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Nicolas Leduc

Nicolas Leduc
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Innocence de Lucile Hadzihalilovic

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Réalisatrice : Lucile Hadzihalilovic
Genre : Indéfini, Drame
Origine : France
Duree : 122 minutes
Date de sortie : 12 janvier 2005
Distribution : Marion Cotillard, Hélène de Fougerolles, Zoé Auclair, Bérangère Haubruge, Corinne Marchand…


Dans un château au milieu d’un immense parc forestier, de jeunes filles, de 6 à 12 ans, arrivent endormies dans des cercueils, pour y apprendrent la danse et les sciences naturelles, sous la tutelle de Mademoiselle Eva et Mademoiselle Edith…

Et je viens de résumer environ 80 % du film. Et pourtant malgré la relative simplicité du scénario, Innocence est l’un des films les plus fascinant et envoûtant que j’ai vu de ma vie.

À cela deux choses : le jeu des actrices, absolument épatant, surtout pour des enfants de leurs âges, et sachant que c’est leur première expérience voir la seule pour la plupart, et surtout, surtout : l’ambiance.

L’ambiance du film est totalement à part de tout ce que j’ai vu. Délétère, lourde, angoissante, hypnotique, et en même temps, joyeuse, lumineuse et bucolique, le film s’amuse à nous prendre, nous emporter et nous perdre, sans aucuns artifices ou vraiment très peu, nous laissant avec une tonne de questions à la fin, qui ne resteront qu’aux stades théoriques tant le film se veut sybilin, mais pourtant passionnant et malgré un pitch laissant assez peu de place à l’action, tout sauf ennuyant.

Ce film est une expérience, un tableau vivant qui presque 20 ans après sa découverte me fascine toujours autant et me laisse toujours aussi perplexe sur l’œuvre en elle-même.


Je ne sais même pas comment définir ce film.

Toute l’ambiance et toute l’imagerie pourrait faire penser à du fantastique ou de l’horreur, mais le film ne propose ni horreur ni fantastique. Le seul petit élément qui pourrait s’en rapprocher étant les cercueils, moyen de transport pour le moins sinistre.

Si le film peut légitimement être considéré comme un drame au sens large, il n’y a pas tant d’événements dramatique que ça (il y en a, évidemment, on est confronté à des enfants avec ce que cela suppose de cruauté et de maladresse).

 

Le film en soi est un puzzle. Ou pour être plus précis une partie d’un puzzle.

On sait qu’il y a un avant (le passé des jeunes filles est évoqué), on sait qu’il y a un après (les filles finissent par quitter le château) et on sait qu’il y a des événements autour (les visites de la directrice, le fait que les fillettes ressemblent par moment à un élevage animal)… mais on ne peut malheureusement que faire des suppositions car si nous avons la plus belle partie du puzzle, il nous manque in fine trop de pièce pour avoir la vision globale.

 

Reste cependant que ce film est l’un des plus beau film français (avis personnel hein !), l’un des films les plus intrigants et l’un des films les plus tristement méconnus des années 2000.

Je ne saurais trop vous conseiller de vous jeter dessus, et de vous faire votre propre vision. L’expérience est vraiment à vivre.

Un film qui ne laissera personne indifférent.

 

Slevin de Paul McGuigan

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Réalisation : Paul McGuigan
Genre : Comédie, polar hard boiled…
Origine : États Unis, Royaume Uni, Allemagne et Canada
Date de sortie : Avril 2006
Durée : 108 minutes
Distribution : Josh Hartnett, Morgan Freeman, Lucy Liu, Ben Kingsley, Bruce Willis, Stanley Tucci, Danny Aielo…

Si en ce moment, tout le monde salue la performance de Josh Hartnett dans le film Trap (à juste titre, il y est parfait !), il serait quand même de bon ton de rappeler que le bougre a TOUJOURS été un excellent acteur, tenant la dragée haute à un panel d’acteurs fabuleux et accomplis. Pour preuve Slevin, comédie policière (mais pas que !) dans laquelle il vampirisait littéralement l’écran face à des ténors comme Morgan Freeman, Ben Kingsley, Lucy Liu, Stanley Tucci ou encore et surtout Bruce Willis. Excusez du peu. Et pourtant malgré un casting cinq étoiles, Josh Hartnett réussissait déjà l’exploit de porter le film.

Mais Slevin, de quoi ça parle ? Très bonne question et je vais tout de suite y répondre.

Slevin Kelevra est un poissard. Qui cumule. Il vient de perdre son boulot, son logement et sa copine le trompe. Il décide donc d’aller rendre visite à un de ses amis, Nick, sur New York, mais se fait voler ses papiers, Nick est introuvable et comme celui-ci doit un paquet d’argent à deux chefs mafieux en guerre et que Slevin ne peut justifier de son identité, les deux chefs mafieux (le Boss et le Rabbin) le prenne pour Nick et lui demande chacun un service. En parallèle, un énigmatique tueur à gage, Goodkat, sème le chaos dans la ville.

 

Le film de prime abord fait penser à nombre de comédie policière, Snatch et Kiss Kiss Bang bang en tête. Les acteurs sont excellents, les dialogues regorgent de punchlines, l’humour, basé en grande partie sur le quiproquo et les situations parfois absurdes, fait mouche, le scénario est intriguant, les personnages bien écrits et attachants… (voir la scène où Josh Hartnett et Lucy Liu s’amusent sur les interprètes de James Bond.)

Bref, le film est éminemment sympathique, et se suit avec la banane, les déboires du pauvre Slevin, qui malgré une poisse cataclysmique se dote paradoxalement d’une chance parfois insolente, nous mettant directement en empathie pour lui, d’autant que sa débrouillardise et son bagout séduisent instantanément.

