Pays : Nouvelle-Zélande
Année : 2015
Casting : Taika Waititi,Jemaine Clements, Jonathan Brugh,…

À l’occasion de la sortie de « Thor Ragnarok » cette semaine, revenons sur l’un des films précédents de son réalisateur (ici coréalisateur avec Jemaine « Men in Black 3 » Clements) : « Vampires en toute intimité » (ou « What we do in the shadows » en version originale).

Une équipe de caméramen suit, pour un documentaire, des vampires vivant en collocation. Un jour, l’un d’entre eux transforme une victime en un des leurs.

Le format du documenteur s’est adapté à divers genres au fur et à mesure des années. Sa frontière entre réalité et fiction a permis à diverses personnes talentueuses de s’illustrer tout en traitant des sujets variés. Dans la production francophone, le premier exemple qui vient en tête est « C’est arrivé près de chez vous », détournement du format de l’émission Strip tease pour s’interroger sur l’aspect pervers de la mise en scène (nous étions revenus dessus sur le site il y a quelques mois). Ici,Clements et Waititi usent de cette forme afin d’illustrer avec humour les mésaventures au quotidien d’un groupe de vampires Néo-Zélandais ou Français selon la version que vous regarderez (on y reviendra plus tard).

Clements et Waititi jouent des codes entourant le mythe des vampires en les replaçant dans une forme de réalisme créant un décalage souvent hilarant. Il suffit de voir le comportement de nos héros et leurs problèmes pour s’attacher à eux. Le metteur en scène profite du format pour crédibiliser les événements, avec un dosage réussi d’effets spéciaux pour ne pas tomber dans la débauche gratuite (aussi explicable par un budget assez réduit). Cela confère même par instants un aspect horrifique à certaines scènes (la longue poursuite) là où l’ambiance est surtout comique. Clements et Waititi arrivent en cela à orchestrer ses gags avec une malice non feinte. On le sent s’amuser à écrire la rencontre entre les vampires et une bande de loups-garous (« We are Werewolves, not Swear Wolves !»), ou gérer le flot de sang d’une victime directement atteinte à l’artère centrale. En cela, la manière dont il se réapproprie le documenteur amène à une écriture assez subtile, notamment au vu des personnalités différentes de nos héros.

Selon la version du film que vous regarderez (originale ou francophone), le nom de ces derniers va varier. En effet, le duo comique Nicolas et Bruno a été engagé pour assurer son doublage français. Mais au lieu d’une simple traduction des blagues, les humoristes ont recontextualisé le long-métrage dans un humour tout aussi « OVNIesque », que ce soit par un décalage dans les voix engagées (Fred Testot, Alexandre Astier, Bruno Salomone, Zabou Breitman) ou bien dans leurs quelques « ajouts » (Wellington qui devient Limoges). Cela se rapproche en partie du travail qu’avait fourni Alain Chabat sur « Wayne’s World » afin de conserver le style des gags de Mike Myers et Dana Carvey dans la traduction française. De quoi pousser à voir le film dans ses deux versions afin d’apprécier ses tonalités différentes.

« Vampires en toute intimité » est donc un petit bijou d’humour, un bon film de vampires pour fêter Halloween avec hémoglobine et rires. Cela a dû en tout cas faire plaisir à un autre grand réalisateur Néo-Zélandais partageant la même inventivité cinématographique, allié dans ses premières oeuvres aux mêmes plaisanteries sanguinolentes…


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