Créateur et réalisateur : Mike Flanagan et Michael Fimognari
Genre : Horreur, drame
Durée : 8 épisodes de 57 à 77 min
Date de sortie : 12 Octobre 2023 sur Netflix
Origine : États Unis
Distribution : Bruce Greenwood, Carla Gugino, Mary Mc Donnell, Henry Thomas, Kate Siegel, Rahul Kohli, Kyliegh Curran, Carl Lumby, Mark Hamill…
Mike Flanagan nous régale. A l’heure actuelle, dans le monde des séries, il fait partie des rares réalisateurs qui peuvent vendre une série sur leur simple nom. D’autant qu’il œuvre dans le genre horrifique, genre assez surchargé, mais aux qualités diverses. Rassurons nous, après sa nouvelle adaptation d’Hantise de Shirley Jackson avec The Haunting of Hill House, sa relecture du Tour d’écrou d’Henry James avec The Haunting of Bly Manor, ( deux œuvres déjà adaptées pour le cinéma et offrant au passage deux chefs d’œuvre à savoir La maison du diable et Les innocents), sa création Sermons de minuits qui, bien qu’originale, lorgnait clairement vers les œuvres de Stephen King, et qui furent toutes d’incroyables réussites, le sieur Flanagan se penche maintenant sur les écrits du génial poète gothique Edgar Allan Poe, pour nous offrir se vision de La chute de la maison Usher. Est elle au niveau de ses œuvres précédentes ?
Aucun suspens : oui. Mille fois oui. Pour être honnête, elle les surclasse même.
L’histoire nous présente donc Roderick Usher, milliardaire à la tête d’un empire pharmaceutique, qui fait venir un soir le procureur Auguste Dupin, homme avec qui il partage un passé tumultueux, et qui a jurer d’avoir sa tête, dans son manoir qui tombe en ruine, afin de lui raconter les événements de sa vie qui ont mené à la mort de ses six enfants dans les deux semaines précédentes…
Je vais m’arrêter là, pour l’histoire, ne tenant pas à vous spoiler. La série est une mini série, en huit épisodes et elle vaut clairement huit heures de votre temps. Elle est incroyablement intelligente dans son écriture et sa mise en scène. Mais là où elle se démarque c’est dans la caractérisation des personnages. Parce que globalement, à une ou deux exceptions près, tous les personnages que nous suivons sont de gros enfoirés. Et pourtant on s’y attache grâce à une direction d’acteur et un jeu tout bonnement impeccable. Second rôle comme premier rôle, tous joue à la perfection.
Pour se faire, Mike Flanagan s’est entouré de ses acteurs fétiches (oui, a priori, tourner avec Flanagan est un réel plaisir, d’après les diverses interviews que j’ai pu lire, ce qui ne change pas grand-chose, mai rajoute du capital sympathie au bonhomme) Henry Thomas (E.T), Carla Gugino (Spy Kids) et Kate Siegel (Pas un bruit) en tête, mais la quasi intégralité du casting avait déjà tourné avec Flanagan.
Il se paie même le luxe d’offrir un petit rôle à Nicholas Lea (Alex Krycek dans X files) et surtout, surtout il s’offre les services de l’immense Mark Hamill, dans un rôle à contre emploi, et qui est tout bonnement sublime. Peut-être tient il là, dans ce rôle d’avocat homme de main, l’un de ses meilleurs rôles, et vu la complicité qu’on ressent, j’avoue que je serais ravi de le voir devenir l’un des réguliers de la famille Flanagan.
Pour ce faire je vais juste vous donner un exemple de caractérisation. Le personnage de Mark Hamill, Arthur Pym, est donc l’avocat de la famille Usher. Il est extrêmement dangereux, mais rien dans son attitude ne le laisse paraître : calme, n’haussant jamais le ton, aimable, poli… et pourtant on ressent la dangerosité du personnage, juste par d’habile dialogue, notamment un entre Roderick Usher et Auguste Dupin. Pour recontextualisé un peu et sans spoiler, on apprend assez tôt que Roderick et sa sœur Madeline, sont tourmentés par une femme, Verna, et qui pourrait être à l’origine des morts qui les frappent.
Roderick dit donc à Auguste qu’il a envoyé son homme de main pour la chercher. Auguste lui demande alors s’il l’a trouvé. Roderick lui répond ceci :
- Quand nous avons voulu la chercher, nous n’avons pas envoyé la CIA. Nous n’avons pas envoyé un espion, ni un détective privé. Nous avons envoyé Arthur Gordon Pym… Bien sûr qu’il l’a trouvé.
Ce petit dialogue anodin, se révèle être assez glaçant, mais caractérise le personnage, bien plus efficacement que n’importe quelle scène d’exposition. Et croyez le ou non : TOUS les personnages ont le droit au même traitement.
On dit que le diable se cache dans les détails, La chute de la maison Usher est totalement diabolique.
On comprend assez rapidement que la femme qui les poursuit, Verna (joli anagramme de Raven) est en fait une entité démoniaque. Mais pas nécessairement malfaisante. Les vrais méchants de l’histoire sont bel et bien Madeline et surtout Roderick, qui ont sciemment passé un pacte avec elle en sachant ce que cela impliquait, à savoir la mort des héritiers Usher. Tous. Même la plus innocente. Mais Verna, elle ne fait que récupérer son dû et offre toujours une alternative douce aux morts extrêmement violente que subissent les héritiers. Alternative qu’ils ne choisissent jamais. A ce titre, la mort de Tammy est absolument magnifique dans sa réalisation, avec un somptueux effet de ralenti sur du verre brisé, rappelant le meilleur du bailli de la grande époque.
Si la série s’adresse à tout le monde, les amateurs de Poe auront le droit à énormément de clin d’œil, à commencer par les titres des épisodes qui correspondent tous à des écrits de Poe, et aux noms des victimes. Si vous êtes un aficionado, vous pouvez deviner quel sera tel ou tel destins. Cependant, la série aime aussi jouer sur les faux semblants, offrants de rafraîchissantes surprises.
Bref, je ne saurais trop vous conseiller cette série, absolument excellente, et comme Mike Flanagan à l’air d’adorer adapté les écrits horrifiques américains, je croise les doigts pour qu’il se penche sur ceux de Lovecraft. En tout cas pour moi, série de l’année.