 

Et pourtant…

Si comme je le disais le film commence comme une vraie comédie policière, le film bascule dans son dernier acte dans une noirceur imprévisible. Toutes les cartes sont redistribuées et les masques tombent.

On comprend que toute cette embrouille à la « Kansas city shuffle » a été préméditée par Slevin et Goodkat. Et nous avons en fait affaire à une terrifiante histoire de vengeance.

En effet, si le Boss et le Rabbin, les deux chefs mafieux semblent tout le long du film plutôt sympathiques, souriant et débonnaires, on voit dans un flashback vieux de vingt ans que les deux hommes à leur débuts étaient des monstres impitoyables, ayant fait exécuter salement les parents de Slevin pour un dette. Goodkat qui devait tuer Slevin, alors enfant, n’a pas pu s’y résoudre et l’a pris comme apprenti, mettant donc vingt ans à planifier une vengeance assez cruelle. Car si Slevin a subi un traitement injuste, il n’en est pas devenu bon pour autant et si sa vengeance est compréhensible, il n’en reste pas moins un tueur de sang froid, tuant sans la moindre hésitation des innocents, notamment les fils respectifs du Boss et du Rabbin pour les monter l’un contre l’autre. La transition avec ce qui a précédé est brutale et vraiment inattendue, faisant passer le film de comédie noire à film noir tout court. Et pourtant, malgré le fait que tous nos protagonistes soient d’immondes salopards, c’est in fine l’humanité qui l’emporte, Slevin ne pouvant se résoudre à tuer Lindsey (Lucy Liu ) seul vrai morceau d’innocence du film. Il l’épargne dans une scène faisant écho à la grâce que Goodkat lui avait accordé.

 

Bref, un très, très bon film, excellent de bout en bout, bien qu’un peu bavard parfois dans ses explications. C’est bien le seul reproche qu’on peut lui faire et c’est plus du pinaillage qu’autre chose.

Je vous le recommande vivement.

 

Épouvante sur New York de Larry Cohen sortie Blu Ray chez Rimini

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Realisateur : Larry Cohen
Edition : Rimini, collection Angoisse
Duree : 92 minutes
Origine : États Unis en 1982
Date de sortie Blu Ray : 20 Août 2024
Distribution : David Carradine, Richard Roundtree, Michael Moriarty, Candy Clark…
Genre : Thriller, horreur

Film : 8/10

Édition : 9/10

Les éditions Rimini, au sein de leur excellente collection Angoisse, ont vraiment le chic pour nous sortir des petites pépites de derrière les fagots. La nouvelle en date se trouve être Épouvante sur New York de Larry Cohen.

 

Un laveur de carreau est retrouvé decapité… Une jeune femme est mutilé sur son toit… En plus de ces morts inexplicables, une série de meurtre rituels terrorisent Manhattan… Et l’ombre d’une créature gigantesque et volante commence à survoler la ville…

Vendu un peu hâtivement comme un film de monstre (ce qu’il est, il faut l’avouer) le film nous propose en fait bien plus que ça, comme souvent dans l’œuvre de Larry Cohen (The Stuff, Le monstre est vivant, Serial Auto Stoppeur, l’un des meilleurs segment de l’anthologie Master of Horror).

En effet, le bonhomme est malin et sait créer un vrai univers en partant d’une idée simple : et si le Chrysler Building était le nid d’une créature gigantesque. De ce postulat, si beaucoup à sa place se serait contenté d’un film de monstre basique, comme il en pullulait à l’époque, Larry Cohen lui, va vraiment s’intéresser à ses personnages notamment deux flics enquêtant sur des morts étranges et une série de meurtre rituels et surtout Jimmy Quinn (interprété par Michael Moriarty qui tient ici sa meilleure performance) petit cambrioleur sans envergure à qui la poisse colle à la peau et qui va bien malgré lui trouver le nid de la créature.

La créature est certes la grande attraction du film (qui a plutôt bien vieilli d’ailleurs, malgré un petit coup de vieux derrière les oreilles) mais c’est bien le facteur humain qui ressort du film avant tout.

Bref, ce film est une chouette série B, qu’il est impératif de redécouvrir au plus vite : c’est stressant, gentiment gore, le scénario est inventif et vraiment plaisant à suivre, le jeu des acteurs (dont David Carradine) est excellent, et le film en plus n’est pas denué d’un humour mordant.

C’est tout à fait le genre de pépite qu’il faut absolument remettre en avant et on ne peut que remercier Rimini pour cette belle initiative.

 

Comme d’habitude chez Rimini, on met les petits plats dans les grands. Avec Épouvante sur New York, l’éditeur nous gâte : non content de nous offrir une image impeccable, avec un contraste saisissant, et une piste audio anglaise de très bonne facture (la piste française est un peu en deçà, il faut l’avouer, mais elle fait quand même le café, rassurez vous), le film nous est proposé dans un très joli Digipack comprenant le blu-ray, le dvd et un livret « Un drôle d’oiseau » de Marc Toullec.

L’édition nous propose également un petit document de 17´38 minutes sur les effets spéciaux, notamment la stop-Motion, bigrement interessant, mais surtout un commentaire audio du film par Larry Cohen. C’est suffisamment rare pour être souligné sur ce genre de films, d’autant que le commentaire se révèle être bourré d’anecdotes.

En bref, nous avons là une édition parfaite pour découvrir ou redécouvrir cette petite pépite de la série B, que je vous recommande vivement.

