Réalisateur : Dario Argento
Année de sortie : 1977
Pays : Italie
Casting : Jessica Harper, Stefania Casini, Joan Benett, Flavio Bucci
Le cinéma est un art. Cela est peut-être un fait mais un fait semblant oublié de nos jours au vu de la qualité de certaines œuvres. L’aspect financier se voit ainsi plus souvent favorisé que l’aspect artistique dans la création d’une œuvre. Beaucoup de studios ne pensent désormais qu’aux publics à toucher sans réfléchir à comment les toucher. S’il y a des réalisateurs qui arrivent à concilier divertissement et art (la filmographie de Guillermo Del Toro) ou tout simplement à nous offrir des expériences sensitives plus que des films (Nicolas Winding Refn, le couple Hélène Cattet- Bruno Forzani), il faut reconnaitre que le septième art est désormais plus tourné vers la quête de rentabilité qu’art pur.
C’est là que l’on nous annonce un remake de « Suspiria », classique d’un Dario Argento tombé depuis dans l’humour involontaire (sa version de Dracula par exemple). Et si l’on peut être intrigué par le projet avec un casting s’annonçant intéressant, on peut légitimement se demander l’utilité de ce film.
Résumé
Suzy est une jeune étudiante américaine partie à Fribourg pour intégrer une école de danse extrêmement réputée. Elle croise en chemin une jeune femme qui finira mystérieusement assassinée. Suzy va alors se rendre compte que sa nouvelle école regorge de secrets terrifiants…
Critique
Difficile de rester de marbre lors du visionnage de « Suspiria ». Cette œuvre est en effet purement sensitive, jouant sur nos sens pour nous plonger dans son monde onirique et sanglant. Toujours aussi réussi malgré les années, le film de Dario Argento équivaut à de l’art dans sa forme la plus belle et la plus pure. Le réalisateur joue aussi sur l’architecture de son bâtiment, endroit propice à un enfer sanglant.
Donnant par ce film ses lettres de noblesse au style giallo, Argento nous convoque dans un cauchemar de couleurs. Et plus particulièrement le rouge, couleur du sang et de la passion meurtrière animant l’architecture de l’établissement. L’enfer représenté ici est baroque et suinte des murs par la lumière. N’oublions pas non plus la musique légendaire, envoûtante et électrisante du groupe Goblin. La bande originale fait bien évidemment partie intégrante de l’expérience sensorielle de « Suspiria ». Cette œuvre représente ainsi plus qu’une œuvre cinématographique mais une expérience à ressentir. Nous sommes plus dans l’œuvre d’art vivante que dans l’horreur banale que s’échinent à copier les productions de genre plus mises en avant actuellement. Loin des jump scares faisandés, « Suspiria » nous fait basculer lentement dans son ambiance terrifiante, aidé également par une mise en scène millimétrée. Argento dirige sa caméra avec précision et transforme chaque plan en tableau de maitre.
Qu’importe au final si une version modernisée verra le jour sous peu. Si vous considérez le cinéma comme un art à part entière, plongez-vous tout de suite dans « Suspiria ». L’enfer d’Argento vaut tellement le coup de s’y abandonner…