Elle est un thriller franco-allemand réalisé par Paul Verhoeven (Black Book, Robocop, Basinc Instinct) et sorti dans nos salles le 25 Mai 2016. Nous y retrouvons notamment Isabelle Huppert (Avenir, Amour, Madame Bovary, La religieuse), Laurent Lafitte (Papa ou Maman, Elle l’adore, L’art de la fugue, De l’autre côté du périph), Anne Cosigny (La Première Etoile, Bambou, La série Les Revenants), Charles Berling (Tu es mon fils, L’enquête, Beyrouth Hotel, Les Murs Porteurs) ou encore Virginie Efira (Un Homme à la hauteur, Le Goût des merveilles, 20 ans d’écart, Cookie). Ce film est l’adaptation du roman Oh… (au titre évocateur) de Philippe Djian. Mais que vaut réellement le dernier Verhoeven ?
De quoi parle Elle ?
Nous suivons l’histoire de Michelle. Michelle est une femme, dirigeante d’une entreprise de création de jeux-vidéos, qui semble autoritaire, froide, voire indifférente à tout. Mais Michelle, un soir, va se faire agresser chez elle, par un inconnu masqué. Mais elle va décider de ne pas porter plainte pour ce viol, préférant traquer elle-même son agresseur. Un jeu malsain va alors se créer entre Michelle et son agresseur, dont on tente de deviner l’identité.
Bon, rien qu’en lisant le résumé, vous le voyez : le sujet est dur. Le viol, ce n’est jamais facile de le mettre en scène, au cinéma. En général, ça en fait des films larmoyants, dramatiques au possible. Et c’est bien normal, car c’est une abomination. Comment ne pas faire un film dramatique sur le viol ? Ben, tout simplement en mêlant le génie littéraire de Philippe Djian au génie cinématographique de Paul Verhoeven. Ce mélange tordu donne un film violent, au suspense haletant, mais surtout au sexe omniprésent. Et justement, ce sexe omniprésent est mêlé à une violence insoutenable. Dès le début du film, les premières minutes, c’est du sexe violent. On ne voit pas tout, certes, mais parfois, le pire est ce que l’on ne voit pas. Le sexe est omniprésent tout le film, en particulier cette première scène d’une violence visuelle impressionnante. Nous retrouvons cette scène à plusieurs reprises, avec quelques modifications. Ce qui est d’ailleurs bien trouvé ! En effet, ces modifications du premier viol (modifications dans les pensées de Michelle) font penser à un jeu-vidéo : on revit la scène, on la modifie. Beaucoup de sexe, nécessaire, et violent.
Alors, je précise, on ne passe pas 2h à traquer le violeur. Isabelle Huppert non plus d’ailleurs. Elle se demande qui ça peut être, elle prend des mesures pour savoir qui c’est, pour se protéger. Mais elle ne passe pas deux heures à faire une enquête, à le traquer. Néanmoins, la question de l’identité du violeur vous hantera jusqu’à ce que l’on découvre qui il est. Certes, Verhoeven met sur des pistes, plus ou moins crédibles. Mais on est torturé. Personnellement, j’ai imaginé le pire quant à l’identité du violeur. Et lorsqu’on sait qui c’est, on est à la fois dégoûté et soulagé. Dégoûté par son geste. Soulagé parce que enfin, on sait qui c’est. Il faut dire que tous les ingrédients sont là : Michelle a eu une vie atypique, avec des relations spéciales avec sa famille (son père, sa mère, son fils, sa belle-fille, son ex-mari, …). Un suspense haletant, en tout cas pour moi. Au niveau des acteurs, Isabelle Huppert a tout à fait sa place. Elle montre qu’elle peut tout jouer, avec un naturel impressionnant. Elle est je trouve l’une de nos meilleures actrices (en tout cas dans cette tranche d’âge). Et les autres acteurs ne sont pas en reste : ils sont géniaux également. Pas de fausses notes.
En somme, ce nouveau Verhoeven est une perle cinématographique. Ce film est juste splendide : des acteurs de haut niveau, une histoire horriblement sublime, bref, la perfection incarnée. De toute façon, faites vous votre avis : vous pouvez soit être purement comblés, soit détester ce film, il n’y a pas de juste milieu pour le dernier Verhoeven.