The seeding de Barnaby Clay

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Réalisateur : Barnaby Clay
Origine : Angleterre
Genre : Horreur
Durée : 1h34
Sortie : 2023 sur Shadowz
Distribution : Scott Haze, Kate Lyn Sheil, Alex Montaldo, Charlie Avink…

Une route au milieu du désert… Longue, sinueuse et qui s’achève par un cul de sac. Une route qui, étrangement, mais est ce si involontaire au vu du titre et du propos, ressemble à un spermatozoïde… Une voiture se gare dans cette impasse. Un homme en sort, excité et joyeux à l’idée de photographier une éclipse totale, et sans se soucier un instant de la chaleur ni du fait que là où il se trouve, le demi-tour est la meilleure voir la seule option.


Il s’éloigne, prend ses photos, jubile… L’ambiance est poisseuse, elle transpire, est lourde et irrespirable. Mais l’homme, lui, est heureux. Ses photographies comme la photographie du film sont magnifiques.

En retournant vers sa voiture, il croise un jeune garçon. Celui-ci a semble-t-il, perdu ses parents. L’homme décide de l’aider, mais le jeune garçon l’entraîne plus profondément dans le désert. Quand l’homme proteste, le garçon se montre agressif et s’enfuit. L’homme est perdu au milieu de nulle part, sans eau, à la nuit tombée…

 

Il s’égare de plus en plus, et finalement comme une oasis miraculeuse, il voit une maison, plus une cabane fait de bric et de broc, au fond d’un canyon. Une échelle est le seul moyen d’y accéder…

Il l’emprunte, cherchant une aide providentielle et la trouve en la personne d’une femme, peu bavarde mais qui lui offre l’hospitalité sans hésitation.

L’homme passe la nuit chez elle, et en voulant repartir le lendemain matin, constate que l’échelle a disparue. Il se retrouve ainsi piégé dans cet étrange canyon, en compagnie de l’étrange femme qui reste muette à toute ses questions, notamment qui est le groupe d’enfants mal intentionnés qui semble gouverner sur le désert…

 

The Seeding est un film franchement déroutant. Il est sec, aride, passionnant par moment, mais c’est une première œuvre et ça se ressent. Passé une première partie vraiment intrigante, le film devient extrêmement redondant, tant qu’une fois l’idée de base exposée, le film tourne en rond, n’ayant pas grand-chose à proposer. On a beaucoup de question et, le film y apporte toutes les réponses, ce qui est un peu dommage parce qu’il aurait gagner à être un peu plus hermétique. D’autant que les révélations ne surprendront que les plus naïfs (on voit venir le twist quasi dès le début).

En fait, les enfants, sont ceux de la femme et cette famille tient un rituel depuis toujours : le père est un donneur qui doit être tué a la naissance de l’enfant, et si c’est une fille, elle devra prendre la place de la mère. Alors oui, on ne saura jamais le pourquoi du comment de base, mais le film ne s’exprime pas assez sur les raisons. Du coup, tout repose sur ce simili twist. C’est bien dommage.

Le film ne manque pas de qualité cependant. Le jeu d’acteur est excellent, les enfants sont extrêmement flippant (on est proche de la famille Sawyer ou Firefly), la photographie est magnifique, la réalisation simple mais efficace. Toutefois, le personnage principal ne nous donne pas envie de nous identifier à lui (il est antipathique quasi tout le film), le film est top long et trop confus dans ce qu’il raconte, et peut facilement provoquer l’ennui.

Je le conseillerais cependant pour son approche originale et sa photographie (et aussi pour soutenir une première œuvre, qui malgré ses défauts semble promettre de bonnes choses pour l’avenir) mais dans le genre folk horror, je vous conseillerais plus de vous diriger vers un Wicker Man ou Midsommar.

 

Sous la Seine de Xavier Gens

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Réalisation : Xavier Gens
Origine : France
Genre : Horreur
Date de sortie : 5 Juin 2024 sur Netflix
Durée : 101 minutes
Distribution : Bérénice Bejo, Nassim Lyes, Léa Léviant, Anne Marivin…

 

L’amer qu’on voit danser…

Bon… En ce moment, le film Sous la Seine est un peu sous le feu des projecteurs, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est clivant.

Si, majoritairement, le film semble être une catastrophe absolue, certains y voient un bon, voir un excellent divertissement.

Soyons honnête d’entrée de jeu : le film n’est ni l’un, ni l’autre.

Non, clairement, ce film n’est pas le pire film du monde, et il est (très) loin d’être le pire film de requin. Par contre, désolé, mais ce n’est pas non plus un bon film. Pour être franc, en l’état c’est même un mauvais film…

Et ça m’ennuie car le film avait du potentiel, et aurait pu (dû ?) être effectivement un excellent divertissement. Pour cela, parmi sa pléthore de défauts, il n’avait à en corriger qu’un seul : le film se prend beaucoup, beaucoup, BEAUCOUP trop au sérieux.

Et du coup se retrouve malheureusement le cul entre deux chaises, entre son pitch et son traitement.

 

Gang de requins…

L’histoire est sommes toutes, très simple : un requin mutant se retrouve dans la Seine. Une océanographe qui l’a déjà affronté par le passé, s’allie avec la brigade fluviale de Paris pour l’empêcher de nuire. Mais le requin du fait de ses mutations peut maintenant se reproduire tout seul, et il ne va pas se priver. En parallèle de ça, la Seine n’a jamais été autant fréquenté car elle doit accueillir un triathlon en ouverture des JO…

On est bien d’accord qu’un script pareil, traité avec sérieux est annonciateur d’un certain cassage de gueule. Parce que le fait est qu’à vouloir tout expliquer par le prisme scientifique et avec un sérieux imperturbable fait d’autant plus ressortir les incohérences (je dirais même aberrations) du scénario. Chaque petit défaut est ainsi amplifié par ce soucis de ne pas vouloir mettre un peu de dérision ou de second degré. Je ne dis pas qu’il faut être cynique ou ne pas croire en son projet. Mais il faut aussi prendre conscience des limites d’un scénario bancal.

