Date de sortie: 29 septembre 2017 sur Netflix (1h 43min)
De Mike Flanagan
Avec Carla Gugino, Bruce Greenwood, Carel Struycken,…
Compositeur: The Newton Brothers
Genres: Drame, Thriller, Horreur
Nationalité: Américaine

 

 Jessie, une excellente pub contre le Viagra.

 

2017 fut une sacrée année pour les adaptations de Stephen King, tout du moins en termes de quantité plutôt que de qualité ; le remake télévisuel de The Mist reçut un accueil très mitigé, la presse et les spectateurs n’eurent guère d’intérêt pour une Tour Sombre qui se rêvait initiatrice de franchise mais au final plutôt loupée. Et personne ne vit vraiment la série Mr Mercedes.
Pour sauver la mise, Ça est devenu l’un des films d’horreur les plus rentables (et acclamés) de l’Histoire.
A l’heure qu’il est, ses fans en attendent impatiemment le Chapitre 2, prévu pour septembre 2019.

Un gros succès qui, ironiquement, fit de l’ombre à une autre adaptation automnale plutôt réussie d’un roman du King : Jessie.

Jessie ( Carla Gugino) et Gerald ( Bruce Greenwood) forment un vieux couple espérant pimenter leur vie sexuelle en se laissant tenter par un week-end coquin à la campagne, en maison isolée.
L’idée de Gerald: menotter Jessie aux montants du lit pour se livrer, tous deux, à un jeu de rôle passionnel.
Cependant, les ébats deviennent rapidement trop brutaux et Gerald succombe à une crise cardiaque, laissant son épouse fermement attachée au lit.
Jessie doit alors user de son instinct de survie pour se sortir de ce mauvais pas tout en luttant contre son propre esprit, qui s’effrite sous le poids de la panique et de la fatigue.

Souvent, Un seul élément permet de rehausser l’intérêt d’une intrigue tirée par les cheveux et de la rendre immersive : un pied solidement ancré dans le sol, dans la réalité. Une capacité à poser et à répondre à cette question :

« Que feriez-vous dans pareille situation ? »

En 2016, 10 Cloverfield Lane et Pas un Bruit maîtrisaient déjà cet aspect via d’ingénieuses femmes (ou cheatées, selon le point de vue) refusant de tomber en mode victime face à des situations terrifiantes, lorgnant vers le fantastique. Une tendance atteignant d’ailleurs la consécration cette année avec l’excellent Sans Un Bruit, mais ne nous égarons pas.

Car c’est plutôt l’ADN de l’horrifique home invasion Pas un Bruit que contient Jessie, fait peu surprenant quand on sait qu’ils sont tous deux réalisés par Mike Flanagan, qui montre une nouvelle fois une aptitude hitchcockienne à extraire tout le suspense d’un cauchemar à huis clos (attendez de voir ce qu’il fait d’un verre d’eau juste posé là, de manière anodine).

En effet, un splendide sens de l’imprévisibilité parcourt ce Jessie alors que Flanagan a dû rencontrer certaines difficultés à convertir un postulat de base minimaliste en une œuvre de 105 minutes.

Pourtant, il y a ici bien plus qu’une histoire de survie en jeu et quand les premières minutes de séquestration se transforment en heures, la peur de Jessie prend vie ; elle entre en conversation de plus en plus déséquilibrée avec (notamment) elle-même et nous en apprenons davantage sur son obscur passé via quelques flashbacks.

 

 « I have a dream… »

 

Le don qu’à Stephen King pour manipuler lignes du temps et perspectives peut s’avérer épineux pour les téméraires adaptant son œuvre mais dans l’ensemble, Flanagan et son scénariste attitré Jeff Howard ont fourni du bon boulot, tissant ensemble l’étoffe du personnage principal avec intérêt sans briser le rythme du récit conté.

Jessie est aussi une belle vitrine pour Carla Gugino, totalement sous-exploitée dans le showbusiness. Elle aborde ce rôle périlleux avec brio, malgré les restrictions de mouvement (jouer sans se mouvoir, c’est jouer sans aucun artifice et se mettre à nu).
C’est également une intrigue recélant un percutant sous-texte sur la maltraitance sexuelle, le long-métrage nous offrant par ce biais plus d’humanité que la majorité des films d’horreur actuellement régurgités par l’industrie.

En outre, Les fans du genre seront également satisfaits de la présence d’une scène gore dans le troisième acte.
Détournement de regard assuré…

Néanmoins, c’est aussi vers sa conclusion que l’adaptation de la page à l’écran se révèle un poil plus forcée : une nouvelle phase d’exposition fait irruption dans une œuvre qui semble prier pour qu’on lui mette un terme ; une narration en voix-off qui fait quitter au récit ses rails dorés le temps d’une fin qui  paraît beaucoup plus propice au support papier qu’à l’écran, toute notion de fidélité mise à part.

Cependant, aussi maladroite que cette séquence finale puisse paraître, Flanagan et Gugino bossent dur pour nous la livrer et il y a dans cet écrin brouillon un message vital à propos de la Femme ripostant contre la manifestation d’une virilité extrême et toxique, une thématique qui donne au film une voix très actuelle, stridente mais nécessaire.

 

Bah oui Gégé, quelle idée aussi!

 

En tout cas, avec la série Castle Rock et le Chapitre 2 de Ça en pleine production, l’obsession qu’a Hollywood pour Stephen King ne faiblit pas.
Et si Jessie ne jouit pas d’un atterrissage parfait, le long-métrage suggère, qu’adaptée avec justesse, l’œuvre de King perdurera sans problème sur nos écrans.
Personnellement, nous aurions pourtant préféré découvrir ce thriller en salles plutôt que sur Netflix, histoire de laisser éclater le talent de Carla Gugino au grand jour en lieu et place d’une sortie trop discrète en streaming.

Un éternel débat.

 


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Chris
Cinéphile dans la trentaine, élevé au Spielberg depuis mon plus jeune âge, je suis donc fan du Maître que j'ai d'ailleurs pu rencontrer en 2011. J'adorais aussi Tim Burton avant qu'il ne tombe dans la marmite à CGI et suis un grand admirateur de Christopher Nolan et de Martin Scorsese. Toujours avide de bonne surprises quels qu'en soient le budget et l'envergure, je suis chasseur de grands films et apprécie toujours recevoir de bons conseils en ciné/série autant qu'en donner. Mes 3 films préférés sont Edward Scissorhands, Le Seigneur des Anneaux et E.T. Mes séries favorites sont Batman La Série Animée, Breaking Bad et Lost.

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