Date de sortie : 24 décembre 1993 (États-Unis), 1er août 1994 (France)
Réalisateurs : Bruce Timm et Eric Radomski
Doubleurs : Richard Darbois, Régine Teyssot, Pierre-François Pistorio, Jean-François Aupied
Genre : Animation, super-héros
Nationalité : Américain
Compositrice : Shirley Walker
Après les soixante-cinq premiers épisodes de la série animée, Bruce Timm et Eric Radomski réalisent le tout premier long métrage animé Batman afin de sublimer leur héros en dévoilant une partie importante de son passé tout en le mettant face à un alter ego très dangereux. Le chevalier noir se trouve en effet face à un étrange justicier muni d’une cape et d’un masque inquiétant, qui assassine un à un des membres de la pègre. Accusé par le nouveau procureur Arthur Reeves, Batman doit alors enquêter pour retrouver le véritable fantôme masqué et mettre fin à ses méthodes un peu trop radicales. Parallèlement, le passé de Bruce ressurgit alors que son ancienne petite-amie Andréa Beaumont est de retour à Gotham City.
Le père de cette dernière ayant été mêlé aux affaires des gangsters assassinés, le scénario se veut d’une grande richesse en faisant se croiser de nombreux éléments menant à la véritable identité du fantôme et au lien entre les mafieux. Très modernes pour 1993, les images de synthèse viennent intensifier les hauteurs de Gotham City sous une somptueuse reprise du thème musical de Batman avec des chœurs annonçant le dramatique des événements à venir. Le scénario est bien plus mature, avec des morts à l’écran, des coups violents et plus de sang qu’aucun épisode de la série n’ait osé montrer. De nouveaux personnages charismatiques comme Carl Beaumont et Salvatore Valestra apportent une nouvelle part d’ombre à cette histoire qui se démarque vraiment des précédentes.
Les flash-back dévoilant le passé de Bruce développent considérablement son background, de sa romance avec Andréa à ses premières tentatives pour combattre le crime. L’alternance entre scènes du passé et du présent est d’une redoutable efficacité pour la narration et l’intrigue. Véritable clé de voute du scénario, Andréa se montre d’emblée pleine de mystère, entre son attirance soudaine pour Bruce, sa fuite alors qu’elle venait d’accepter sa demande en mariage et son retour tout aussi brusque des années après. Alors que tout porte à croire que le Fantôme Masqué est le véritable antagoniste de l’histoire, l’intrigue se resserre et laisse penser que Carl Beaumont se cache sous le masque.
Le flash-back suggérant sa mort suivi du gros plan sur le visage d’Andréa en pleurs fait habilement comprendre que c’est elle qui est revenue pour venger son père du criminel qui l’a tué. Teasé lors de séquences du passé avec son long nez pointu, il s’agit tout simplement du Joker avant sa défiguration, alors que sa présence n’était pas vraiment prévisible au début du film. Bien plus effrayant que dans la série, il est même comparable à la version de Jack Nicholson (dont il est d’ailleurs inspiré) et à celui de l’épisode « Heureux comme un Poisson dans l’Eau », avec ses sourires glaçants et ses injections qui rendent fou. Terriblement prenant de bout en bout, Batman contre le Fantôme Masqué représente l’apogée du personnage entre sa relation complexe avec les femmes et les limites de son éthique qui lui préconise de ne pas tuer.