J’ai vu beaucoup de critiques qui reprochaient les invraisemblances scientifiques du film, surtout par rapport aux requins. On s’en fout, c’est nul, clairement on ne va pas voir un film avec un requin dans la Seine pour la cohérence. Cependant, le film voulant à tout pris tout rationaliser, tend quand même un peu le bâton pour se faire battre, et à vouloir à tout pris rendre son film scientifiquement tangible, Xavier Gens (pas le meilleur, ni le pire réalisateur français) détruit toute suspension consentie de l’incrédulité.

 

Les dents de la maire

Bon, ici je vais entrer plus en détails sur ce qui ne fonctionne pas avec ce film. Autant dire que ça va spoiler sévèrement. Si vous voulez le découvrir, je vous invite donc à sauter le paragraphe et à revenir à la conclusion.

Bon… Premier point, le film est un ramassis de clichés. C’est bien simple, ils y sont tous. Par les personnages, les situations… Mais cela n’aurait pas été grave, si cela avait été détourné, mais le film reste tristement premier degré, du moins jusqu’à son dernier quart.

Ensuite le film va partout, mais n’arrive nulle part. On sent qu’il s’égare en cours de route.

Par exemple, le film semble vouloir avoir une morale écologique, on parle quand même du 7ème continent, de pollution, de mutation… Mais les écolos dans le film se résume à un troupeau de fanatiques qui donnent limite envie de jeter des sacs plastiques dans l’océan.

C’est d’ailleurs un semi twist, mais la jeune militante écologiste qu’on pensait être l’héroïne se fait bouffer bien vite. Sauf que son attitude nous donne envie de la voir crever. Du coup sa mort est moins une surprise que du soulagement.

Ensuite le film force beaucoup pour que des personnes arrivent à se faire bouffer. Du coup, on apprend que la première victime est un accidenté de la route qui est tombé la veille en voiture dans la Seine (mais dont le corps n’a JAMAIS été retrouvé. Et à priori la voiture non plus, puisqu’elle est toujours sous l’eau avec des impacts de morsures sur les portières sans que ça choque…), ensuite un SDF, on ne sait pas comment (je doute qu’il est été se baigner) puis la première scène d’hécatombe. Alors là, on a le bon vieux truc de la panique, les gens se poussent, tombent à l’eau, ne peuvent plus en sortir… sauf que cette scène fonctionne quand les gens essaient de sortir de l’eau. Mais là, ils sont déjà hors de l’eau. Le requin ne va pas venir les chercher. Et on parle de militants qui connaissent un peu la flore sous marine…

Je vous passe les dialogues pas terribles, le jeu d’acteur oscillant entre le bon et le médiocre et d’autre absurdité comme l’ordi portable de l’héroïne qu’elle n’a pas ouvert depuis trois ans mais dont la batterie est comme neuve, ou le fameux « poursuivons le requin à la nage ».

Les effets spéciaux globalement sont équivalents à ceux de Peur Bleue. Soit un film sortit il y a 25 ans, donc ça alterne entre le moche et le correct…

Et nous allons donc attaquer le gros morceau : la fin du film.

Donc, comme nous ne sommes pas à un cliché près, la maire de Paris est une conne qui ne veut certainement pas annuler les épreuves de natation pour cause de requin. Pour deux choses : premièrement, le triathlon c’est un projet d’un millards et sept cent millions d’euros, avec des journalistes du mondes entiers et deuxièmement, grâce à des turbines (je crois, j’ai pas trop compris, bref) l’eau de la Seine est maintenant belle, claire et pure.

Requin vs Poulpe

 

Soyons honnête, la fête à un milliard pour l’ouverture des JO ressemble à une kermesse pour la foire au boudin de La Chapelle Pouilloux (sérieusement, y a peut être cent figurants peu motivés, une fanfare de dix musiciens et c’est tout) et surtout, pendant tout le film on a vu l’eau de la Seine : elle est degueulasse.

Toujours est-il qu’avec un habile fusil de Tchekhov, on a appris que la Seine, non contente d’être peuplée de requin est également tapissée d’obus de la seconde guerre mondiale.

1 milliard bien investi

Je passe les détails mais globalement pour essayer de buter les requins qui croquent les baigneurs, la garde nationale tire dessus au fusil d’assaut, et si elle rate des cibles de huit mètres, par contre, des trucs de cinquante centimètres à tout casser, elle les shoot allègrement.

Du coup, les obus explosent, détruisant les ponts de Paris (mais attention pas les fondations, ce sont les gerbes d’eau qui explosent les ponts en leur milieu. Ils doivent être en papier crépon) et créant même un tsunami. On parle de quoi ? Une petite centaine d’obus, même pas, pas de bombe atomique. Bref, le tsunami réussi l’exploit de plonger Paris sous les eaux de la Seine (la Seine, pas l’océan. Y a pas eu de montée des eaux ni rien), peuplée de requins féroces…

 

Et c’est là, que le bas blesse. Si le film avait totalement assumé son propos et avait été à fond dans le délire, ça aurai été vraiment fun. Mais là, à force de nous la jouer plus intelligent que tout le monde et en se prenant à se point au sérieux, ben, fatalement on note les incohérences. Le film aurait pu être con et fun, à l’instar du Piranha d’Alexandre Aja. Il est juste frustrant et chiant…

Conclusion en queue de poisson

Sous la Seine est vraiment dommage. C’est un film qui rate tout ce qu’il entreprend par manque de folie. Un petit peu d’humour, un peu plus de gore (le film est très sage), assumer son propos et avoir conscience des limites du scénario aurait pu donner un film vraiment sympa. C’est d’autant plus dommage que certaines scènes sont incroyablement bien réalisées (la scène à l’hôpital par exemple) et que les forces en présence sont talentueuses.

