Réalisation : Joel Schumacher
Genre : Thriller, Polar Hard Boiled
Durée : 123 minutes
Origine : Allemagne, États Unis
Sortie : 10 Mars 1999
Restriction : Interdit au moins de 16 ans
Distribution : Nicolas Cage, Joaquin Phœnix, James Gandolfini, Peter Stormare, Chris Bauer, Myra Carter, Amy Morton…

Nicolas Cage… Même si j’éprouve beaucoup de sympathie pour le bonhomme, son jeu m’a toujours laissé perplexe. Capable du meilleur (Lord of war) comme du pire (The Wicker man, par exemple) son surjeu l’amène souvent à flirter avec la frontière du cabotinage, voir à la franchir carrément, quand bien même le réalisateur qui le dirige soit un grand nom (David Lynch, John Woo…). Donc quand un réalisateur comme Joel Schumacher, lui aussi capable du meilleur (Génération perdue, Chute libre, Phone Game) comme de l’atroce (Batman forever et Batman et Robin pour ne citer qu’eux) décide de le diriger dans un polar sans concession, au sujet assez casse-gueule, on peut s’attendre à tirer à pile ou face sur le résultat.

Coup de bol, le film qui en résulte est, à mon sens, l’un des meilleurs de leur filmographie respective.

8mm est donc un polar vraiment méchant (dans le fond plus que dans la forme, même si le film comporte son lot de passage gratinés), sec et sobre, et disposant d’un casting quatre étoiles : Nicolas Cage, donc, mais également Joaquin Phœnix (Joker, Gladiator…), James Gandolfini (Les Sopranos), Peter Stormare (Fargo, Prison Break) et même un  Norman Reedus dans un tout petit rôle.

Le film nous raconte donc l’histoire de Tom Welles, détective privé, qui se voit offrir une coquette somme d’argent par la fraîchement veuve Mme Christian pour enquêter sur un film en 8mm trouvé dans le coffre fort de son mari après sa mort. Sur le film, on voit une jeune fille se faire massacrer au couteau par un homme masqué. Mme Christian veut savoir si le film en question est une fiction ou une réalité.

Tom Welles décide donc de partir à la recherche des identités de la jeune fille et de celle de son bourreau. Pour cela, il plonge dans le monde sordide de la pornographie amatrice, hardcore, et se frotte à la légende urbaine des « snuff movies », film dans lesquels des personnes sont réellement tuées…

Ce film est un très bon polar hard boiled, passionnant et que je recommande,  bien que sa dureté n’en fasse pas un objet à mettre devant tous les yeux. En effet, bien que vraiment excellent, le film est également assez déprimant de par son nihilisme et le propos du film reste vraiment choquant. Je préfère prévenir.

En fait, plus que déprimant, le film est surtout incroyablement triste. Tout dans le film nous ramène à une certaine forme d’ordinarité pour ne pas dire médiocrité. Le message du film pourrait être : la vie est pourrie et elle va vous en faire baver.

On apprend assez vite qui sont les différents protagonistes derrière le film notamment la jeune fille, Mary Ann, et son bourreau, acteur surnommé Machine. Et bien que le monde dépeint jusque là est sinistre et glauque, une part de nous veut croire à la mise en scène, encore plus après la vision de deux prétendus snuff par Tom et Max (Joaquin Phœnix, dans le rôle d’un jeune vendeur de produits érotiques et allié de circonstances pour Tom). Les films sont extrêmement violents et montre le meurtre sauvage d’une jeune femme, jusqu’à ce que Tom remarque que la victime est toujours interprété par la même actrice. Tom et Max sont soulagés et le spectateur aussi. Si ça se trouve Mary Ann, pour laquelle on s’est beaucoup attaché au fil de l’enquête, n’est peut être qu’une actrice dans une performance…

Sauf que non, Mary Ann est bien morte. Et Tom comme le spectateur, découvre ça, en même temps que le mobile assez ignoble

par sa simplicité : M Christian était suffisamment riche pour se le permettre. C’est tout. L’homme s’est offert un meurtre. Et aucune des personnes impliquées ne risquent rien, légalement, puisqu’il n’y a plus aucune preuve.
Dans une scène assez effroyable dans le traitement, Tom appelle alors la mère de la victime et lui demande la permission de tuer les responsables restant. Pour que justice soit faite.
Et si au final, il tue le directeur de casting pervers, le réalisateur, médiocre tâcheron qui se croit le Orson Wells du porno, mais ne réalise que des films porno underground lamentable, et Machine, (qui est lui aussi affligeant de banalité sans son masque. On est loin en le découvrant de la figure quasi monolithique à la Michael Myers, vendue tout le long du film, mais on se retrouve face à un M Tout le monde, quinquagénaire, bedonnant, myope et à la calvitie naissante.) le vrai responsable derrière tout ça, M Christian, s’est éteint paisiblement et Mary Ann n’aura jamais justice. Elle ne sera qu’une victime sacrifiée et anonyme.

Dans la dernière scène Tom rejoint sa femme et la supplie de le sauver en pleurant. Mais peut elle le sauver du monde ?

 

A noter qu’il existe une suite, toute nulle et qui n’a rien à voir !

 


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