Réalisation : Xavier Gens
Origine : France
Genre : Horreur
Date de sortie : 5 Juin 2024 sur Netflix
Durée : 101 minutes
Distribution : Bérénice Bejo, Nassim Lyes, Léa Léviant, Anne Marivin…

 

L’amer qu’on voit danser…

Bon… En ce moment, le film Sous la Seine est un peu sous le feu des projecteurs, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est clivant.

Si, majoritairement, le film semble être une catastrophe absolue, certains y voient un bon, voir un excellent divertissement.

Soyons honnête d’entrée de jeu : le film n’est ni l’un, ni l’autre.

Non, clairement, ce film n’est pas le pire film du monde, et il est (très) loin d’être le pire film de requin. Par contre, désolé, mais ce n’est pas non plus un bon film. Pour être franc, en l’état c’est même un mauvais film…

Et ça m’ennuie car le film avait du potentiel, et aurait pu (dû ?) être effectivement un excellent divertissement. Pour cela, parmi sa pléthore de défauts, il n’avait à en corriger qu’un seul : le film se prend beaucoup, beaucoup, BEAUCOUP trop au sérieux.

Et du coup se retrouve malheureusement le cul entre deux chaises, entre son pitch et son traitement.

 

Gang de requins…

L’histoire est sommes toutes, très simple : un requin mutant se retrouve dans la Seine. Une océanographe qui l’a déjà affronté par le passé, s’allie avec la brigade fluviale de Paris pour l’empêcher de nuire. Mais le requin du fait de ses mutations peut maintenant se reproduire tout seul, et il ne va pas se priver. En parallèle de ça, la Seine n’a jamais été autant fréquenté car elle doit accueillir un triathlon en ouverture des JO…

On est bien d’accord qu’un script pareil, traité avec sérieux est annonciateur d’un certain cassage de gueule. Parce que le fait est qu’à vouloir tout expliquer par le prisme scientifique et avec un sérieux imperturbable fait d’autant plus ressortir les incohérences (je dirais même aberrations) du scénario. Chaque petit défaut est ainsi amplifié par ce soucis de ne pas vouloir mettre un peu de dérision ou de second degré. Je ne dis pas qu’il faut être cynique ou ne pas croire en son projet. Mais il faut aussi prendre conscience des limites d’un scénario bancal.

J’ai vu beaucoup de critiques qui reprochaient les invraisemblances scientifiques du film, surtout par rapport aux requins. On s’en fout, c’est nul, clairement on ne va pas voir un film avec un requin dans la Seine pour la cohérence. Cependant, le film voulant à tout pris tout rationaliser, tend quand même un peu le bâton pour se faire battre, et à vouloir à tout pris rendre son film scientifiquement tangible, Xavier Gens (pas le meilleur, ni le pire réalisateur français) détruit toute suspension consentie de l’incrédulité.

 

Les dents de la maire

Bon, ici je vais entrer plus en détails sur ce qui ne fonctionne pas avec ce film. Autant dire que ça va spoiler sévèrement. Si vous voulez le découvrir, je vous invite donc à sauter le paragraphe et à revenir à la conclusion.

Bon… Premier point, le film est un ramassis de clichés. C’est bien simple, ils y sont tous. Par les personnages, les situations… Mais cela n’aurait pas été grave, si cela avait été détourné, mais le film reste tristement premier degré, du moins jusqu’à son dernier quart.

Ensuite le film va partout, mais n’arrive nulle part. On sent qu’il s’égare en cours de route.

Par exemple, le film semble vouloir avoir une morale écologique, on parle quand même du 7ème continent, de pollution, de mutation… Mais les écolos dans le film se résume à un troupeau de fanatiques qui donnent limite envie de jeter des sacs plastiques dans l’océan.

C’est d’ailleurs un semi twist, mais la jeune militante écologiste qu’on pensait être l’héroïne se fait bouffer bien vite. Sauf que son attitude nous donne envie de la voir crever. Du coup sa mort est moins une surprise que du soulagement.

