Pays : Australie
Année : 1984
Casting : Bill Kerr, Judy Morris, Gregory Harrisson, …
Genre : Horreur
Quand Carlotta ressort le film culte de Russell Mulcahy, autant dire qu’on est pris par les sentiments…
Une petite ville voit sa violence mise en lumière quand elle est attaquée par un sanglier géant, le Razorback.
Russell Mulcahy est une anomalie dans le domaine de la mise en scène tant sa filmographie part dans tous les sens. C’est sa réalisation qui est dès lors l’énorme atout du film, faisant exploser son récit dans des images au potentiel graphique plus qu’accompli. Il y a quelque chose de brillant et déliquescent qui se retrouve dans la réalisation, comme si elle accumulait sans honte les recherches visuelles les plus éloquentes pour en rajouter dans l’atmosphère du récit.
Car Razorback est une histoire de violence et sa créature n’en est pas la responsable mais le symptôme de celle-ci. Se nourrissant au cœur d’habitants à la vulgarité crasse, cette agressivité destructrice est centrale dans les actions du film et au cœur de la catastrophe monstrueuse qui se répand dans la région. Elle apporte au métrage une sensation d’évanouissement moral, de capharnaüm émotionnel que Mulcahy arrive à capter avec panache.
Dès lors, l’ambiance surréaliste qui suinte tout au long de Razorback est des plus cohérentes, le mouvement étant au départ l’une des conséquences des horreurs de la première guerre mondiale. Tout est fait pour se sentir dans une forme d’onirisme cauchemardesque, une perte de repères qui rend la créature éponyme plus effrayante encore. Comme dans tout bon film de monstre, ce dernier est symbole d’une société en proie aux maux qui la rongent et sans qu’aucun effort ne soit fait pour tenter de la sauver.
L’édition fournie par Carlotta capte au mieux techniquement la sur-esthétisation caractérisant le film. Le disque comporte plusieurs suppléments tels qu’un commentaire audio de Russell Mulcahy et Shayne Armstrong, une discussion sur le film entre critiques, un documentaire sur la genèse du film, des scènes coupées ainsi que la version Uncut du film transférée directement depuis la VHS 4/3 australienne.
Cette nouvelle édition est donc l’occasion de se relancer dans une œuvre culte de l’Ozploitation au style surréel prêt à marquer durablement les pensées de toute personnes qui s’y lancent. Car « Razorback » mérite sa réputation élogieuse d’œuvre unique visuellement et le revoir dans cette restauration 4K nous prodigue un plaisir non feint…