En l’état reste un film raté, trop pompeux et prétentieux pour être sympathique.

 

Breakfast club de John Hugues

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Réalisateur : John Hugues
Genre : Comédie dramatique
Duree : 97 minutes
Origine : États Unis
Sortie : 1985
Distribution : Judd Nelson, Molly Ringwald, Emilio Estevez, Anthony Michael Hall, Ally Sheedy, Paul Gleason, John Kapelos…

 

Cinq lycéens, chacun représentant un stéréotype (l’athlète, le délinquant, la princesse, la dérangée et l’intello), se retrouve au lycée pour une journée de colle. Si de prime abord, rien ne les relie et que les interactions sont soit de l’indifférence, soit carrément de l’hostilité, ils vont petit à petit se découvrir autre chose que la case dans laquelle le système les range, et developer des liens d’amitié.

Breakfast club est un film culte. Dans le genre assez casse gueule du teen movie, le film réussi l’exploit de trouver un juste équilibre entre comédie et « drame » pour devenir immédiatement le maître étalon du genre.

En abordant des thèmes aussi variés et aussi inédits dans ce genre de film (le suicide, la perte de virginité, la drogue, la maltraitance…) John Hugues, livre un film generationnel, et bien plus ancré dans la réalité adolescente que tous les films sur le sujet faits jusqu’alors (exception faite, peut être de Ça chauffe au lycée Richmond).

Ce film fait partie des deux chefs d’œuvres de John Hugues avec La folle journée de Ferris Bueller, bien qu’ils soient diamétralement opposés. Si Ferris Bueller est une ode à l’évasion, Breakfast Club lui se présente comme un huis clos, et se veut bien plus introspectif.

Les jeunes en effet on comme punition, une dissertation ayant pour thème : Qui croyez vous être ?

Tout l’intérêt du film étant que la question n’est pas de savoir pour eux qui ils sont mais bien comment les gens les perçoivent.

Mais eux même vont mettre cette journée à profit pour le comprendre, s’apprivoisant, se dévoilant, dans des confessions parfois assez dure (l’athlète par exemple, s’il semble avoir un certain code moral est là pour avoir maltraité un autre élève, ce qui le ronge. L’intello, lui est là, parce qu’il avait apporter un pistolet d’alarme dans le but de se suicider, on apprend au détour d’un conversation que le délinquant se fait battre voir torturer par son père …) culminant dans une scène de danse totalement hallucinée.

Je ne veux pas trop entrer dans les détails, ce film méritant clairement 1h30 de votre vie, quel que soit votre âge, donc avant de spoiler je vous dirais juste que le jeu des acteurs (globalement tout le Brat Pack, un mouvement d’acteur rassemblant les futures stars des années 80) est juste, que les dialogues sont ciselés, que la mise en scène est propre, le tout sous la chanson Don’t you Forget about me de Simple Minds.

C’est un film intelligent, avec des personnages attachants, et qui a été une source d’inspiration pour nombreuses œuvres l’ayant suivi, de beaucoup de teen movie bien sur, mais également d’autres œuvres moins évidentes. (Je spécule un peu, mais sachant que Chuck Palahniuk est un grand fan du film, difficile de ne pas voir en Paul Bender (le délinquant) meilleur personnage du métrage et un des meilleurs personnages de fiction tout support confondu, une version adolescente de son Tyler Durden.)

Bref, un film sur lequel je pourrais parler des heures, mais qui se doit d’être vu.

À voir, absolument.

Attention au Blob ! de Larry Hagman

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Réalisateur : Larry Hagman
Genre : Navet dans tout ce qu’il entreprend
Duree : 87 minutes interminables
Date de sortie : 1972
Origine : États Unis
Distribution : Robert Walker Jr, Gwynne Gilford, Richard Stahl et moult acteurs inconnus, qui doivent bien le regretter dans leur CV.


et encore…

Dans les années 90, il y avait un truc qui aurait dû être illégal, c’est le principe de jaquette mensongère. Très souvent, dans les grandes surfaces vous aviez un bac plein de VHS, à prix défiant toute concurrence et vous proposant des films d’horreur et d’action (principalement) avec des jaquettes qui vous envoyaient du rêve. Et comme on n’était pas très regardant sur le copyright, parfois même la jaquette vous proposait carrément des acteurs ou des images tirées d’autres films. C’est comme ça, que j’ai supplié ma mère à l’époque de m’acheter ce que je croyais être Le Blob de Chuck Russel (The Mask, L’effaceur, Les griffes du cauchemar) et qu’au final je me suis retrouvé avec cette immondice d’Attention au Blob de Larry Hagman (l’inoubliable JR de Dallas)

Je vais spoiler sec, dans cette critique mais, cela ne gâchera rien si d’aventure vous voulez le voir. Et d’ailleurs je ne vous le conseille pas, ou alors vraiment pour rire entre potes.

Bref, Attention au Blob est donc une pseudo suite au Blob avec Steve McQueen, mais franchement niveau suite on est au niveau Dents de la mer 4 (en pire).

 

On a donc notre Blob qui au début du film tient dans un demi-bocal (pourquoi, comment, on n’aura pas de réponses) et qui réussi par on ne sait quel miracle à ouvrir son couvercle et absorber une mouche. Ragaillardi par ce repas et prenant du volume, il va ensuite bouffer un chat, et un monsieur noir.

