Date de sortie : 1946 (1h21)
Réalisateur : Arthur Ripley
Casting : Robert Cummings, Michele Morgan, Steve Cochran, …
Genre : Drame, policier
Nationalité : États-Unis
Synopsis: Ancien soldat, Chuck Scott (Robert Cummings) se fait engager comme chauffeur par Eddie Roman (Steve Cochran), le chef d’une bande de malfrats. Séduit par Lorna, la femme d’Eddie, il décide de fuir avec elle. Alors qu’Eddie a mis des tueurs à leurs trousses, Chuck est accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis. La police se met alors, elle aussi, à traquer Chuck et Lorna. …
Critique : Si les codes du film noir sont inscrits de manière reconnaissable pour toute personne aimant le cinéma (et ce même sans nécessairement disposer d’une grande expérience en la matière), il suffit comme toujours d’une simple pichenette pour que ceux-ci se bousculent de manière nouvelle. C’est clairement le cas avec cette « Évadée », sorti depuis peu en DVD chez Artus. Le film d’Arthur Ripley amène ainsi rapidement une forme de tension autre, comme une sensation que l’on ne voudrait qualifier sous peine d’influencer le regard vierge de tout à priori sur le long-métrage. Mais soyez bien rassurés : cet inconfort de reconnaissance est somme toute des plus galvanisants par ce qui se profile au fur et à mesure que la narration avance.
Cela passe par quelques fulgurances visuelles, telle cette mort où une bouteille de vin renversée préfigure une mort que l’on imagine violente. Il se dresse également une perte de repères qui aide au développement de l’empathie avec Robert Cummings. Ce dernier est à l’image de la mise en scène, préférant une robustesse dans l’appui au récit que trop ressortir au risque de nuire à l’intrigue. Il se crée ainsi une solidité globale qui conforte la bonne opinion avec laquelle nous ressortons du long-métrage. Un coup d’œil sur certains sites spécialisés permet de constater de nombreux retours confus mais cela nous semble justement important dans ce que semble développer le long-métrage.
Fourni dans une bonne édition chez Artus, « L’évadée » se révèle autant récit de fuite que de perte, et ce en de multiples sens. Jouant avec les attentes de manière intéressante, le film d’Arthur Ripley est une intrigante découverte qui peut laisser perplexe par moments mais dont les multiples circonvolutions offrent une expérience narrative des plus réussies. On peut même ressentir l’influence que cette « Évadée » a pu avoir sur certains titres plus connus d’un grand public. Espérons alors que ce dernier saura profiter de cette édition pour mieux inscrire le film dans les mémoires.