Année : 2016

Pays : USA

Réalisateur : Travis Knight

Acteurs : Art Parkinson, Charlize Theron, Mathew McConaughey, Rooney Mara, Ralph Fiennes

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L’une des critiques que l’on peut souvent adresser aux grosses productions cinématographiques actuelles est de manquer de sincérité. Cela est malheureusement compréhensible : le cinéma est un marché économique et il est souvent (toujours ?) plus important pour un gros studio de chercher la rentabilité à la place de la qualité, quitte à produire de manière purement industrielle suites, reboots et autres productions inutiles et boursouflées, perdant en cœur ce qu’elles gagnent en attrait économique. Se faire une place sur l’échiquier cinématographique mondial est donc extrêmement compliqué, à moins de se démarquer du restant des productions. C’est exactement ce que font les studios Laika qui, comme les studios britanniques Aardman (derrière les « Wallace et Gromit », notamment), par le biais d’une animation image par image améliorée de manière subtile par l’animation numérique, permet un mélange de style particulier et poétique. De plus, ce studio se permet de se différencier d’autres spécialistes dans le domaine par des récits prenant à corps des sujets tous publics mais parfois peu ou pas vus sur grand écran.  Et cette fois-ci, c’est au tour de « Kubo et l’armure magique » de sortir de la boîte à talents Laika pour nous cueillir.

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Dans ce récit, nous suivons le jeune Kubo qui doit partir en quête d’une armure magique afin d’affronter ses Tantes et son Grand Père, avec l’aide de Singe, créature terre à terre, et Beetle, samouraï maudit et amnésique.

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Partant de la construction du monomythe Campbellien comme tant d’autres avant lui (par exemple Georges Lucas ou encore Christopher Nolan), Knight nous tisse un récit d’aventures réjouissant et épique, que ce soit par le biais d’affrontements face à des adversaires tels qu’un squelette géant qu’admirerait Ray Harryhausen, deux Tantes semblant sortir d’un film d’horreur asiatique ou le Grand-Père. Porté par des personnages attachants, « Kubo et l’armure magique » nous émerveille, bien aidé également par une animation à décrocher la mâchoire. « Ne clignez pas des yeux », nous prévient le garçon dès le début du film. Une phrase bien inutile à prononcer au vu du spectacle proposé, apte à réveiller l’enfant qui sommeille en chacun d’entre nous.

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Mais plus encore, « Kubo » est émouvant et a du cœur. Que ce soit lors de scènes à la beauté désarmante (l’histoire de la rencontre des parents) ou un traitement de personnages osant aller dans du drame pur, le film regorge de moments marquants. Mais plus encore, il nous émeut par son histoire familiale tragique se terminant par le pardon et l’acceptation, là où des centaines d’autres œuvres se seraient tournées vers la vengeance simple sans autre réflexion derrière. On peut également y voir une œuvre assumant l’importance de la culture, Kubo étant un conteur d’histoire qui affrontera son ennemi non pas avec violence mais avec la force des morts et cet amour de l’art, art qui permet aux personnes de survivre indéfiniment et d’apprendre à toutes les générations les erreurs à ne pas commettre dans son existence, sous peine de regrets et de chagrins.

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Alors que nous sommes à une époque où l’on peut balancer du racisme, de l’homophobie et de la transphobie dans une comédie familiale, où il devient normal de voir des gens se faire harceler dans des émissions débilisantes, où un film se voit inattaquable de par le décès d’un de ses acteurs tout en jouant sur ledit décès pour attirer du monde, où critiquer des personnes intolérantes peut nous valoir le fait d’être menacé par n’importe qui et où l’on permet à des gens rétrogrades de s’exprimer au risque de nous faire connaître à nouveau des heures très sombres de notre histoire, « Kubo et l’armure magique » est une bénédiction, un VRAI film pour petits et grands qui vaut la peine d’être admiré sur grand écran avec des yeux émerveillés d’enfant en quête de poésie et de beauté. Un tel message de paix, de pardon, d’amour pour l’art et pour les gens en général est et restera toujours indispensable, pour nous et les générations futures.

5-sur-5


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Liam Debruel
Amoureux du cinéma. À la recherche de films de qualités en tout genre,qu'importe la catégorie dans laquelle il faut le ranger. Le cinéma est selon moi un art qui peut changer notre vision du monde ou du moins nous faire voyager quelques heures. Fan notamment de JJ Abrams,Christopher Nolan, Edgar Wright,Fabrice Du Welz,Denis Villeneuve, Steven Spielberg,Alfred Hitchcock,Pascal Laugier, Brad Bird ,Guillermo Del Toro, Tim Burton,Quentin Tarantino et Alexandre Bustillo et julien Maury notamment.Écrit aussi pour les sites Church of nowhere et Le quotidien du cinéma. Je m'occupe également des Sinistres Purges où j'essaie d'aborder avec humour un film que je trouve personnellement mauvais tout en essayant de rester le plus objectif possible :)

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