Alors, je précise tout de suite, parce que le film ne passerait plus du tout maintenant (et c’est pas plus mal) mais le Blob qui bouffe tout, va y aller suivant un schéma assez malsain et assez représentatif de l’état d’esprit de l’époque. Donc, avant de s’attaquer à l’américain blanc et blond, il va donc manger : une personne noire (la VF ferait d’ailleurs rougir de honte Michel Leeb, tant le doublage est outrancier), sa femme, un hippie et un coiffeur homosexuel tellement caricatural, que Michel Serrault dans la Cage aux folles passerait pour Clint Eastwood.

Et ensuite, seulement va commencer à aller taper dans la jeunesse locale. À chaque fois en prenant du volume.

Et quand je dis qu’il prend du volume, je parle d’un truc qui de base tenait dans un bocal et qui à la fin du film fait la taille d’un stade de foot.

Et bien croyez le ou non, il arrive quand même à ce faire discret, et les victimes toutes plus connes les unes que les autres, prennent un malin plaisir à aller s’engluer dedans, quand bien même le Blob reste assez statique.

Mais si les victimes sont stupides, le Blob n’est pas en reste, puisque c’est à ma connaissance le seul méchant d’un film qui se suicide, en allant prendre d’assaut une patinoire, dans laquelle le reste de la ville s’est réfugié, sachant que son seul et unique point faible est le froid.

Du coup il se gèle de lui-même.

 

Mais ce n’est pas fini, car le film s’achève sur un cliffangher pas piqué des hannetons, puisque la presse locale débarque et la chaleur des projecteurs libère le Blob, le film s’achevant sur le mot : Fin ?

 

Bon, vous l’aurez compris, il n’y a rien à sauver dans ce film. Tout est raté : le jeu des acteurs, les dialogues, l’humour (oui, parce que le film parfois à l’ambition d’être drôle), et bien évidemment le Blob en lui-même, qui ne vous provoquera de peur que si vous tremblez devant un pot de confiture traînant dans votre frigo.

 

Cependant, comme je l’ai dit le film fait beaucoup rire à ses dépends, mais il est trop antipathique pour être considéré comme un nanar.

Bref, pour la curiosité, éventuellement ou pour vous moquer de lui (il le mérite), vous pouvez regarder, sinon je ne vous le conseille vraiment pas.

 

Hudson Hawk de Michael Lehmann

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Réalisation : Michael Lehmann
Genre : Aventure, action, comédie
Duree : 95 minutes
Origine : États Unis
Date de sortie : 24 mai 1991
Distribution : Bruce Willis, Danny Aiello, Andi MacDowell, Richard E Grant, Sandra Bernhard, James Coburn, David Caruso…


Hudson Hawk, réputé pour être le cambrioleur le plus talentueux du monde, sort de prison après de nombreuses années. Alors qu’il aspire à une vie calme, il se retrouve malgré tout obligé, pour sauver son meilleur ami des mains d’un couple de riches mégalomanes, de reprendre du service. Son objectif est de dérober trois objets cachés dans des œuvres, créés par Léonard de Vinci lui-même, et qui une fois assemblés donnerait un fabuleux pouvoir…

 

Exceptionnellement, je ne noterais pas ce film. Parce que si je m’écoutais, ça partirait directement sur un dix sur dix. Or il faut savoir raison garder, et le film ne mérite pas cette note du moins d’un point de vue formel.

Ce film pour moi est mon préféré avec Bruce Willis. Oui, oui, devant les Die Hard, devant Sixième sens, même devant Incassable. Ce film est une pure comédie jubilatoire.

Pour comprendre mon ressenti, il faut retourner dans les années 90.

Un après midi de désœuvrement, alors que je regardais la collection de VHS de mon frère, je tombe sur l’une d’entre elle, même pas en boîtier, mais dans un fourreau en carton. L’image ne me fait pas envie. On y voit Bruce Willis, faisant la moue, coiffé d’un chapeau informe et portant des lunettes de soleil rondes…

Rien d’aguichant, pour l’adolescent que j’étais alors, mais ayant beaucoup aimé Piège de Cristal et 58 minutes pour vivre, et succombant à l’ennui, je décide tout de même de laisser au film sa chance.

1h30 après, je rembobine la cassette, et me le rematte illico dans la foulée.

Le lendemain, j’invite un pote circonspect pour lui montrer. J’en parle à tout le monde. Ce film bien qu’à des années lumières des autres films qui composent alors le top de mes films préférés, vient d’y entrer de manière fracassante.

De la première minute à la dernière image, le film me fout une patate comme jamais. C’est l’une des comédies les plus drôles que j’ai vu.

Tous les registres d’humour y passent : du comique de situation, de la parodie, des références, aux dialogues, à l’absurde (les hommes de mains qui portent le nom de barres chocolatées)…

Alors oui, un frôle parfois le nanar, mais le film est tellement sympathique qu’on lui pardonne aisément ces errements.

Et les acteurs, les acteurs. Entre Richard E Grant et Sandra Bernhardt, qui forment le couple Mayflower, méchants caricaturaux à la James Bond, qui cabotinent comme si leur vie en dépendait, à James Coburn dans un rôle d’ex militaire, complètement à contre emploi, en passant par Andie MacDowell (toujours sublime) en agent de liaison qui se révèle être une bonne sœur sous couverture, à Danny Aiello, en pote lourdingue et attachant, et surtout, surtout à Bruce Willis.

Bruce met le paquet, et bien que sacrément épaulé, porte tout le film sur ses épaules. Cynique, désabusé, jubilant, faisant des mimiques dont seul lui a le secret, il nous offre l’un de ses meilleurs personnages. Et à partir du moment où vous aurez lancé le film, vous n’aurez qu’une envie, savoir si Hudson va enfin pouvoir boire son cappuccino.

