Sortie : 25 Mars 1998 en salle, 16 Novembre 2023
Durée : 2h10
Genre : Drame Thriller 
De Bill Duke
Avec Andy Garcia, Tim Roth, Laurence Fishburne, Vanessa Lynn Williams, Cicely Tyson, Chi McBride, Clarence Williams III, Richard Bradford 
Musique : Elmer Bernstein 

 

Revenir sur un film comme Les Seigneurs de Harlem est intéressant tant le film peut être autant sympathique (pur produit des années 90) et également un marqueur d’une dégradation du film de mafieux. Soyons clair, le film de mafieux, dans le cinéma États-unien, est une pierre angulaire de la critique du rêve américain. La plus grande fiction américaine se fragilise donc dès que la figure du mafieux entre en scène.

Le mafieux est un antagoniste qui provoque automatique une fascination chez les spectateur, pourquoi ? Car c’est un être qui rêve lui aussi du rêve américain, de la construction sociale la plus noble pour finalement devenir hors la loi. Ainsi la trilogie du Parrain ou encore Scarface marquent un renouveau de ce genre de cinéma pour ensuite atteindre un paroxysme et rester bloquer dans une approche qui ne se modernise pas tellement.

Donc, pourquoi introduire Les Seigneurs de Harlem de Bill Duke, acteur du cinéma d’action très connu, de cette manière ? Parce que aussi agréable qu’il soit, il n’arrive pas à faire exister la figure du mafieux d’une manière aussi puissante et révélatrice que ses prédécesseurs. Mais l’idée n’est pas d’aller se conforter dans la comparaison bête et méchante.

Les Seigneurs de Harlem est donc un film de 1997 qui s’intéresse aux gangs noirs américains de Harlem. Et il faut tout de suite reconnaître un aspect du film, le fait qu’il se concentre sur cette période de l’histoire faite de guerre raciale entre les gangs pourtant tous marqués par l’immigration est vraiment louable. Surtout que la reconstitution est très réussie et permet de s’immerger dans les codes sociaux des années 30. Et bien que les protagonistes appartiennent à une population marginalisées et discriminée aux États-Unis, Duke se permet tout de même de dresser un portrait complexe du chef de gang Ellsworth Bumpy Johnson qui peut très vite devenir un fou dangereux qui n’a plus aucune compassion pour ses semblables.

Mais vient la problématique du style de Duke qui pêne à convaincre en voulant s’inscrire dans ce qui le précède il tombe dans le piège de l’esthétisme attendu. C’est en fait un film qui n’ose pas en refusant involontairement de dépasser le cadre du film hollywoodien bien fait.

Et pourtant, cette petite œuvre faite d’images possède des moments très plaisants comme les séquences de pétage de plomb de Johnson incarné par un Laurence Fishburne qui laisse tomber son sourire sympathique pour un visage tragique.

Donc, malgré l’académisme d’un tel film, il en ressort une petite flamme qui permet de prendre du plaisir suivre l’histoire et les pérégrinations des protagonistes. Mais jusqu’où s’arrête un tel plaisir ? Dans tous les cas, cette itération du mafieux magnifique n’apportera pas forcément sa brique et ce n’est pas si grave.

 

Le film est édité par Bqhl et sorti le 16 novembre 2023 en Blu-ray et DVD 


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