Ensuite le film force beaucoup pour que des personnes arrivent à se faire bouffer. Du coup, on apprend que la première victime est un accidenté de la route qui est tombé la veille en voiture dans la Seine (mais dont le corps n’a JAMAIS été retrouvé. Et à priori la voiture non plus, puisqu’elle est toujours sous l’eau avec des impacts de morsures sur les portières sans que ça choque…), ensuite un SDF, on ne sait pas comment (je doute qu’il est été se baigner) puis la première scène d’hécatombe. Alors là, on a le bon vieux truc de la panique, les gens se poussent, tombent à l’eau, ne peuvent plus en sortir… sauf que cette scène fonctionne quand les gens essaient de sortir de l’eau. Mais là, ils sont déjà hors de l’eau. Le requin ne va pas venir les chercher. Et on parle de militants qui connaissent un peu la flore sous marine…

Je vous passe les dialogues pas terribles, le jeu d’acteur oscillant entre le bon et le médiocre et d’autre absurdité comme l’ordi portable de l’héroïne qu’elle n’a pas ouvert depuis trois ans mais dont la batterie est comme neuve, ou le fameux « poursuivons le requin à la nage ».

Les effets spéciaux globalement sont équivalents à ceux de Peur Bleue. Soit un film sortit il y a 25 ans, donc ça alterne entre le moche et le correct…

Et nous allons donc attaquer le gros morceau : la fin du film.

Donc, comme nous ne sommes pas à un cliché près, la maire de Paris est une conne qui ne veut certainement pas annuler les épreuves de natation pour cause de requin. Pour deux choses : premièrement, le triathlon c’est un projet d’un millards et sept cent millions d’euros, avec des journalistes du mondes entiers et deuxièmement, grâce à des turbines (je crois, j’ai pas trop compris, bref) l’eau de la Seine est maintenant belle, claire et pure.

Requin vs Poulpe

 

Soyons honnête, la fête à un milliard pour l’ouverture des JO ressemble à une kermesse pour la foire au boudin de La Chapelle Pouilloux (sérieusement, y a peut être cent figurants peu motivés, une fanfare de dix musiciens et c’est tout) et surtout, pendant tout le film on a vu l’eau de la Seine : elle est degueulasse.

Toujours est-il qu’avec un habile fusil de Tchekhov, on a appris que la Seine, non contente d’être peuplée de requin est également tapissée d’obus de la seconde guerre mondiale.

1 milliard bien investi

Je passe les détails mais globalement pour essayer de buter les requins qui croquent les baigneurs, la garde nationale tire dessus au fusil d’assaut, et si elle rate des cibles de huit mètres, par contre, des trucs de cinquante centimètres à tout casser, elle les shoot allègrement.

Du coup, les obus explosent, détruisant les ponts de Paris (mais attention pas les fondations, ce sont les gerbes d’eau qui explosent les ponts en leur milieu. Ils doivent être en papier crépon) et créant même un tsunami. On parle de quoi ? Une petite centaine d’obus, même pas, pas de bombe atomique. Bref, le tsunami réussi l’exploit de plonger Paris sous les eaux de la Seine (la Seine, pas l’océan. Y a pas eu de montée des eaux ni rien), peuplée de requins féroces…

 

Et c’est là, que le bas blesse. Si le film avait totalement assumé son propos et avait été à fond dans le délire, ça aurai été vraiment fun. Mais là, à force de nous la jouer plus intelligent que tout le monde et en se prenant à se point au sérieux, ben, fatalement on note les incohérences. Le film aurait pu être con et fun, à l’instar du Piranha d’Alexandre Aja. Il est juste frustrant et chiant…

Conclusion en queue de poisson

Sous la Seine est vraiment dommage. C’est un film qui rate tout ce qu’il entreprend par manque de folie. Un petit peu d’humour, un peu plus de gore (le film est très sage), assumer son propos et avoir conscience des limites du scénario aurait pu donner un film vraiment sympa. C’est d’autant plus dommage que certaines scènes sont incroyablement bien réalisées (la scène à l’hôpital par exemple) et que les forces en présence sont talentueuses.

En l’état reste un film raté, trop pompeux et prétentieux pour être sympathique.

 


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