 

Ce film, sorte de parodie de James Bond et d’Indiana Jones, qui va à cent à l’heure, pioche allègrement dans le cartoon (bruitage et situation burlesque : la poursuite sur autoroute en brancard) et dans la comédie musicale (pour chronométrer ses casses Hudson Hawk chante des chansons).

Il y a beaucoup trop à dire sur ce film, et comme il se vit, vraiment, je ne tiens pas à vous spoiler d’avantage.

Injustement écharper par la critique et les spectateurs à sa sortie, le film a acquis au fil des années une petite aura culte.

Malgré tout assez méconnu, je ne peux que vous conseiller séance tenante de vous ruer dessus, même si, j’ai conscience que le film et son humour ne plaira pas à tout le monde.

Dernière chose, je vous conseille également, exceptionnellement, de regarder le film en VF, les voix françaises sublimant le métrage.

8 mm de Joel Schumacher

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Réalisation : Joel Schumacher
Genre : Thriller, Polar Hard Boiled
Durée : 123 minutes
Origine : Allemagne, États Unis
Sortie : 10 Mars 1999
Restriction : Interdit au moins de 16 ans
Distribution : Nicolas Cage, Joaquin Phœnix, James Gandolfini, Peter Stormare, Chris Bauer, Myra Carter, Amy Morton…

Nicolas Cage… Même si j’éprouve beaucoup de sympathie pour le bonhomme, son jeu m’a toujours laissé perplexe. Capable du meilleur (Lord of war) comme du pire (The Wicker man, par exemple) son surjeu l’amène souvent à flirter avec la frontière du cabotinage, voir à la franchir carrément, quand bien même le réalisateur qui le dirige soit un grand nom (David Lynch, John Woo…). Donc quand un réalisateur comme Joel Schumacher, lui aussi capable du meilleur (Génération perdue, Chute libre, Phone Game) comme de l’atroce (Batman forever et Batman et Robin pour ne citer qu’eux) décide de le diriger dans un polar sans concession, au sujet assez casse-gueule, on peut s’attendre à tirer à pile ou face sur le résultat.

Coup de bol, le film qui en résulte est, à mon sens, l’un des meilleurs de leur filmographie respective.

8mm est donc un polar vraiment méchant (dans le fond plus que dans la forme, même si le film comporte son lot de passage gratinés), sec et sobre, et disposant d’un casting quatre étoiles : Nicolas Cage, donc, mais également Joaquin Phœnix (Joker, Gladiator…), James Gandolfini (Les Sopranos), Peter Stormare (Fargo, Prison Break) et même un  Norman Reedus dans un tout petit rôle.

Le film nous raconte donc l’histoire de Tom Welles, détective privé, qui se voit offrir une coquette somme d’argent par la fraîchement veuve Mme Christian pour enquêter sur un film en 8mm trouvé dans le coffre fort de son mari après sa mort. Sur le film, on voit une jeune fille se faire massacrer au couteau par un homme masqué. Mme Christian veut savoir si le film en question est une fiction ou une réalité.

Tom Welles décide donc de partir à la recherche des identités de la jeune fille et de celle de son bourreau. Pour cela, il plonge dans le monde sordide de la pornographie amatrice, hardcore, et se frotte à la légende urbaine des « snuff movies », film dans lesquels des personnes sont réellement tuées…

Ce film est un très bon polar hard boiled, passionnant et que je recommande,  bien que sa dureté n’en fasse pas un objet à mettre devant tous les yeux. En effet, bien que vraiment excellent, le film est également assez déprimant de par son nihilisme et le propos du film reste vraiment choquant. Je préfère prévenir.

En fait, plus que déprimant, le film est surtout incroyablement triste. Tout dans le film nous ramène à une certaine forme d’ordinarité pour ne pas dire médiocrité. Le message du film pourrait être : la vie est pourrie et elle va vous en faire baver.

On apprend assez vite qui sont les différents protagonistes derrière le film notamment la jeune fille, Mary Ann, et son bourreau, acteur surnommé Machine. Et bien que le monde dépeint jusque là est sinistre et glauque, une part de nous veut croire à la mise en scène, encore plus après la vision de deux prétendus snuff par Tom et Max (Joaquin Phœnix, dans le rôle d’un jeune vendeur de produits érotiques et allié de circonstances pour Tom). Les films sont extrêmement violents et montre le meurtre sauvage d’une jeune femme, jusqu’à ce que Tom remarque que la victime est toujours interprété par la même actrice. Tom et Max sont soulagés et le spectateur aussi. Si ça se trouve Mary Ann, pour laquelle on s’est beaucoup attaché au fil de l’enquête, n’est peut être qu’une actrice dans une performance…

Sauf que non, Mary Ann est bien morte. Et Tom comme le spectateur, découvre ça, en même temps que le mobile assez ignoble

par sa simplicité : M Christian était suffisamment riche pour se le permettre. C’est tout. L’homme s’est offert un meurtre. Et aucune des personnes impliquées ne risquent rien, légalement, puisqu’il n’y a plus aucune preuve.
Dans une scène assez effroyable dans le traitement, Tom appelle alors la mère de la victime et lui demande la permission de tuer les responsables restant. Pour que justice soit faite.
Et si au final, il tue le directeur de casting pervers, le réalisateur, médiocre tâcheron qui se croit le Orson Wells du porno, mais ne réalise que des films porno underground lamentable, et Machine, (qui est lui aussi affligeant de banalité sans son masque. On est loin en le découvrant de la figure quasi monolithique à la Michael Myers, vendue tout le long du film, mais on se retrouve face à un M Tout le monde, quinquagénaire, bedonnant, myope et à la calvitie naissante.) le vrai responsable derrière tout ça, M Christian, s’est éteint paisiblement et Mary Ann n’aura jamais justice. Elle ne sera qu’une victime sacrifiée et anonyme.

