmis.

l’envahisseur

Ainsi, on pourrait parler d’une absence tangible d’action et d’une concentration dans la narration sur la partie scientifique et la crainte de la menace à venir. On sent ainsi que le budget étriqué a été mis à profit plus pour une menace anti spectaculaire mais néanmoins visuellement forte. La mise en scène de Saul Bass est loin de la froideur de ses personnages principaux, dont la nature scientifique met bien à distanciation tout rapport émotionnel quant à une future extermination par une intelligence collective.

Carlotta sort ce film aussi bien dans des éditions « simples » Blu Ray et DVD mais également dans ses fameux coffrets ultra collectors que l’on ne peut que recommander à chaque fois par leurs qualités remarquables, que ce soit la technique ou les suppléments. Ceux-ci sont ici une fin alternative originalement prévue par Saul Bass, un entretien avec Jasper Sharp et Sean Hogan, des courts-métrages de son réalisateur et un livret de 200 pages pour accompagner la (re)découverte du long-métrage.

les deux protagonistes

On regrette donc de ne pas avoir pu découvrir plus de travail de Saul Bass en tant que metteur en scène tant son « Phase IV » parvient à être doucement et purement inquiétant. De quoi nous faire regarder les fourmis d’un autre œil par la crainte peu à peu grandissante que le film parvient à nous faire partager sans moyen possible d’y échapper…

 

 

 

L’avis de Nicolas :

Des fourmis, des scientifiques,une invasion.
Voici ce qui caractérise la trame de l’unique film du grand graphiste Saul Bass.
Saul Bass est connu pour être à l’origine de plusieurs affiches et génériques de films connus.
Il a beaucoup travaillé pour Alfred Hitchcock et est à l’origine du mythique générique de Psychose.

Il s’attaque donc à la réalisation après quelques courts métrages. Avec Phase IV il offre un film de science-fiction particulièrement passionnant et fascinant.
Il s’empare d’un sujet et d’une histoire qui pourrait paraître grotesque puisque celui-ci ce concentre sur un long processus d’invasion de l’espèce humaine par des fourmis.
Avec un résumé pareil Saul Bass aurait pu tomber dans une illustration limitée et boursouflée du concept.

 

une beauté formelle absolue

Ce n’est pas le cas, au contraire Bass s’intéresse vraiment au concept de l’invasion et va filmer de face les fourmis à l’aide d’un procédé de caméra. Il ancre donc le film dans le quasi-réel en lui ajoutant une forme documentaire. Le film s’ouvrira donc sur des fourmis et la voix d’un narrateur décrivant leur processus d’invasion ainsi que leur fonctionnement militaire.

Bass choisira de construire le film comme un huis-clos où deux scientifiques reclus dans un bâtiment vont étudier et lutter contre l’avancée des insectes. Il construira des personnages intéressant et attachants mais se permettra également de créer un lien entre le spectateur et les fourmis. Il filmera par exemple de manière dramatique une séquence où une fourmi disposera les cadavres de ses sœurs de manière solennelle et émouvante après que celles-ci se soient faites anéantir par une attaque de la part des scientifiques.

 

la confrontation

Au delà des barrières du genre, Bass réalise un film qui aura le même parti pris que le 2001 de Kubrick ou encore le Stalker de Tarkovski. Il fait d’un film à l’ambition totale une aventure fantastique et mystique qui se construit autour de la mise et scène.

Bass livre un film particulièrement solide et inspirant. La seule déception qui en ressort est le fait que ce soit l’unique long-métrage de son auteur.
L’existence de ce film est donc précieuse.

Saul Bass livre un film d’une beauté plastique époustouflante accentuée par la fin originale présente dans les bonus du coffret de Carlotta qui est sorti le 17 juin 2020. La restauration du film est ici exceptionnelle et permet d’apprécier le film à sa juste valeur. Elle met en valeur le sens artistique de Bass et confirme son talent de graphiste.
Ainsi cette fin originelle non montée est une accumulation de concepts visuels profondément marquants.

 

une sens du visuel

Carlotta sort ce film dans des éditions « simples » Blu Ray et DVD mais aussi en coffret ultra collector fortement recommandé puisqu’il s’avère absolument remarquable. Les bonus sont foisonnants. Il y a bien sûr la alternative originalement prévue par Saul Bass, un entretien avec Jasper Sharp et Sean Hogan, des courts-métrages de son réalisateur et un livret de 200 pour la version collector.

le sublime coffret

Phase IV est donc un véritable cadeau de la part de l’éditeur qu’il faut absolument découvrir !


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