Dans la dernière scène Tom rejoint sa femme et la supplie de le sauver en pleurant. Mais peut elle le sauver du monde ?

 

A noter qu’il existe une suite, toute nulle et qui n’a rien à voir !

 

Mahler de Ken Russell

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Réalisation : Ken Russell
Origine : Royaume Unis
Genre : Biopic, Drame
Durée : 115 minutes
Date de sortie : Mai 1974
Sortie Blu Ray : 27 Février 2024
Distribution : Robert Powell, Georgina Hale, Lee Montague, Miriam Karlin, Rosalie Crutchley…

 

Le biopic est ingrat, formule éculée au possible, il est complexe de pouvoir le faire évoluer au risque de tomber dans une formule qui hante elle-même celle de la musique, celle de l’artiste déchue en quête de rédemption par la musique. Cet espèce de cliché de l’artiste maudit semble d’ailleurs être ancré à jamais dans l’esprit collectif à n’importe quel art.

                  Ken Russel, enfant terrible du cinéma britannique, fait un choix profondément radical qui en perdra plus d’un mais passionne indéfiniment en adaptant la vie du compositeur Gustav Mahler.

1911, Gustav Mahler, brillamment incarné par  Robert Powell, prend un train et repense à ses démons. Sur le point de mourir, il est pris de cauchemars freudiens et divinatoires qui se mêlent à sa musique.

                  Mahler est indéniablement un film de Ken Russel dans la mesure où son cinéma s’immisce dans l’univers du compositeur au forceps. Le magnifique paradoxe qui en découle est cette osmose qui se met en place entre les deux univers. La musique si mystérieuse de Mahler s’emboîte parfaitement aux rêveries baroques et explosives du cinéaste. Ainsi le film s’ouvre sur une image qui s’imprime dans l’esprit du spectateur, un énorme buste représentant la tête du compositeur est embrassé par une créature féminine sortant d’une chrysalide organique évoquant un papillon. En quelques plans les complexes du personnage sont dévoilés et nous comprenons qu’il se précipite vers une destinée funeste qui le rend prisonnier d’un passé compliqué.

                  Ainsi, le film explore les angoisse lubrique d’un homme qui a peur de perdre sa femme à cause de sa condition de juif. Mahler est mort avant de connaître le nazisme mais les errances antisémites d’un monde en proie à la bête noire de la haine de l’autre sont déjà prégnantes. Russel élabore donc des visions prémonitoire d’une Allemagne en proie à la doctrine d’Hitler. Par exemple lors d’une scène d’enterrement où le compositeur est enterré vivant par des SS accompagnés de sa femme qu’ils séduisent devant lui ébahit par la terreur de ce spectacle macabre. Le cinéaste expérimente dans cette séquence avec une lentille qui transforme l’image en mosaïque multipliant les points de vues. Le baroque se mêle donc à la valse macabre de l’œuvre de Mahler face au cauchemar Wagnérien.

                  Mahler est donc une grande œuvre qui vaut plus le détour tant elle mélange une approche moderne du biopic et de la musique afin d’évoquer des malheurs contemporains. Cette approche évite donc de concevoir le cinéma qui s’intéresse aux pop stars comme quelque chose de déjà vétuste et enterré. C’est tout le paradoxe de ce film funeste qui célèbre à la fois Mahler autant qu’il l’enterre.

Par Nicolas Perreau

 

           Le 27 Février 2024, les éditions BQHL ont eu l’excellente idée de rééditer le film Mahler du génial Ken Russell.

           Film fou, baroque et fascinant, l’histoire prend place en 1911, quand Mahler de retour de Vienne, ne sait pas que ses jours sont comptés. Pendant son voyage, le compositeur se remémore les moments les plus marquants de sa vie, de l’antisemitisme subit pendant son enfance, aux violences de son père, sa femme Alma, et les morts traumatisantes de sa fille et de son frère.

           Ken Russell n’est pas un réalisateur comme les autres, en témoigne sa filmographie : Les Diables, Tommy…

           Cependant son amour pour la musique transpire dans énormément de ses travaux, et finalement le voir adapter la vie de Gustav Mahler semble presque logique tant l’homme était torturé.

         Et la vision de Russell offre peut être, l’un des meilleurs biopic à ce jour. Et certainement le plus halluciné.

           Le film ne se conçoit pas comme une histoire linéaire mais comme des fragments fantasmés, enchaînant magistralement les scènes, toutes plus poétiques et folles les unes que les autres, de la scène d’ouverture où Alma sort de sa chrysalide, à celle où Mahler se convertit au catholicisme, ramenant au cinéma muet, chaque plan, chaque séquence est un tableau vivant, fantasque et envoûtant, toujours, toujours portés par la magnifique musique du compositeur.

       Le film se vit plus qu’il ne se voit et est l’équivalent cinématographique d’un rêve.


Et pourtant, malgré la grandiloquence des scènes, le film reste presque sobre et calme dans sa folie, chaque élément étant parfaitement maîtrisé.

Russell nous offre ici une tragédie moderne, fantasme de la vie d’un homme fascinant et abîmé par la vie, film qui le célèbre et l’éteint, dans un fantastique déluge onirique.

Une sacrée claque, donc, que les éditions BQHL nous propose avec une image impeccable et un son parfait. En bonus, nous trouvons également une présentation du film par Justin Kwedi.

 

Bref, un film magnétique, vivement recommandé.

Par Nicolas Leduc